29/01/2024

Temps de lecture : 3 min

4 conseils de Matthieu de Lesseux  (La Belle Forêt) pour déceler les crédits carbone de qualité et éviter tout greenwashing

(contenu abonné) Le marché de la contribution carbone est encore jeune, technique, diversifié, parfois globalisé et pas toujours très régulé. Et, hasard...

(contenu abonné) Le marché de la contribution carbone est encore jeune, technique, diversifié, parfois globalisé et pas toujours très régulé. Et, hasard ou coïncidence, il est parfois soumis à des critiques dont certaines d’entre elles sont bien entendu justifiées. 

Pourquoi ? Parce que, comme dans tous les secteurs économiques, a fortiori naissants, il y a de bons et de mauvais intervenants, de bons produits et d’autres très perfectibles, des gens honnêtes et d’autres qui le sont moins, des entreprises sérieuses et d’autres qui bricolent. 
 
Pourquoi ? Parce que tous les crédits carbone ne se valent pas. Chacun est différent, généré selon des méthodologies différentes, plus ou moins sérieuses et robustes, sur des territoires divers, avec plus ou moins de transparence. 

Pourquoi ? Parce que même les prix sont volatiles. A la question rituelle qui m’est posée : « Quel est le prix moyen d’un crédit carbone ?”, j’oppose toujours la même réponse : « quel est le prix moyen d’un tableau, quel est le prix moyen d’une maison ? ». Le prix, heureusement, est fortement indexé sur la valeur, et la valeur d’un crédit carbone dépend de beaucoup de critères comme le sérieux de la méthodologie, la qualité de la vérification et de la certification, la localisation du projet, sa compréhension, sa capacité à être communiquant, ce qu’il défend… 

Bref, même si ce marché est en phase d’assainissement et de structuration et si les escrocs y sont une espèce en voie d’extinction progressive, il reste une sorte de jungle dans laquelle il est compliqué de se repérer et qui demande pédagogie, explications et transparence. 

Et donc, comme dans tous les marchés de ce type, une question reste centrale : comment s’y retrouver et sélectionner des crédits carbone de haute qualité, aux bénéfices réellement mesurables, surtout  lorsque l’on n’est pas expert ? 
 
Voici donc les 4 critères qui, selon moi, déterminent la valeur d’un crédit carbone, donc incidemment son prix : 

  • La localisation des projets : Miser sur des crédits carbone locaux, proches de ses implantations, reste le meilleur moyen de s’assurer de leur sérieux et de leur qualité. Chaque projet doit bien entendu apporter des points de preuves précis via des méthodologies de qualité, des mesures et audits transparents et irréprochables, des vérifications par une tierce entreprise réputée et enfin une certification donnée par un grand acteur du marché. Et lorsque le projet carbone est local, voir ultra-local, le contributeur peut à tout moment échanger avec le porteur de projet, le vérificateur, le certificateur, vérifier lui-même sur le terrain les mesures et la qualité de la méthodologie. 
    En résumé : la contribution carbone, c’est concret. Privilégiez une solution que vous pouvez voir de vos yeux à une initiative exotique aventureuse. 
  • La méthodologie qui accompagne chaque projet et permet de générer des crédits carbone se doit d’être exigeante et transparente, construite par des ingénieurs, portée par un comité scientifique de renom, testée, optimisée et enfin certifiée dans le cadre réglementaire et les règles du marché carbone volontaire. Si on ne comprend pas très clairement et simplement la manière dont sont générés et valorisés les crédits carbone, ce n’est pas bon signe… Quelle que soit la méthodologie utilisée pour un projet, celle-ci doit être fondée sur les pratiques de marché les plus vertueuses, s’inscrire sur le temps long et dans une logique globale de préservation du climat pour avoir un réel bénéfice. 

En résumé : la contribution carbone, c’est sérieux. Privilégiez une solution qu’on vous aura expliquée, détaillée et prouvée, à une délégation déresponsabilisante à un tiers.

  • Les co-bénéfices sociaux, environnementaux… : ils doivent être mesurables et eux aussi vérifiés et certifiés. A titre d’exemple, en forêt, parler de climat ou carbone sans y intégrer la composante biodiversité est une erreur. Celle-ci doit rester au cœur d’un projet de contribution carbone. En effet la forêt accueille 80 % de la biodiversité terrestre et elle fonctionne mieux, est plus résiliente et donc continue de capter du carbone et d’atténuer les impacts du changement climatique si elle jouit d’une biodiversité riche et en bonne santé. Climat et biodiversité sont intimement liés, comme deux faces d’une même pièce. 

En résumé : la contribution carbone, c’est généreux, pas comptable. Privilégiez une solution qui touche aussi votre cœur, et pas uniquement votre portefeuille. 

  • L’humilité : la contribution carbone est un axe stratégique essentiel pour le climat mais doit s’inscrire dans une stratégie affirmée et un plan d’action bien plus vaste de réduction globale de l’empreinte carbone des entreprises et du monde économique. Rappelons que, contrairement aux idées reçues, et comme le démontrent de nombreuses études – et encore récemment celle de Sylvera1 – les entreprises qui achètent des crédits carbone sont bien celles qui font par ailleurs le plus d’efforts pour le climat. 

En résumé: la contribution carbone est un outil essentiel qui doit par ailleur s’inscrire dans un arsenal d’actions bien plus vaste. Privilégiez une solution qui s’inscrit dans une démarche large et pérenne à une fausse promesse ponctuelle de “tout-en-un ». 

Voilà, vous avez dorénavant quelques bons outils en main. 

Allez plus loin avec The Good

The Good Newsletter

LES ABONNEMENTS THE GOOD

LES ÉVÉNEMENTS THE GOOD