Lors du Club Circul’R du 13 mars, Lou Welgryn, secrétaire générale de Data For Good, Vincent Gufflet, Directeur des services et opérations chez Fnac Darty, Xavier Lantoinette, chez Ecosystem, Pierre-Nicolas Hurstel, CEO d’Arianee et Hortense Brunier, directrice du Club Circul’R, ont partagé leur expertise sur l’impact de la data et de l’intelligence artificielle dans l’économie circulaire.
1. Structurer et partager les données pour accélérer la circularité
L’accès à des données fiables sur le cycle de vie des produits est un levier clé pour favoriser une économie circulaire efficace. Aujourd’hui, ces informations restent souvent cloisonnées entre fabricants, distributeurs et réparateurs, limitant l’émergence de nouvelles boucles pour prolonger la durée de vie des équipements.
La mise en place de bases de données partagées permet d’anticiper les besoins en réparation, de mieux gérer les stocks de pièces détachées et d’optimiser la conception des futurs produits, en identifiant les points de fragilité récurrents.
En fluidifiant et sécurisant les échanges d’informations entre tous les acteurs de la chaîne de valeur, ce partage facilite également l’évaluation de la valeur résiduelle des produits, un élément central pour engager les acteurs des secteurs bancaires et assurantiels dans le soutien des modèles d’économie de la fonctionnalité.
Cependant, cette mutualisation ne peut fonctionner sans une gouvernance et une technologie permettant différents niveaux d’accès aux données en toute sécurité. Un cadre clair doit être défini pour concilier transparence et protection des informations stratégiques, tout en favorisant la coopération entre les acteurs du marché.
2. Renforcer la confiance des consommateurs par la transparence
Le Passeport Numérique des Produits (DPP), introduit par le règlement sur l’écoconception des produits durables (ESPR) entré en vigueur en 2024, vise à renforcer la transparence sur le cycle de vie des produits en fournissant des informations détaillées sur leur fabrication, leur entretien, leurs réparations et leur fin de vie. Une étude menée par Fnac Darty montre que 38 % des consommateurs hésitant à acheter de l’électroménager reconditionné seraient prêts à franchir le pas si un passeport numérique était disponible.
Au-delà de renseigner les acheteurs sur l’état et la fiabilité des produits de seconde main, cet outil facilite aussi le travail des techniciens réparateurs en leur donnant accès à l’historique complet des interventions effectuées sur un appareil.
L’intelligence artificielle pourrait encore améliorer l’efficacité de ce dispositif en anticipant les pannes et en optimisant les recommandations d’entretien. Toutefois, son déploiement doit être réfléchi afin d’éviter une consommation énergétique excessive et garantir un usage réellement pertinent, au service de l’économie circulaire.
3. Intégrer l’IA et la blockchain sans compromettre la sobriété
L’intelligence artificielle et la blockchain offrent de nouvelles perspectives pour l’économie circulaire. L’IA permet d’anticiper les pannes ou d’optimiser la gestion des flux de ressources, tandis que la blockchain garantit l’intégrité, la traçabilité et la sécurisation des informations, grâce à la décentralisation, la cryptographie et l’auditabilité des actions.
Toutefois, ces technologies ont un coût environnemental non négligeable. En effet, elles nécessitent des infrastructures énergivores, parfois en contradiction avec les principes de sobriété recherchés. Leur usage doit donc être réfléchi et appliqué là où elles apportent une réelle valeur ajoutée.
4. Transformer les contraintes réglementaires en opportunités d’innovation
L’introduction du Passeport Numérique des Produits (DPP) impose aux entreprises une transparence accrue sur l’origine et le cycle de vie des produits. Plutôt qu’une contrainte, cette réglementation peut devenir un levier d’innovation et de différenciation vis-à -vis des consommateurs et utilisateurs.
En anticipant ces évolutions, les entreprises peuvent structurer leur stratégie data, améliorer la réparabilité et le reconditionnement des produits et développer de nouveaux services alignés avec les besoins des clients. Cette anticipation encourage aussi la collaboration entre acteurs du marché, facilitant le partage de bonnes pratiques et l’optimisation des ressources.
Saisir cette opportunité permet aux entreprises de se démarquer, d’inspirer confiance aux consommateurs et d’accélérer la transition vers une économie circulaire plus efficace.
5. Financer l’économie circulaire grâce à la data
Les acteurs financiers jouent un rôle clé dans le déploiement de l’économie circulaire, mais l’évaluation des projets reste complexe faute de données consolidées. Le partage des informations sur la durée de vie des produits, la rentabilité du réemploi et les performances énergétiques et/ou ressources des équipements permettrait de définir le coût total du produit sur tout son cycle de vie, d’affiner les modèles financiers et d’attirer davantage d’investissements.
En structurant ces données dans des espaces de partage sécurisés, il deviendrait possible d’évaluer plus précisément les risques et opportunités, facilitant ainsi le développement de financements adaptés. Ce sont notamment les problématiques adressées dans le cadre des travaux de la Coalition Finance Circulaire.
Le Club Circul’R en bref
Lancé en 2018 avec le soutien du ministère de la Transition Ecologique, le Club Circul’R réunit une centaine d’acteurs économiques (grands groupes, fonds d’investissements, porteurs de solutions) engagés dans la transition vers une économie circulaire. Son objectif : développer les synergies afin d’accélérer le passage vers des modèles circulaires. Pour en savoir plus, rendez-vous Club Circul’R ou contactez Hortense Brunier (hortense.brunier@circul-r.com)
Prochain rendez-vous du Club Circul’R : 5 juin 2025 sur la thématique du reporting de l’empreinte biodiversité.
