(contenu abonné) Le 1er juin 2023, alors que le gouvernement a récemment annoncé le contenu du projet de loi « industrie verte », l’ADEME et l’ATEE lancent un nouveau programme visant à faciliter le déploiement de l’efficacité énergétique et de la décarbonation auprès des industriels : PACTE INDUSTRIE. Doté de près de 50M€ via le dispositif des Certificats d’Economie d’Energie (CEE), il permettra de financer des formations, du coaching et des études jusqu’à 70% et d’accompagner chaque site industriel dans leurs investissements de décarbonation et d’efficacité énergétique.
Ce programme repose sur 5 leviers d’actions :
- Efficacité énergétique,
- Récupération de chaleur fatale,
- Production de chaleur renouvelable : biomasse et solaire,
- Electrification des procédés thermiques,
- Production de nouvelles énergies avec un focus sur l’hydrogène vert.
Différentes solutions techniques existent pour activer ces leviers d’actions, nous avons choisi de nous intéresser de plus près aux 3 suivantes :
1. La digitalisation de la donnée au service de l’efficacité énergétique : des économies d’énergie par la sobriété
Les fondamentaux des marchés et la réglementation ont aujourd’hui fait naître une réelle demande pour les structures logicielles intelligentes capable d’améliorer l’efficacité énergétique en industrie. De nombreuses barrières techniques, notamment celles liées à l’accès, au stockage de la donnée et la sécurité des données ont été levées. Les puissances de calcul et d’apprentissage de certaines plateformes permettent aujourd’hui de faire des choses impossibles il y a encore 5 ans. Les plateformes logicielles intègrent un ensemble de fonctions intelligentes pouvant toucher plusieurs niveaux de la chaîne industrielle : les procédés industriels, les paramètres des équipements, la planification de la production, les achats d’énergie… L’objectif est de créer des indicateurs de performance énergétiques des procédés industriels, les suivre et réaliser des économies d’énergie par le pilotage de ces procédés. On peut prendre l’analogie de la consommation d’un véhicule (L/100km) : si l’indicateur existe sur votre tableau de bord, vous y prêtez attention et tâchez d’agir sur ce dernier pour limiter votre coût carburant.
2. La récupération de chaleur sur les procédés thermiques à haute température
D’après une étude de l’ADEME en 2017, il existe un gisement dépassant les 100 TWh de chaleur à valoriser chaque année. Cela représente la consommation annuelle de 2,4 millions de Français. Parmi les gisements de chaleurs fatales notables on retrouve les fumées des fours et chaudières ainsi que les buées de séchage sur lesquelles il existe de nombreuses technologies de valorisation industrielle, allant du captage au stockage de l’énergie, que la valorisation soit thermique ou électrique. L’implantation sur un site industriel d’une technologie de récupération de chaleur nécessite un assemblage de plusieurs équipements qui constituent le dispositif de récupération de chaleur. Trois parties distinctes le composent : le dispositif de captage de la chaleur fatale, la technologie de valorisation et le réseau de distribution de l’énergie vers des usages potentiels. Le dispositif de captage est l’élément déterminant lors des études de faisabilité technico-économiques car il est au plus proche du procédé. Il est donc important de s’assurer que sa mise en place ne vienne pas perturber le fonctionnement initial du procédé thermique. La diffusion des techniques de récupération passe en premier lieu par le développement de l’efficacité énergétique des procédés thermiques eux-mêmes, via la promotion des techniques de brûleurs à récupération par exemple pouvant être financés en partie grâce à des Certificats d’Economies d’Energie. Si les gros consommateurs d’énergie industriels ont déjà commencé à intégrer ces technologies sur leurs fours de façon répandue, c’est moins le cas chez les plus petits industriels utilisant des fours à technologie gaz. Il est donc encore nécessaire de communiquer sur ces technologies auprès des plus petites entreprises, notamment dans le secteur de la métallurgie, pour faciliter l’émergence de ces solutions.
3. L’électrification des procédés thermiques
Dans le contexte actuel de décarbonation de l’industrie et du fait de la particularité du mix énergétique français, l’électrification des procédés est une solution à envisager. L’intérêt d’une solution électrique est à valider au cas par cas en fonction des spécificités du procédé concerné. Elle peut représenter un réel potentiel pour de nombreuses applications notamment grâce aux faibles coûts opérationnels mais le coût d’investissement reste un frein au déploiement de ces solutions sur le marché. Ainsi, pour les procédés à faible température (<150°C), les solutions électriques telles que la CMV (compression mécanique de vapeur) ou la PAC ont un vrai potentiel au vu de leur maturité et faible impact carbone.