Devenue un incontournable de l’engagement des marques, la RSE pousse de plus en plus d’enseignes à aligner leur culture d’entreprise sur les initiatives en faveur du développement durable. Un souci de cohérence qui donne du sens et une forte raison d’être à des entreprises qui ont su prendre leurs distances avec le sacro-saint profit. Démonstration en actions avec Maison du Monde et Enercoop.
« Quand j’ai commencé il y a 11 ans en tant que responsable du développement durable, il fallait sans cesse convaincre et expliquer les enjeux. Aujourd’hui, la conscience de l’urgence est dans tous les esprits ». Ces mots de Fabienne Morgaut, directrice RSE de Maison du Monde, soulignent l’ascension des politiques sociétales en entreprise des dix dernières années. Un éveil des consciences graduel qui mène aujourd’hui de plus en plus de patrons à réviser leur culture d’entreprise. Qui imaginerait encore une entreprise luttant contre le zéro déchet distribuer chaque jour des gobelets en plastique pour le café ? La nécessité de mettre en conformité les usages d’une entreprise avec les valeurs qu’elle défend est devenue un passage oublié de toute marque soucieuse de sa cohérence.
« La RSE est venue irriguer notre culture d’entreprise »
Le baromètre RSE Ekodev révélait qu’en 2019, 70% des salariés souhaitaient être impliqués davantage dans des initiatives RSE. « Il y a clairement une demande des plus jeunes et des nouveaux arrivants en matière de responsabilité sociétale », constate Fabienne Morgaut. « On le voit autant dans des initiatives comme la réduction des déchets dans les chaînes d’approvisionnement, ou l’organisation d’ateliers destinés à fabriquer son propre shampoing solide ». Des engagements que certaines entreprises savent accueillir et valoriser. « Notre politique RSE tournée autour de la traçabilité et de la certification du bois s’accompagne d’une fondation dédiée qui se bat à plus grande échelle contre la déforestation. L’une va de pair avec l’autre et cela donne du sens à nos salariés », affirme celle qui est aussi présidente de la Fondation Maisons du Monde.
Une évolution des mentalités encourageante, mais qui nécessite du temps et de la patience selon Fabienne Morgaut. « L’entreprise prend toujours du temps à s’acculturer à la RSE. Après 10 ans de travail, on a vraiment le sentiment que chaque couche de l’entreprise s’approprie les engagements que nous avons adoptés, peu importe la place dans la hiérarchie. Par exemple, les acheteurs de matières premières sont accompagnés pour mener les audits sociaux des fournisseurs et s’assurer du bon respect du droit du travail ». Une sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux qui donne de la cohérence. « Je pense que notre engagement dans la RSE est venu irriguer notre culture d’entreprise », ponctue la directrice RSE de Maison du Monde.
La coopérative, une culture d’entreprise RSE par essence
Au-delà des initiatives durables des entreprises, certaines organisations vont plus loin en adoptant une autre forme d’organisation sociale, celle de la coopérative. C’est le cas d’Enercoop, un fournisseur d’électricité renouvelable dont les membres viennent de tous les horizons. « Nombre de nos consommateurs, de nos producteurs et de nos salariés ont un pied dans le capital de la coopérative », explique Fanélie Carrey Conte, secrétaire générale d’Enercoop. Une structure horizontale qui infuse d’emblée une forte culture d’entreprise. « Le statut de coopérative signifie que le fonctionnement est démocratique : les grandes décisions stratégiques et économiques sont systématiquement prises par l’ensemble des sociétaires sous la forme d’une consultation ». Des prises de décision ouvertes qui responsabilisent les salariés et les invitent à participer activement à l’avenir de l’entreprise.
L’intérêt de la coopérative, c’est aussi le partage des richesses et son penchant social. « Sur le plan économique, notre statut limite la lucrativité avec un plafonnement des parts sociales et un réinvestissement d’une partie du bénéfice dans l’entreprise. On a également limité l’écart des salaires avec une échelle allant de un à trois sur l’ensemble de la hiérarchie ». La coopérative tend ainsi à partager le pouvoir et les richesses, favorisant une culture d’entreprise libre et des politiques RSE éclairées. « La vision qu’on a du modèle d’entreprise nous pousse à aller au bout et à faire ce travail de gouvernance partagée. La question de la cohérence du projet est pour nous élémentaire, en matière de statut, d’engagement ». Cela dit, la secrétaire d’Enercoop reconnaît volontiers que le statut de coopérative n’est pas parfait. « Ce n’est pas un blanc seing, il faut toujours s’assurer de la bonne santé démocratique de l’organisation ».
RSE et culture d’entreprise : un cercle vertueux
Selon l’étude de Korn Ferry sur l’engagement des marques, les salariés qui peuvent participer aux initiatives RSE de leur entreprise en tirent un meilleur épanouissement (80% contre 62% en temps normal). Ils sont globalement plus fiers de leur entreprise (90% contre 66% d’habitude) et adhèrent davantage aux valeurs et à la culture de leur société (81% contre 58%). La RSE et la culture d’entreprise semblent agir à la manière d’un cercle vertueux : ils améliorent la performance de l’entreprise tout en attirant de nouveaux talents. Des résultats encourageants qui font de ce duo l’un des incontournables de toute entreprise engagée.