22/09/2020

Temps de lecture : 3 min

Des protéines “ alternatives ” pour sauver la planète

À travers le monde, de plus en plus de consommateurs sont en train de faire évoluer leurs habitudes pour introduire dans leur alimentation des produits à base de protéines d’un nouveau genre, en remplacement de la viande, du poisson, des œufs ou du lait. Ce n’est qu’un début, avant la prochaine étape : la “viande” produite en laboratoire…

À travers le monde, de plus en plus de consommateurs sont en train de faire évoluer leurs habitudes pour introduire dans leur alimentation des produits à base de protéines d’un nouveau genre, en remplacement de la viande, du poisson, des œufs ou du lait. Ce n’est qu’un début, avant la prochaine étape : la “viande” produite en laboratoire…

Entre 2019 et 2025, le marché mondial des protéines dites “alternatives” devrait croître de 9,5% par an, pour atteindre 17,9 milliards de dollars à cette échéance, selon une étude de l’institut Meticulous Research… La raison de cet engouement ? Une volonté croissante des consommateurs des pays développés de changer leur alimentation afin de réduire, voire remplacer, l’usage de la viande et ses dérivés, en réponse à diverses préoccupations (souffrance animale, enjeux de santé, coût environnemental…).

Un marché qui séduit aussi bien Blackstone que Jay-Z…

Ces protéines “alternatives”, qu’elles soient végétales (pois, lentilles, soja, champignons…) ou moins conventionnelles (insectes), voire totalement artificielles (la “viande de synthèse” produite en laboratoire) partagent un même avantage : une empreinte environnementale plus faible que l’élevage intensif de viande ou de poisson. En effet, selon une étude publiée dans la revue Science, la viande et les produits laitiers sont responsables de 60% des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture mondiale et utilisent plus de 80% des terres agricoles, alors qu’ils ne représentent que 18% des calories alimentaires et 37% des protéines consommées…

Le succès en bourse de Beyond Meat, valorisé 3,8 milliards de dollars lors de son introduction en mai 2019, a largement contribué à attirer les entrepreneurs – et les investisseurs – vers ce secteur. Des centaines de startups se sont lancées au cours des dernières années, ciblant directement les consommateurs ou se concentrant plutôt sur le marché de la restauration collective (restaurants, cantines scolaires et hospitalières, etc.). “Je suis au cœur de la Silicon Valley depuis longtemps et je n’ai jamais vu une industrie qui se développe aussi vite. Pour chaque entreprise à la recherche de financement, il y a deux à trois fonds qui essaient de vous donner de l’argent”, s’étonnait ainsi Lisa Feria, du fonds de capital risque Stray Dog Capital, spécialisé dans la foodtech, lors de la conférence SXSW en 2019. 

Les entrepreneurs sont en effet nombreux à voir dans cette tendance une opportunité sans précédent pour implanter de nouvelles marques alimentaires dans les rayons des supermarchés…. Just., Beyond MeatImpossible FoodsGood CatchAlpro (racheté par Danone dès 2016) sont les acteurs les plus visibles outre-Atlantique, tandis que l’Européen Oatly a su s’imposer sur le marché des laits végétaux avec sa communication décalée. Ce dernier est d’ailleurs désormais valorisé 2 milliards d’euros, après les investissements de BlackstoneJay-ZOprah Winfrey et Natalie Portman annoncés pendant l’été.

Vers du foie gras, du caviar et du saumon fumé de laboratoire…

Le marché est également porté par les promesses de viande, de poisson et de fruits de mer « cellulaires », « produits en laboratoire », « clean », « de culture », « de synthèse » ou « imprimés en 3D »… Autant de termes qualifiant les protéines produites grâce au développement in vitro de cellules animales. Abondamment financées par les investisseurs, des startups comme Memphis MeatsFinless Foods ou Wild Type Foods cherchent ainsi à produire du poisson ou de la viande de synthèse, à partir de la reproduction de cellules-souches. De quoi leur permettre d’obtenir des produits “d’origine animale” sans avoir besoin d’élever du bétail. 

Nous avons déjà du foie gras, du caviar et du saumon fumé de laboratoire…”, détaillait Olivia Fox Cabane à SXSW… Celle-ci édite une cartographie de l’écosystème des “protéines alternatives” qu’elle doit très régulièrement mettre à jour, tellement le marché se développe rapidement. “Ces entreprises utilisent des technologies qui ont été éprouvées dans d’autres domaines, comme la biologie, la médecine ou la pharmacie. Elles trouvent des moyens d’isoler une cellule animale et de la cultiver en laboratoire. Le résultat est un hamburger qui ressemble à un hamburger et qui contient exactement la même chose qu’une viande provenant d’un animal”, explique Dan Altschuler Malek, investisseur chez New Crop Capital, un autre fonds dédié à ce sujet.

Problème : ces protéines animales artificielles restent toujours beaucoup plus coûteuses à produire que la viande conventionnelle : de l’ordre de 12 fois plus, selon CB Insight… Mais en contrepartie, elles nécessitent jusqu’à 5 fois moins d’eau et 100 fois moins d’espace agricole. Elles génèrent aussi en moyenne 4,5 fois moins d’émissions de CO2 : une motivation supplémentaire pour attirer les investisseurs et les consommateurs, d’autant que leur coût de production devrait baisser progressivement. Reste à savoir si les consommateurs seront prêts à passer le pas de la viande artificielle…

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