13/10/2020

Temps de lecture : 3 min

Communication : climat 1 – 0 social

Depuis plusieurs années, le secteur de la communication s’engage et gagne des batailles dans sa prise de conscience des enjeux climatiques et environnementaux mais qu’en est-il de sa responsabilité sociale ?

Depuis plusieurs années, le secteur de la communication s’engage et gagne des batailles dans sa prise de conscience des enjeux climatiques et environnementaux mais qu’en est-il de sa responsabilité sociale ?

Protection du climat et communication sont-ils réconciliables ? Si le secteur de la communication doit encore progresser sur l’enjeu écologique, de vraies batailles ont été gagnées comme le montrent les bilans de l’ARPP ou ceux de l’ADEME. Valérie Martin, Cheffe du service Mobilisation citoyenne et média de l’ADEME le résume très bien : « le taux de publicités non conformes aux règles déontologiques [NDLR sur la question de l’environnement] a été divisé par cinq en 7 ans, il est passé de 36% en 2006 à 7% en 2013 et est stable depuis ». Néanmoins il reste des métiers à convertir. La digitalisation des campagnes, par exemple, ne signifie pas un moindre impact sur le climat ! L’explosion exponentielle des vidéos génèrent une très large part des émissions carbones. Donnons un chiffre pour s’en convaincre si besoin est : plus de 300 millions de tonnes de CO2 en 2018 soit autant de gaz à effet de serre que l’Espagne !

Advertising under attack 

Le rapport sur la publicité et la transition écologique confiée par mesdames les Ministres Elisabeth Borne et Brune Poirson à Thierry Libaert et Géraud Guibert et pour lequel j’ai eu l’honneur d’être auditionné, n’est pas tendre avec le segment publicitaire de notre secteur. Il a néanmoins le grand mérite de proposer 23 solutions qui n’interdisent rien mais qui encadrent beaucoup mieux. Dans la foulée de ce rapport et de la convention citoyenne, le projet de Loi de Barbara Pompili est attendu pour bientôt et inquiète la profession. Comme une ambiance pré-Loi Evin.

Mais soyons constructifs, sur l’axe de la prise en compte de l’écologie, notre secteur s’est mobilisé et intègre dans son pilotage l’enjeu climatique. Citons, les acteurs de l’événementiel qui se sont dotés très tôt de plusieurs outils pour compter, réduire et compenser les émissions carbones. Dans leur ensemble les acteurs de la communication ont bien intégré la règle : réduire en priorité, puis compenser. Et si les lecteurs de cette tribune souhaitent s’engager et cherchent des boîtes à outils, le Guide de la communication responsable 2020 (édité par l’ADEME) et le Communicator édition 9 (Dunod) peuvent les y aider.

Social et pas sociétal

En revanche, le trou dans la raquette, doux euphémisme pour dire le trou noir dans lequel se perd notre secteur, demeure la dimension sociale de nos activités. Et j’entends bien sociale et pas sociétale.

Osons en effet affronter nos manières de manager nos collaborateurs et nos freelances. La « coolitude » de notre secteur semble avoir été, depuis des décennies, une sorte d’autorisation à une passivité, voire un laxisme d’un autre âge en matière d’écoute de notre corps social et de « care ». Combien d’agences disposent d’un système de mesure régulier du bien-être interne ?

Comment accueillons-nous les jeunes générations, nos apprentis, nos stagiaires, nos jeunes salariés ? Combien de talents fuient notre secteur faute de trouver du sens à leur parcours professionnel et parfois la simple considération qu’ils méritent ? Faut-il ici rappeler les cas nombreux, répétés, indécents de harcèlement moraux ou sexuels ? Si nombreux que l’Association Com-Ent a créé une ligne d’écoute, depuis deux ans, dédiée au secteur de la communication et à laquelle plusieurs autres associations se sont jointes. Rappelons ici ce numéro si précieux : 0 800 100 334, derrière lequel des psychologues cliniciens sont capables d’accueillir la souffrance, la douleur et d’initier les premiers pas de la réparation. 

Et nos freelances ou nos intermittents comment les intégrons-nous ? Avec quelle rapidité payons-nous leur facture ? Il nous faut aussi regarder la précarité de notre secteur les yeux dans les yeux. Dans la période actuelle, et à la veille de la fin du chômage partiel, quelles seront nos politiques RH pour maintenir l’emploi, pour continuer à aider l’insertion des jeunes et éviter qu’ils partent chez l’annonceur dès la fin de leur première expérience.

Nous donnons des conseils en matière de marque employeur, mais avons-nous réellement questionné la marque employeur de notre secteur et de chacune de nos boutiques, petites ou grandes ? La mauvaise rengaine des cordonniers certainement …

Tout cela pique, brûle, et il ne s’agit pas d’opposer climat contre social. Le « en même temps » me semble de rigueur. Si nous ne trouvons pas les solutions ensemble le législateur nous régulera encore davantage.

Ensemble cela signifie toute l’équipe de France de la communication, toute la chaîne de valeur, des annonceurs, aux agences, aux freelances en passant par les écoles… Vite ! Engageons début 2021 les Assises de la Communication ! L’urgence sociale n’a d’égale que l’urgence climatique.

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