Depuis 2015, Corentin de Chatelperron parcourt les océans à bord du Nomade des mers à la rencontre des projets low-tech du monde entier… Son ambition : montrer qu’il est possible de faire mieux avec moins, sans renoncer à l’innovation et au progrès.
En 2014, Corentin de Chatelperron a créé le Low Tech Lab en France, avant de s’embarquer dans une expédition autour du monde à bord du Nomade des Mers, un grand catamaran. “Avec l’équipe, on l’a rénové complètement, pour le transformer en laboratoire flottant. On est parti pour un voyage qui dure maintenant depuis cinq ans, sur tous les continents, à la rencontre des inventeurs low-tech”, explique-t-il lors de la dernière édition du festival IMPACT.
Derrière ce concept de “low-tech”, l’association rassemble “les objets, systèmes, techniques, services, savoir-faire, pratiques, modes de vie et même courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes : utile, accessible, durable”. Le Nomade des Mers entend en fait apporter la preuve par l’exemple de la mission que s’est donnée le Low Tech Lab : “donner l’envie et les moyens de faire mieux avec moins”.
A chaque étape de leur voyage, Corentin de Chatelperron et son équipage rencontrent ainsi des inventeurs et des entrepreneurs “low-tech” qui partagent leurs inventions. Ils testent leurs solutions, les documentent et en font des tutoriels vidéo répertoriés sur le site Low Tech Lab, dans le but de les rendre accessibles au plus grand nombre. 649 projets, dans 73 pays et 12 domaines sont déjà référencés dans leur Atlas de la Low Tech.
“C’est un mode de vie qui nous remet vraiment à une échelle beaucoup plus humaine et beaucoup plus proche des plantes qu’on cultive, des insectes qu’on élève. On passe du statut de consommateur pur au statut de producteur. On sait d’où viennent les choses, comment les réparer ”, raconte Sidonie, la dernière recrue du bateau.
A bord du bateau, cohabitent ainsi culture de micro-algues, fours solaires, élevage de grillons comestibles, système d’hydroponie et éolienne conçue avec un moteur d’imprimante… Objectif : créer un cercle vertueux épargnant, une économie circulaire à petite échelle. Les eaux grises du bateau sont par exemple traitées par des bactéries pour être transformées en nutriments pour les plantes. Des larves participent au compost et finissent par nourrir les grillons. Quant aux grillons, ils recyclent les restes de nourriture et fournissent un apport en protéines aux passagers…
Pour Guénolé Conrad, le coordinateur technique Expédition, “le problème avec la high-tech, c’est qu’on a été complètement exclu de la technologie. On est face à des boîtes noires qu’on ne peut plus vraiment comprendre ni réparer. Avec les low-tech c’est tout l’inverse : il faut apprendre par soi-même. On apprend un peu d’électricité, de biologie, de purification de l’eau. Finalement, j’ai l’impression de retrouver beaucoup d’autonomie, de résilience et de joie de vivre en comprenant tous ces phénomènes”.
En partant à la rencontre des inventeurs low-tech de tous les continents, l’objectif est de documenter un maximum d’innovations, pour les diffuser en open-source sur internet. Surtout, il s’agit de montrer que “low-tech” n’est pas synonyme de retour en arrière, au contraire. “La low-tech, ce n’est pas un retour à la bougie, ce n’est pas une décroissance. C‘est aller vers une innovation dans une sobriété optimisée. En faisant ça, on se reconnecte au vivant, et ça permet de se reconnecter aux autres aussi, car ce sont des compétences qu’on ne peut pas tout maîtriser” ajoute Guénolé Conrad.
Tous les exemples rassemblés par l’expédition suffiront-ils à convaincre, au-delà de la communauté des « makers », qu’il est possible de continuer à innover et à produire, tout en étant davantage respectueux de la planète et de ses ressources ? Ce sera le prochain défi pour les promoteurs des low-tech…