Pour une IT durable et dans la poursuite de sa stratégie RSE, le géant chinois de l’électronique Lenovo développe une solution intitulée « Compensation CO2 ». Un système de compensation des émissions carbone de ses produits par une contribution à divers projets environnementaux. Pour parler urgence climatique, impact du numérique et solutions à court et long terme, rencontre avec Éric Lallier, Président Directeur Général, Lenovo France.
The Good : Quelle est donc cette initiative et comment opère-t-elle concrètement ?
Eric Lallier : L’offre « Compensation CO2 » est une initiative déployée à l’échelle mondiale et disponible en France, mise en place par Lenovo, pour soutenir ses clients dans leur démarche de développement durable. Nous proposons une offre de service clé en main pour compenser les émissions carbone de nos solutions -compensation basée sur des émissions couvrant la production, l’expédition et un cycle d’utilisation de 5 ans. Cette approche personnalisée est donc directement liée aux produits achetés : à chaque produit correspond une empreinte carbone calculée, et publiée sur notre site Internet. Lorsque les clients décident de participer au programme de compensation carbone de Lenovo, ils choisissent alors de soutenir plusieurs projets environnementaux approuvés par les Nations Unies et gérés par l’organisme ClimeCo. Lenovo gère toutes les démarches, et transmet à ses clients un certificat lié aux produits, édité par ClimeCo.
The Good : Quels ont été les premiers résultats obtenus suite au lancement de Compensation CO2 dans les pays nordiques ?
E.L. : L’initiative a été d’abord lancée en février 2020 sous la forme d’un projet pilote dans les pays nordiques. À ce jour, plus de 26 000 tonnes de CO2 ont été compensées en seulement neuf mois, soit 1,7 million de kilomètres de vols aériens ou 1 789 vols européens moyens (calculés sur la base d’une distance de vol moyenne de 950 kilomètres).
The Good : Si la compensation est une solution face à l’urgence, est-elle viable sur le long terme ? Si non, comment comptez-vous à l’avenir faire évoluer votre démarche RSE ?
E.L. : Pour bâtir un avenir durable, l’innovation technologique doit plus que jamais rimer avec respect de l’environnement. Ce nouveau projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie RSE que nous avons mise en œuvre pour réduire l’impact de notre activité sur l’environnement. Nous avons pris l’engagement de réduire nos émissions carbone de 50 % d’ici 2030 à l’échelle mondiale et d’atteindre la neutralité à horizon 2050. Dans les années à venir, notre volonté est de multiplier les initiatives en interne mais aussi avec l’ensemble de nos clients et de nos partenaires.
The Good : Pouvez-vous nous raconter le parcours de Lenovo vers une dynamique plus respectueuse des enjeux sociaux et environnementaux ? Quel point de bascule et quels résultats obtenus jusqu’à présent ?
E.L. : Nous savons que la durabilité est une stratégie au long cours. En tant que leader mondial en technologies, Lenovo intègre des politiques et des procédures qui profitent à notre environnement tout en faisant la promotion de notre culture de diversité et d’inclusion. Depuis 2009, nous sommes signataires du Pacte mondial des Nations Unies (UNGC) pour soutenir les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD).
Nous mesurons nos opérations via un système de gestion de l’environnement mondial (EMS) qui couvre le développement et la fabrication de produits dans le monde entier, pour les ordinateurs personnels, les postes de travail, les serveurs, le stockage, le matériel des appareils mobiles, les appareils intelligents, les moniteurs et les accessoires. Tous les sites Lenovo de ce périmètre EMS sont certifiés ISO 14001: 2015.
Pour revenir à notre objectif de neutralité carbone, il faut savoir que cet engagement ne date pas d’hier. Nous nous étions déjà fixés, en 2009, de réduire de 40% nos émissions de CO2 de scope 1 et 2 d’ici à 2020. Un objectif atteint en 2019, et dépassé : nous avions alors réduit de 92% nos émissions carbone avec la mise en place de projets d’efficience énergétique, couplés à des achats responsables et de nouvelles installations alimentées en énergie renouvelable (sur nos principaux sites de production en Chine, à Morrisville aux Etats-Unis, et de nouveaux projets en Amérique Latine). Dès 2005, nous avions intégré des matières recyclées dans nos produits. De 2019 à 2020 nous avons triplé le nombre de produits utilisant des matériaux reyclés venant directement de l’informatique, dans un souci d’économie circulaire – nous comptons bien augmenter ce nombre.
Sur le plan social et de responsabilité sociétale, nous avons monté depuis plusieurs années une Fondation Lenovo qui nous permet de centraliser notre aide aux populations ayant un accès limité aux technologies et aux sciences. La Fondation a fait don de plus de 15 millions de dollars depuis le début de la pandémie, en fournissant les hôpitaux en matériel informatique, et en soutenant l’éducation à distance pour les personnes isolées ou en précarité numérique.
The Good : Quelle feuille de route RSE pour l’année à venir ?
E.L. : Chez Lenovo, nous travaillons à proposer des technologies plus intelligentes afin de construire un avenir plus durable pour nos clients, nos collaborateurs, nos partis-prenantes et la planète. Nous publions depuis plusieurs années notre rapport RSE annuel, afin de partager nos avancées et nos ambitions en termes de responsabilité sociale et sociétale, ainsi qu’environnementale.
Nous souhaitons poursuivre nos efforts, et nos domaines prioritaires en termes d’enjeux environnementaux à date sont la réduction des émissions carbone, le développement de produits plus durables et de packagings plus durables. Par exemple, nos produits Lenovo ThinkPad sont livrés dans un packaging 100% biodégradable à base de bagasse (canne à sucre) et bambou. Même l’encre utilisée pour impression sur le packaging est naturelle et biodégradable. Nous avons également redesigné nos cartons pour qu’ils soient plus petits, et repensé intégralement la fermeture de nos packagings afin de ne plus utiliser de scotch plastique.
Nous poursuivrons dans l’année à venir notre engagement auprès des associations que nous soutenons déjà, et élargirons à d’autres par le biais de nouveaux partenariats. Cet engagement peut s’observer en local, avec nos actions en France auprès de BECOMTECH par exemple, une association nationale qui œuvre pour la mixité dans les métiers techniques du numérique.
The Good : Quels sont les enjeux propres à votre marché sur le plan environnemental et comment y faire face pour une transition durable des modes de production et de consommation de l’électronique ?
E.L. : Nous sommes déjà en conformité avec l’indice de réparabilité qui a été introduit au 1er janvier 2021. Le cycle de vie du produit -et notamment sa fin de vie- est particulièrement scruté, la prochaine étape étant pour le gouvernement de proposer en France un indice de durabilité avec des critères additionnels, et ce dans les prochaines années. Paradoxalement, si on prend en compte le cycle de vie de nos produits, c’est au moment de la conception que nous pouvons encore bouger les lignes et innover pour proposer des solutions plus facilement réparables et durables. Nos départements R&D jouent un rôle essentiel pour répondre à ces nouveaux enjeux.