Pour financer ses recherches, l’Atelier 21 a développé des technologies festives qui tournent aux énergies renouvelables. Parmi elles, l’emblématique Solar Sound System dont les enceintes et platines photovoltaïques sensibilisent à la transition énergétique de façon festive et conviviale.
Parler d’énergie, de pic pétrolier et de changement de modèle ne nécessite pas toujours de convoquer des chiffres alarmants et des scénarios cauchemardesques. D’autres approches sont possibles et c’est ce que prouve l’Atelier 21, un laboratoire citoyen situé à Montreuil aux portes de Paris. Fondé par l’éco-designer et chercheur Cédric Carles en 2012, ce think-tank se revendique comme un « générateur d’alternatives énergétiques » dont l’objectif est d’expérimenter de nouvelles pratiques qui nous sortent des énergies fossiles. Des projets qui vont d’un régénérateur de piles alcalines open source à des tutos ingénieux pour réduire la précarité énergétique. Et pour financer ses programmes de recherche, l’atelier parie sur l’organisation d’événements festifs et populaires autour d’une mascotte de choix : le Solar Sound System.
Des enceintes solaires et musculaires
Dans les années 90, Cédric Carles s’intéresse aux moyens d’intégrer une dimension ludique et conviviale aux enjeux de l’énergie. En 1999, il branche des platines vinyles et une sono à des panneaux photovoltaïques et crée ce qui deviendra le mythique Solar Sound System. Un système sonore alimenté à l’énergie solaire grâce aux panneaux photovoltaïques installés au-dessus d’une charrette de postier ambulante. Et au cas où le temps n’est pas au beau fixe, il intègre à la carriole deux vélos générateurs dont le pédalage produit de l’électricité. Un système de back up, mais aussi une source de convivialité puisque les généreux fêtards qui offrent un peu de leur énergie musculaire pédalent côte à côte. Le Solar Sound System a connu un grand succès, utilisé à des festivals comme les Nuits Sonores de Lyon et différentes Techno Parade à travers le monde.
Regenbox, le phénix des piles
Grâce à l’argent des éénements et les subventions de quelques institutions, Cédric Carles a pu développer d’autres projets. Parmi eux, Regenbox, le premier régénérateur de piles à monter soi-même à partir de plans en accès libre. Inspiré d’un brevet tombé dans le domaine public en 1980, ce boîtier permet de régénérer tout type de piles, même les piles alcalines réputées à usage unique. Une lutte contre l’obsolescence programmée, mais aussi contre l’accumulation des déchets électroniques. Car sur le 1,5 milliard de piles et accumulateurs que la France met en vente chaque année, plus de la moitié n’est pas recyclée. Or, les piles ne contiennent pas seulement de la ferraille et du plastique, mais aussi de la black mass, la partie la plus polluante de la pile. Elle peut contenir du cobalt, du cuivre, du zinc, de l’aluminium etc. Trouver un moyen de recharger nos piles, c’est répondre à l’enjeu de l’énergie comme celui du déchet.
Act4Energy contre la précarité énergétique
Selon l’ONPE (Observatoire national de la précarité énergétique), certaines régions de France connaissent jusqu’à 70% d’étudiants en situation de précarité énergétique. Cela pourrait monter jusqu’à près de 2 millions d’étudiants en 2023. Pour tenter de pallier ce problème, l’Atelier 21 mène des ateliers éducatifs qui imaginent et prototypent des solutions, tutoriels et bonnes pratiques en accès libre pour faire des économies d’énergie. En partenariat avec des écoles à Orléans, Toulon, Tours et Paris, des étudiants réfléchissent aux manières de réduire la précarité énergétique. Cela passe d’une capote pour mieux isoler le chauffe-eau, de l’isolation d’une vitre cassée ou vétuste au bouchage de cheminée pour éviter le refroidissement du logement. Des vidéos ont été publiées afin de démocratiser l’accès à ces tutos.
Paléo-energétique
Convaincu que le passé regorge d’innovations qui pourraient servir le présent, de plus en plus de chercheurs s’intéressent à la rétro-innovation. C’est le cas du programme de recherche citoyen Paléo-énergétique qui vise à réécrire l’histoire de l’énergie de façon non linéaire. Lancée par l’Atelier 21, cette initiative a abouti à la création du livre Retrofutur – Une contre-histoire des innovations énergétiques. Dirigé par Cédric Carles, Thomas Ortiz et Éric Dussert, l’ouvrage centralise les archives et les mémoires des inventions tombées dans l’oubli. Parmi elles, les semelles chauffantes de Lavoisier, le gyrobus à perche électrique, le photophone pour transmettre du son à partir de la lumière etc. Une vaste palette d’innovations énergétiques qui pousse désormais l’Atelier 21 à organiser des conférences théâtrales, des expositions interactives et des contenus web originaux. Une manière supplémentaire de rendre l’énergie visible et compréhensible pour tous.