25/10/2021

Temps de lecture : 4 min

Artefact voit green. Lucie Marchais, Head CSR, raconte GreenFact.

C’est Lucie Marchais, Head of CSR (Corporate Social Responsibility) chez Artefact qui, pour The Good explique le passage au vert de cette entreprise full digitale née il y a sept ans. Il était une fois GreenFact pour vous servir.
Artefact

C’est Lucie Marchais, Head of CSR (Corporate Social Responsibility) chez Artefact qui, pour The Good explique le passage au vert de cette entreprise full digitale née il y a sept ans. Il était une fois GreenFact pour vous servir.

The Good : vous faites partie des profils qui se sont convertis au digital après avoir donné de la voix dans la pub classique…

Lucie Marchais : j’ai effectivement commencé chez BETC au planning stratégique, mais j’ai bougé un an après, pour rejoindre Artefact et faire du planning stratégique et du conseil pour des projets data. Après plusieurs missions sur des sujets liés à des questions environnementales, je suis devenue en juin dernier, après cinq ans d’ancienneté, directrice des sujets RSE de Artefact Global.

TG. : qu’apporte un profil planning stratégique à une entreprise Data ?

L.M. : être planneuse stratégique dans une entreprise qui manie la data est intéressant parce que même si on laisse de la place à l’intuition, à la créativité, on a l’occasion de pouvoir confronter ces «intuitions » aux analyses data. C’est le mariage de profils ingénieurs et de créatifs qui aboutit selon moi aux meilleures idées !

TG. : parlez-nous de GreenFact … Comment  démarre l’aventure ?

L.M. : Le point de départ c’est l’interne. Beaucoup de salariés Artefact avaient envie de prendre les devants et de s’inscrire dans une démarche collective vis-à-vis de la crise environnementale. Comme d’autres signataires du Climate Act, on a décidé de d’abord faire notre propre bilan carbone. Et devenir ainsi une agence plus consciente et proactive sur ces questions.

TG. : concrètement, cela signifie quoi ?

L.M. : nous nous sommes organisés de la même manière que nous avons l’habitude de travailler avec nos clients. Nous étions trois pilotes du projet : Léonard Cahon, consultant data, Aurélie Chevallier, consultante tracking et moi même. Une trentaine de personnes de tous profils ont exprimé l’envie d’en faire partie : comptables, experts data, experts media, créatifs, consultants. Nous avons donc crée un groupe de travail pluridisciplinaires où les volontaires s’emparaient par petit groupe d’une petite partie du calcul de notre bilan. On a beaucoup appris en faisant, en approche agile et itérative.

TG. : cela ne s’improvise pas. Avez-vous tous trois entrepris cette tache seuls ? Avez-vous été accompagnés ?

L.M. : effectivement, nous avons gagné du temps sur les calculs en faisant appel à une solution SaaS spécialisée : Aktio. C’est un dashboard qui intègre les facteurs d’émissions de la base carbone de l’Ademe. Notre périmètre d’étude portait sur les émissions des scopes 1, 2 et 3 des activités de Artefact en France en 2019 (avant la pandémie) :

Pour le scope 1, on se doutait que les émissions carbones émises directement sur place, de part de notre activité, allaient être assez faibles.

Le scope 2 concernant les émissions indirectes, fait de nous logiquement des émetteurs intermédiaires, puisque nous achetons de l’électricité.

Le scope 3 lui concerne toutes les autres émissions indirectes. Le transport des salariés, les achats, les immobilisations, l’empreinte numérique…  C’est sur ce calcul de notre scope 3 que nous avons le plus planché !

TG. : cet impact numérique, les citoyens commencent à en comprendre aussi les conséquences. Quelles sont vos conclusions sur ce sujet, en tant que société data, justement.

L.M. : en fait, il n’existe aucun standard sur le marché, chacun utilise sa méthode… Il est donc très difficile de mesurer avec précision une empreinte numérique environnementale. Nous avons travaillé d’abord sur notre utilisation des services cloud, puis sur notre impact media. Ces deux représentent 85% de notre bilan carbone. Mais cette mesure est imparfaite, et elle n’est ni « généralisable », ni « comparable ». Notre enjeu aujourd’hui est de nous rapprocher de nos partenaires tech, afin d’imaginer des synergies possibles de réduction de nos émissions.

TG. : quels objectifs, du coup, vous êtes-vous fixés ?

L.M. : d’agir sur ce qui est immédiatement possible, dans les trois scopes dont nous venons de parler.

Et embarquer nos clients sur une approche green tech. Aujourd’hui, nous sommes en pleine phase d’acculturation. Nous avons mis en place une fresque du climat en interne un vendredi par mois, c’est un atelier de trois heures qui vulgarise les causes scientifiques du changement climatique. Il faut absolument pouvoir convaincre les citoyens de ce qui se joue, en rendant ce sujet moins abstrait. C’est un process qui commence par soi. Mieux nous serons éduqués sur ces sujets, mieux nous pourrons les défendre à l’extérieur.

TG. : vous oeuvrez aussi sur le plan de l’insertion…

L.M. : oui, aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être ingénieur pour devenir data scientist. Les outils de traitement de données sont de plus en plus simples et accessibles. D’un côté il y aura toujours les mathématiciens pour créer des modèles, mais pour ce qui est de nos métiers, il faut former des gens. Et pas seulement des jeunes, contrairement à l’idée reçue ! Notre école Artefact School of Data permet en trois mois de devenir data scientist. Cette formation s’adresse à des volontaires qui ont la volonté d’apprendre et le désir de se reconvertir professionnellement dans la data. En effet, on ne veut pas être la énième formation qui lâche ses « élèves » dans la nature. Les cours sont donnés par nos experts et les élèves sont accompagnés par les RH et des mentors Artefact dans leur chemin vers l’emploi, de préférence chez nous !

TG. : qui formez-vous exactement ?

L.M. : personnellement, je m’adosse à des associations qui sont susceptibles de compter parmi leurs membres des gens partants. Social Builder, par exemple, travaille pour l’insertion des femmes dans le numérique. Nous oeuvrons également pour la reconversion. Les citoyens manquent d’information sur le sujet. Il y a un hiatus entre les opportunités et les idées reçues. Peu de gens sont au courant qu’il existe des formations « aux chiffres », à la data, qui pour autant ne vous demandent pas d’être matheux. Nos mentors accompagnent des profils assez éloignés de la tech, qui par exemple, peuvent ne pas avoir le bac, n’ont jamais fait de data, et qui se sentent hors jeu d’office. La tache est immense, l’information capitale.

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