20/06/2022

Temps de lecture : 3 min

Coûteuses mais prometteuses, l’espoir des énergies océaniques

Et si notre électricité était produite à partir du mouvement des marées, des courants et de la houle ? Si la technologie reste encore embryonnaire et exige des investissements importants, son caractère renouvelable et en partie prédictif pourrait bien convaincre les décideurs français, nos façades maritimes étant parmi les plus longues d’Europe.

Et si notre électricité était produite à partir du mouvement des marées, des courants et de la houle ? Si la technologie reste encore embryonnaire et exige des investissements importants, son caractère renouvelable et en partie prédictif pourrait bien convaincre les décideurs français, nos façades maritimes étant parmi les plus longues d’Europe.

L’Océan représente près de 71% de la surface de la planète. Un gisement considérable d’énergie qui représenterait entre 8 000 et 100 000 milliards de kilowattheures selon différents spécialistes. Une production d’énergie significative dont l’écart arithmétique s’explique par la pluralité des méthodes envisagées. Malgré ses potentiels, les énergies des mers ont été très largement oubliées des budgets de recherche et développement. En France, elles ont représenté ces trente dernières années seulement 0,1 % du budget consacré au secteur de l’énergie.

Cinq énergies marines

Les technologies océaniques ont beau être puissantes, elles sont dispersées et donc difficilement collectables. C’est pour cela que différentes méthodes de capture ont été mises au point. La plus ancienne et la plus mature d’entre elles est l’énergie marémotrice. Il s’agit d’exploiter la variation du niveau de l’eau en fonction des marées. À l’image d’un barrage horizontal, la centrale marémotrice laisse passer l’eau en son sein via des ouvertures lors des marées hautes. Lorsque la marée redescend, l’eau accumulée se retrouve piégée dans des bassins situés en hauteur, puis libérée afin d’actionner des turbines générant de l’électricité. L’avantage de cette méthode se trouve dans la prévisibilité des marées et le faible coût d’exploitation de l’infrastructure, bien que l’investissement initial soit élevé. Seconde énergie, celle de la houle des vagues, baptisée énergie houlomotrice. Cette dernière fonctionne à partir de flotteurs en série installés sur de vieilles plateformes pétrolières ou à proximité de digues maritimes. L’intérêt réside dans la densité énergétique de la houle, sa nature incessante ouvrant la voie à une production considérable. De nombreux projets pilotes ont d’ailleurs été lancés en Europe. Troisième énergie, celle des hydroliennes, qui exploite la puissance des courants sous-marins à l’image des éoliennes terrestres avec le vent. Il s’agit généralement de turbines fixées au sol, parfois même des cerfs-volants qui exécutent une trajectoire en forme de huit. Les éoliennes offshore ne sont pas dans cette catégorie. Quatrième méthode, l’énergie thermique des mers, qui exploite notamment dans les zones tropicales la différence de température entre les eaux profondes froides (environ 5 °C) et les eaux de surface plus chaudes (environ 25 °C). Mais il s’agit d’une énergie très balbutiante, à l’image de la cinquième et dernière méthode, l’énergie osmotique, qui exploite la différence de salinité entre l’eau douce et l’eau de mer. 

Une façade maritime de 11 millions de km2

Au-delà de la dimension renouvelable et inépuisable des énergies océaniques, c’est aussi leur très faible impact sur le paysage qui intéresse. Face aux polémiques sur l’éolien terrestre, les énergies des mers pourraient tirer leur épingle du jeu. Si ces dernières sont intermittentes, celles qui tournent à la houle et aux courants n’en sont pas moins prédictibles, ce qui permet de mieux piloter l’électricité, par nature difficilement stockable. Autre argument, la France bénéficie de onze millions de km2 d’eau de mer, un gisement considérable inégalé par ses voisins européens. Non reliées au réseau hexagonal, les collectivités d’Outre-mer pourraient aussi en bénéficier allègrement et y trouver une forme d’indépendance énergétique. En termes de conséquences environnementales, les systèmes d’ores et déjà mis en place ont un impact a priori assez faible. Les turbines hydroliennes tournent par exemple assez lentement pour ne pas hacher les poissons. Mais les études restent rares, et l’usage de produits chimiques pour éviter l’installation d’algues sur les surfaces immergées semble bel et bien dégrader les fonds marins et les organismes qui y vivent. 

Énergies complémentaires, mais pas révolutionnaires

Selon plusieurs spécialistes, les énergies marines ne seront pas aussi salutaires qu’on pourrait l’espérer. Le dernier rapport de l’association Négawatt estime à 0,5 % sa production d’énergie sur l’ensemble des énergies renouvelables d’ici 2050. L’organisme rappelle que le monde marin connaît des courants et des houles violentes, et que le caractère corrosif du sel dégrade les infrastructures immergées. Le coût est très élevé, et demande de gros investissements industriels. Même son de cloche pour le rapport « Futurs énergétiques » de RTE, qui parle d’une faible maturité technologique qui empêche un déploiement de grande ampleur à court terme. Les autres énergies renouvelables, au premier rang desquelles l’éolien et le solaire photovoltaïque, apparaissent nettement plus efficaces. Un constat logique au regard des investissements progressifs dont ces technologies ont bénéficié ces dernières décennies. Pour autant, l’Ademe rappelle que la courbe de réduction des prix de l’électricité hydrolienne est particulièrement encourageante. Certaines entreprises françaises comme HydroQuest travaillent d’ailleurs à une meilleure robustesse des dispositifs, produisant un élan industriel salutaire. Car même si les énergies des mers restent modérées dans la production d’électricité, la diversité qu’elles apporteraient serait particulièrement appréciée, les énergies renouvelables étant connues pour leur variabilité.

Allez plus loin avec The Good

The Good Newsletter

LES ABONNEMENTS THE GOOD

LES ÉVÉNEMENTS THE GOOD