Cdiscount est depuis longtemps engagé dans une démarche de réduction de son empreinte, ce qui lui a valu deux prix argent dans les catégories “Encourager une consommation responsable” et “Réduire les déchets” lors du 1er Grand Prix de la Good Économie 2021. The Good fait le point sur la transformation en cours de l’entreprise française de e-commerce avec Marie Even, sa directrice générale adjointe.
The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Économie ?
Marie Even : Nous voulons montrer qu’il existe un e-commerce français et européen capable de proposer un modèle alternatif où l’on peut concilier croissance économique et responsabilité environnementale et sociétale. Nous avons également à cœur de montrer ce que nous faisons à l’extérieur parce que cela stimule l’innovation à l’intérieur de notre organisation et permet aussi de mettre en valeur les équipes. La reconnaissance d’une action à impact positif amène l’action suivante. Ce prix a aussi été l’opportunité de rencontrer d’autres entreprises engagées. Je pense que c’est très important face à l’enjeu commun de partager les bonnes pratiques et de s’inspirer des uns et des autres.
TG : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre logique circulaire ?
M.E : Notre démarche est à la fois scientifique et pratique. Grâce à la réalisation de notre bilan carbone, nous avons identifié de façon rigoureuse les postes à émissions les plus importants pour déterminer ensuite nos enjeux principaux et sujets prioritaires. Au rang des sujets prioritaires, il y a tout d’abord l’offre. Comment pouvons-nous aider nos clients à consommer mieux ? L’un des projets avec lequel nous avons candidaté est destiné à soutenir la seconde vie des produits. Nous encourageons depuis 2019 nos clients à avoir une autre approche de la consommation avec des initiatives comme Cdiscount Reprise. Cdiscount Reprise permet aux clients de faire estimer la valeur de leurs produits, pour ensuite les proposer à des reconditionneurs qui eux opèrent exclusivement en France. Ce projet nous permet également de soutenir des PME françaises. Nous travaillons également avec des start-ups comme Spareka pour permettre à nos clients de faire de l’autodiagnostic et même de l’autoréparation et ainsi de prolonger la vie de leurs produits.
TG : Et sur votre stratégie de réduction de l’impact de votre logistique ?
M.E : Notre deuxième sujet prioritaire concerne la logistique : les entrepôts, le transport et l’emballage. Sur l’emballage, qui a donné lieu à notre second prix de la Good Économie, nous avons déployé 4 actions : généraliser les matériaux durables, réduire les quantités utilisées, supprimer le suremballage dès que cela est possible et imaginer l’emballage de demain. Nous sommes convaincus que la transition environnementale passera en grande partie par l’innovation. Grâce à notre collaboration avec la start-up Hipli, nous proposons par exemple des emballages réutilisables en plastique qui, dès la deuxième réutilisation, sont plus intéressants qu’un carton à usage unique. Notre démarche est d’identifier les innovations à l’intérieur mais aussi d’aller les chercher à l’extérieur de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle nous identifions et testons des innovations proposées par des start-ups notamment. Nous avons le terrain de jeu pour expérimenter leurs idées.
TG : Comment s’inscrit la RSE dans vos décisions ?
M.E : L’équipe chargée des sujets RSE est directement rattachée au Comex. Elle est volontairement en petit effectif car pour nous une politique RSE efficace doit être au cœur des opérations et non dans une équipe hors-sol. Par exemple, pour arriver à réduire de 30% le nombre de camions mis sur les routes ces 6 dernières années, nos équipes logistiques ont depuis longtemps parfaitement intégré les enjeux climat dans leurs opérations quotidiennes et dans leurs choix de partenaires ou d’investissements. Pour les équipes moins matures, l’équipe RSE est davantage présente pour les aiguiller sur les bons projets, les bonnes méthodes, les bons partenaires. En résumé nous avons une équipe volontairement resserrée avec une RSE qui est avant tout dans les métiers.
TG : Avez-vous rencontré des difficultés ?
M.E : C’est plutôt l’inverse. Nous avons une moyenne d’âge très jeune autour des 35 ans. Nous travaillons avec des générations qui attendent des entreprises qu’elles se mobilisent et agissent. Cela facilite et accélère une dynamique très forte, grâce à des collaborateurs porteurs de projets clés pour la transformation de l’entreprise. Nous les formons d’ailleurs dès leur intégration aux sujets RSE et tout au long de leur expérience en tant que collaborateur. Sur l’externe nous n’avons pas rencontré plus de difficultés. L’urgence saute aux yeux de tous. En revanche, selon les secteurs d’activités, les capacités à agir ou à investir ne sont pas les mêmes.
TG : Pouvez-vous nous partager des résultats ?
M.E : Nous avons un volume d’affaires annuel qui est de 4 milliards d’euros environ. Cdiscount.com est un observateur de la consommation avec un tiers de la population française qui se connecte tous les mois sur le site. Nous observons une montée importante de l’achat de produits reconditionnés. Aujourd’hui 1 téléphone sur 4 vendu sur le site est reconditionné. Cette tendance s’étend maintenant à d’autres typologies de produits. Nous avons lancé il y a 3 mois un partenariat avec une start-up qui reconditionne des poussettes. L’enjeu est d’identifier quels sont les produits avec une durée d’usage plus courte que leur cycle de vie possible – comme les poussettes – et de trouver des solutions pratiques pour allonger la durée de vie de ces produits.
Aujourd’hui 1 téléphone sur 4 vendu sur le site est reconditionné.