10/10/2022

Temps de lecture : 2 min

Transition énergétique : « le logement, grand oublié » (Arthur Jouannic, Delta-EE)

(tribune libre) Il y a quelques jours, le gouvernement a dévoilé les contours de son projet de loi sur “l’accélération des énergies renouvelables”. Objectif : rattraper le retard de la France par rapport aux autres pays de l’Union Européenne. En effet, en 2020, l’Hexagone était le seul à ne pas atteindre le seuil des 23% de renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie, à 19,1%. Certes, il est nécessaire de développer notre production renouvelable et de nucléaire pour permettre un mix énergétique bas carbone tout en assurant notre souveraineté énergétique. Néanmoins, si le gouvernement n’intègre pas dans sa copie le secteur du bâtiment, l’impact de cette nouvelle réforme sera insuffisant. Aujourd’hui, nous gaspillons bêtement du chauffage à cause de thermostats de basse qualité ou encore d’une mauvaise isolation. Nous gaspillons également l’énergie gratuite qui arrive directement sur nos toits en n’ayant pas de système de captage du solaire photovoltaïque ou thermique. Dans ce contexte, quels seraient les premiers contours d’un plan concret et efficace de sobriété énergétique aval-compteur en France ? Delta-EE, cabinet spécialisé dans la transition énergétique, partage ses recommandations.

Sur le court terme

En priorité, le gouvernement devrait se focaliser sur les plus gros axes de consommation énergétique des foyers français, à savoir le chauffage et l’eau chaude. A cet égard, accélérer l’adoption des thermostats connectés, permettant d’optimiser la consommation des particuliers, serait un premier pas. Avec un coût de 200 euros en moyenne par habitation, 1 milliard d’euros d’investissement permettrait déjà de connecter 5 millions de logements et de réaliser au minimum 15% d’économie sur une facture d’énergie.

De même, mettre en place des systèmes d’effacement diffus dans les logements fonctionnant avec du chauffage ou de l’eau chaude électrique, permettrait de réaliser des économies substantielles. L’effacement diffus permet de réduire temporairement la consommation d’électricité afin de maintenir l’équilibre du réseau électrique. Grâce à sa flexibilité, l’effacement assure des économies, réduit les difficultés liées au stockage et à l’acheminement de l’électricité, et évite de recourir à des centrales polluantes lors de pics de consommation.

Sur le long terme Isoler les passoires thermiques devrait être une priorité gouvernementale, avec un vrai plan d’action d’ampleur nationale. En 2022, il est impensable d’avoir encore 5,2 millions de passoires thermiques sur le territoire, ce qui représente 17,3 % du parc immobilier ! De même, depuis le mois de juillet, il est interdit d’installer de nouvelles chaudières au fioul dans les logements. Les chaudières au gaz, elles, ne sont exclues que dans le neuf. Pour les particuliers déjà équipés, il faut inciter à changer de mode de chauffage par des mesures suffisamment attractives. Or, le programme“Ma Prime Renov” devrait être encore plus ambitieux pour accélérer le déploiement des pompes à chaleur, dont l’équipement reste coûteux.

En parallèle, il est nécessaire de faciliter l’accès des particuliers aux panneaux solaires notamment dans le cadre de rénovation. Avec un coût moyen de 10 000 € par toiture et très peu d’aides existantes, l’énergie solaire reste encore inaccessible pour la majorité des ménages. Pour les bâtiments neufs, le gouvernement aurait tout intérêt de cofinancer et rendre obligatoire l’installation de panneaux solaires en autoconsommation, avec des batteries. L’autoconsommation totale consiste à consommer l’intégralité de la production électrique d’une installation solaire. Bien pratique en période de pointe de consommation sur le réseau électrique national …

Par Arthur Jouannic, Directeur du bureau français Delta-EE

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