Accompagnée par le cabinet Carbon Better, la toute jeune distillerie texane Fierce Whiskers a produit ce qu’elle présente comme le premier bourbon négatif en carbone. Explications.
En septembre, Fierce Whiskers, basé à Austin, a mis sur le marché 257 bouteilles de ce qu’elle présente comme le premier bourbon négatif en carbone. Nommé “Five O’Clock Shadow”, ce whisky produit en édition limitée illustre la volonté de l’entreprise de proposer des produits plus durables.
Cette initiative commerciale fait suite à la publication en 2021 du premier “sustainability report” de l’entreprise, menée dès la création de la distillerie en 2020, afin de quantifier ses différents impacts environnementaux. En partant de ce rapport, Fierce Whiskers a pu déterminer un taux d’émission pour chaque litre produit dans les Scope 1 et 2, auquel s’est ajouté le calcul des émissions de Scope 3 de chaque bouteille. Pour évaluer les émissions de Scope 1 et 2, Fierce Whiskers s’est appuyé sur ses factures de gaz naturel et d’électricité.
Pour le Scope 3, seules les bouteilles (composées de 80% de verre recyclé, mais importées d’Allemagne) ont été prises en compte : le coût carbone de leur transport a été évalué et complété par une analyse cycle de vie pour leur production. Une prochaine étape sera d’intégrer dans le Scope 3 la production des ingrédients et leur transport : c’est ce qui est prévu pour le prochain “sustainability report” de l’entreprise.
Une fois ce bilan établi, des crédits carbone ont ensuite été acquis pour faire plus que compenser le total des émissions. Chaque bouteille représente ainsi 2,85 kg de CO2, soit 732 kg pour tout le projet. La distillerie a compensé dix fois son impact, à travers cinq projets sélectionnés : une solution de capture du CO2 en Islande, une ferme solaire en Inde, une initiative pour l’accès à l’eau potable en Sierra Leone, une démarche d’agriculture régénérative au Texas et un projet de reforestation au Costa Rica.
Comme l’explique Carbon Better, qui a accompagné la distillerie dans ce processus d’évaluation des impacts et de compensation, ces achats de crédits carbone viennent en dernier recours : ils permettent de contrebalancer les émissions les plus difficiles à réduire.
En amont, Fierce Whiskers a bâti son usine de façon à maximiser les économies d’énergie, à réduire la consommation d’eau et à favoriser les énergies renouvelables, notamment avec des panneaux solaires, installés en avril 2021. L’entreprise se fournit également localement en matières premières : ses grains viennent à 99% d’agriculteurs texans de la région d’Amarillo. En fin de course, les déchets organiques issus de la distillation sont utilisés pour nourrir le bétail, dans une démarche de circularité.
Dans cette quête à la réduction des impacts, certains choix s’avèrent parfois cornéliens. Par exemple, en sachant que les sources d’eau de la région d’Amarillo courent le risque d’être épuisées, vaut-il mieux privilégier des approvisionnements locaux qui améliorent le bilan carbone de l’entreprise ou s’orienter vers des producteurs implantés dans des régions qui n’ont pas de problème de sécheresse, pour protéger les écosystèmes ?
