J’ai commencé ma carrière dans un secteur qui me passionne, le tourisme, en travaillant sur des sujets de marketing et sur le développement de l’activité événementielle pour de grands opérateurs touristiques. À l‘origine, je n’étais pas particulièrement sensibilisée aux questions écologiques. Mais l’organisation d’un événement d’entreprise au Cap Vert vers 2008 a agi comme un déclencheur. Dans ce pays où le tourisme était en train d’exploser, j’ai très clairement compris l’impact de ces infrastructures touristiques qui importent tout – les touristes, les denrées et le management – et créent des revenus dont 20% seulement reviennent aux territoires et à leurs habitants.
À partir de là, j’ai commencé à m’informer et à me former. Bien sûr, il y avait des fondations d’entreprise qui portaient ces sujets, mais je voulais être au cœur du réacteur, changer de l’intérieur ce métier. Je n’étais pas « née » dans le bain du développement durable mais il y avait de plus en plus de formations. J’ai pris l’initiative de rencontrer un certain nombre de personnes dans d’autres groupes du secteur du tourisme et d’autres secteurs, qui travaillaient déjà sur ces sujets. Ils m’ont alors convaincue qu’on pouvait agir très concrètement, sur tous les aspects de notre secteur, du ménage dans les chambres aux achats en passant par ce qu’on sert dans l’assiette. À la suite de cet échange, je me suis dit : « C’est ça, c’est ce que je veux faire ! ».
Quand j’ai rejoint le Groupe Pierres & Vacances-Center Parcs, il existait déjà un département Développement durable, mené par une spécialiste de ces enjeux, avec des compétences variées, un ingénieur, une personne chargée de la mission handicap… J’ai intégré l’entreprise à un poste à mi-chemin entre le Marketing et le Développement durable : j’étais celle qui parlait développement durable au marketing et réciproquement. Pour autant, les choses restaient encore très cloisonnées entre le business et les engagements écologiques ou sociétaux de l’entreprise. Le Comité exécutif où je suis intervenue, plus tard, a été un élément de bascule pour moi. J’y ai présenté l’évolution du reporting. Il s’agissait de passer d’un reporting « classique » de la performance extra financière à la vision risques/opportunités de la Déclaration de Performance Extra-Financière.
Et là, j’ai constaté un intérêt certain des dirigeants du Groupe pour cette approche qui leur parlait. Ils comprenaient que ne pas se saisir des enjeux environnementaux, climatiques, sociétaux était un risque mais aussi que ces mêmes enjeux ouvraient des opportunités business. Les trajets en avion commençaient à être décriés ? C’était une chance pour le tourisme de proximité que nous proposions. Les jeunes étaient de plus en plus avertis sur les sujets du climat ? Nos engagements RSE peuvent nourrir la marque employeur… Le lien était fait entre business et responsabilité sociale, sociétale et environnementale.
Depuis, les entreprises ont énormément évolué sur ces sujets et le contexte général aussi. Mais nous devons poursuivre nos efforts, continuer à convaincre sans cesse, à éduquer, à tous les niveaux de l’entreprise. Car le challenge auquel nous faisons face est colossal et les ajustements à la marge ne suffisent plus. Il s’agit de transformer nos activités, et d’embarquer nos clients dans cette transformation. Ces sujets peuvent générer beaucoup d’angoisse. Les consommateurs sont soumis à une vraie charge mentale : ils veulent bien faire, « pour la planète » mais ne savent pas toujours comment. En leur disant, dans nos destinations, vous allez manger local, goûter des plats végétariens, limiter vos déchets, nous leur permettons d’agir. En interne, chez les collaborateurs, ces questions génèrent aussi de la culpabilité. Il faut écouter, ne pas brusquer, co-construire les solutions avec eux. Mais cela requiert de l’énergie!
Cette année, j’ai été très fière de contribuer à la Convention des Entreprises pour le Climat. Nous avons été approchés par Eric Duverger qui pendant deux ans s’est consacré exclusivement à cette initiative. Notre directeur général, Franck Gervais, a également participé à cette aventure auprès de 150 dirigeants de petites et grandes entreprises. Nous avons travaillé sur une feuille de route de redirection pour chacune de nos entités ! Participer à ce collectif d’entreprises de toute taille six fois dans l’année à raison de trois jours par session m’a beaucoup apporté. Et voir que notre directeur général prend la mesure de l’urgence d’agir, c’était important aussi !
Je suis également active au sein de l’association des professionnels de la RSE et du Développement durable, le Collège des directeurs du développement durable. J’y retrouve d’autres professionnels qui travaillent à faire pivoter leurs entreprises. C’est un lieu à la fois un lieu de partage, d’expertise et de conseil … Nous nous entraidons !