Confrontée au dérèglement climatique, l’humanité va devoir s’adapter à des températures toujours plus extrêmes. Mais en sera-t-elle capable ? Une mission franco-suisse d’exploration scientifique envoie 20 volontaires dans différentes contrées hostiles pour étudier comment il réagissent dans ces environnements.
Dix hommes et dix femmes « pas des militaires, pas des astronautes, mais des personnes lambda« , âgés de 25 à 52 ans, sont partis en décembre pendant 40 jours en totale autonomie dans la forêt équatoriale guyanaise, avec des températures autour des 30 degrés et une humidité constante. Ils s’envoleront ensuite en février pour la Laponie finlandaise pendant la même durée, avant d’aller en mai dans le désert saoudien, où avec un mercure frôlant les 50 degrés « on pourra être au plus près de ce que pourrait être le climat d’ici 2050« .
Le programme, nommé Deep Climate, a été initié par le chercheur-explorateur Christian Clot, qui avait déjà testé en 2021 les effets de la perte de repères spatio-temporelles sur 15 personnes envoyées dans une mine pendant 40 jours, et par une quarantaine de scientifiques du CNRS, de l’Inserm ou de l’Institut du cerveau notamment. « Nous connaissons une période de changements profonds, notamment au niveau climatique, qui va impliquer des transformations importantes des conditions dans lesquelles nous vivons. Et la question qui se pose c’est celle de la capacité humaine à s’adapter à ce futur. Comment le corps, le cerveau mais aussi les comportements au quotidien vont réagir à des températures qui dépassent les 40 degrés, à une humidité de 100% ou au froid glacial, c’est ce que nous allons étudier, non pas en laboratoire, mais en situation réelle« , a souligné jeudi Christian Clot lors d’une conférence de presse.
Des volontaires occupés
Sur place, ces bénévoles effectuent diverses activités (canoé dans la jungle, traversées à ski ou à pied …) en se soumettant chaque jour à une série de mesures scientifiques ou médicales via des électrodes pour mesurer leur sommeil, des altimètres pour leur mobilité, des questionnaires sur leur moral, etc. Des examens plus poussés (prise de sang, IRM …) sont également effectués dans les 30 jours séparant chacune des expéditions.
Selon les experts climat de l’ONU (Giec), le réchauffement climatique va intensifier les épisodes extrêmes, comme les canicules ou les tempêtes hivernales, soumettant les populations à des conditions climatiques plus rudes, avec certaines parties du globe devenant invivables faute d’une capacité humaine à s’adapter à de telles conditions. De précédentes recherches en laboratoire ont déjà montré que face à des températures extrêmes, le corps humain pouvait développer différents symptômes, comme de la fatigue, des maux de tête, la formation de caillots sanguins ou de l’irritabilité.
Les premiers résultats de la mission Deep Climate sont attendus fin 2023/début 2024.
Papier réalisé avec l’AFP.