(contenu abonné) Co-fondatrice du Réseau Vrac qui compte 1000 entreprises françaises adhérentes, Célia Rennesson raconte les combats qu’elle mène au sein de cette association pour valoriser et encourager le vrac et le réemploi.
The Good : Quel bilan faites-vous du Mois du Vrac qui vient de s’écouler en mars ?
Célia Rennesson : Nous sommes très satisfaits des retombées pour cet évènement dont la visibilité a doublé par rapport à l’année précédente. 31 jours pour mieux consommer, c’était la promesse de cette 2e édition initiée par Réseau Vrac, et elle a été tenue. Durant tout le mois de mars, les professionnels du vrac, magasins, fournisseurs de produits et apporteurs de solutions, mais également les partenaires de l’association Réseau Vrac se sont mobilisés pour faire découvrir le vrac, de manière positive et dynamique. Résultat : plus de monde est venu en magasins !
The Good : Le Salon du Vrac et du Réemploi aura lieu les 14 et 15 mai prochains. Que promet cette cinquième édition ?
Célia Rennesson : Nous avons rajouté « et du Réemploi » car ce dernier est fortement lié au vrac dans son dessein d’être dédié aux alternatives à l’usage unique. Cette année, 150 exposants et cinq univers d’exposition seront représentés sur 2550 m2 : Alimentaire, Services-Equipements-Emballages réemployables, Cosmétiques, Détergence et Jeunes Pousses. Nous dédions un espace, le pavillon « prospectives », pour découvrir les dernières tendances et innovations, sachant que nous avons recensé une innovation par mois en moyenne en 2022. Nous attendons 1500 visiteurs sur deux jours dont des commerçants, des porteurs de projets, des marques de grande consommation, des agents publics et collectivités territoriales, des acteurs institutionnels, ou encore des journalistes. Les visiteurs pourront se nourrir intellectuellement grâce à des conférences sur les enjeux législatifs, les retours d’expériences, des découvertes de nouveautés en avant-première… Nous aurons aussi des ateliers pédagogiques sur la Fresque du Plastique. Il y aura aussi la troisième édition des Trophées du Vrac avec un Coup de Cœur Vrac à élire pendant le Salon.
The Good : 2023 marque un tournant avec une accélération des lois pro-vrac ?
Célia Rennesson : Absolument ! La loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) et la loi Climat et Résilience sont des symboles forts prônant le réemploi de l’emballage. Le Réseau Vrac travaille d’ailleurs étroitement avec le gouvernement sur ces sujets pour faire bouger les lignes. On voit déjà l’obligation des professionnels de la restauration rapide de se mettre au réemploi, en 2024 viendra la généralisation du tri des biodéchets… 2023 touche tous les secteurs qui n’ont plus le choix que de réduire la taille de leurs poubelles. Le Salon du Vrac et du Réemploi mettra d’ailleurs en avant de nombreuses solutions pour y parvenir. Rappelons aussi que les magasins auront tous l’obligation de proposer 20% de produits en vrac d’ici 2030.
The Good : Vous militez pour expliquer que le vrac et le réemploi représentent une opportunité business ?
Célia Rennesson : Oui ils peuvent devenir un avantage compétitif puissant. C’est un nouveau marché qui pousse à être plus créatif en imaginant des nouvelles recettes, des nouveaux parcours ou encore des nouveaux modes d’achat. Et puis c’est quand même une nécessité absolue de s’y mettre car il y a urgence pour notre planète inondée de déchets ! Il est possible de se réinventer aussi pour les consommateurs plus exigeants sur la composition des produits qu’ils achètent. On voit aussi que cela entraîne un cercle vertueux à plusieurs niveaux. En effet, les entreprises de vrac sont actrices et motrices d’une économie durable au cœur des territoires. Selon notre étude, 81% des fournisseurs déclarent que le développement d’une gamme vrac a entraîné au moins un changement vers des pratiques vertueuses dans l’entreprise, que ce soit un travail sur l’éco-conception des emballages, le développement d’emballages amont réutilisables ou encore une vigilance sur la provenance des matières premières. Par ailleurs, savez-vous que 63% des matières premières chez les fournisseurs de produits alimentaires sont d’origine France et le pourcentage monte à 81% chez les fournisseurs de produits cosmétiques et détergents ?
The Good : Pouvez-vous nous rappeler la raison d’être du Réseau Vrac ?
Célia Rennesson : L’association Réseau Vrac a été créée pour concourir au développement des systèmes alimentaires et non alimentaires durables. Elle compte aujourd’hui 1000 entreprises adhérentes françaises et représente 2000 professionnels du secteur du vrac. Nous luttons contre les lobbies de l’emballage, n’avons pas d’équivalent dans le monde et notre force est de rassembler les acteurs de la filière vrac. Nous faisons progresser les lois sur ces sujets sur tous les maillons de la chaîne de valeur. Nous fournissons un socle de connaissances et une veille à nos adhérents, des outils techniques et webinars, des études et ressources, catalogues produits et faisons du lobby pour valoriser le vrac et le réemploi. Nous encourageons toutes les entreprises à venir au salon et rejoindre notre association. L’avenir de la société rime avec moins mais mieux ! Nous voulons construire en France une filière du vrac et du réemploi forte, reconnue et impactante tant écologiquement (économie d’eau, de CO2, d’énergie, d’aliments et de déchets), que pour la réindustrialisation (par exemple le réemploi représente 10000 emplois non délocalisables) et la souveraineté nationale. Pour finir, et pour amplifier nos actions, nous sommes en train de fusionner avec Réseau Consigne et Réseau Consigne et Réemploi IDF.