15/05/2023

Temps de lecture : 6 min

« Nous utilisons notre propre technologie pour progresser vers nos objectifs de développement durable », Justin Keeble (Google Cloud)

(contenu abonné) Justin Keeble, directeur du développement durable monde de Google Cloud, raconte les enjeux et la stratégie de développement durable de son entreprise.

Justin Keeble, directeur du développement durable monde de Google Cloud, raconte les enjeux et la stratégie de développement durable de son entreprise.

D’après le rapport Sustainability 2023 Google Cloud, les dirigeants français sondés placent l’engagement ESG en deuxième position parmi leurs priorités. C’est l’un des résultats de cette étude globale menée dans 16 pays par The Harris Poll pour Google Cloud, sur les engagements et la perception des entreprises en matière de développement durable. A l’occasion de la publication de ce nouveau rapport, Justin Keeble, directeur du développement durable monde de Google Cloud, décrypte les résultats clés de cette étude et explique les enjeux et la stratégie de développement durable de son entreprise.

The Good : Quels sont les grands enseignements de cette étude ? 

Justin Keeble : Il s’agit de la deuxième édition de notre étude mondiale sur le développement durable, menée dans 16 pays, auprès de cadres dirigeants. Si le développement durable reste une question cruciale pour les entreprises, on note des signes d’inquiétude, d’espoir, de maturité et de prise de conscience croissante vis-à-vis de ce sujet. Malgré l’inquiétude grandissante du grand public et de la sphère politique quant à l’urgence de lutter contre le changement climatique, les vents contraires actuels ont eu un impact notable sur le niveau de priorité que les entreprises accordent à cette question. Après avoir été la priorité numéro un des entreprises en 2022, les efforts en matière d’ESG ne figurent plus qu’en troisième position au niveau mondial, derrière l’optimisation des relations avec les clients et l’augmentation des revenus. Il s’agit là d’un signe clair de l’impact de la situation économique actuelle.

Cependant, en France, le développement durable arrive en deuxième position des priorités, ce qui suggère que les entreprises hexagonales continuent d’y accorder une plus grande importance que dans le reste du monde. 92% des dirigeants Français interrogés reconnaissent que les clients sont plus enclins à s’engager avec des marques durables. A l’évidence, le développement durable est perçu comme un investissement à long terme pour l’avenir de l’entreprise. Les dirigeants font également preuve d’une plus grande maturité, expliquant qu’ils sont conscients que leurs activités en matière de développement durable sont surestimées.

Dans cette optique, la mise en place d’indicateurs d’évaluation est considérée comme un moyen d’atténuer ce greenwashing involontaire et de combler le fossé entre l’intention et l’action. Au-delà des outils, il y a la méthode. Le développement durable devrait être inclus dans les priorités des entreprises, de haut en bas de la hiérarchie, porté par une ou plusieurs personnes dirigeantes dédiées à la question, et être intégré dans la feuille de route globale des entreprises. Les actions et le budget associé ne doivent pas être cloisonnés au sein d’une seule équipe. Cela nécessite au contraire de développer davantage la transversalité des connaissances au sein de l’organisation et de définir un système clair de responsabilité. L’engagement et le dynamisme des dirigeants, l’agilité et les connaissances de l’équipe sont essentiels pour que l’entreprise progresse sur la voie du développement durable.

The Good : Comment agir pour faire reculer le greenwashing selon vous ?

Justin Keeble : Comme le montre notre étude mondiale, il est essentiel de mesurer son impact pour une meilleure gestion. Il faut évaluer la situation, fixer des objectifs clairs (et ambitieux !), suivre les progrès accomplis, contrôler, réévaluer, et corriger pour s’améliorer. Ce que vous ne pouvez pas mesurer n’existe pas ! Dans ce contexte, il faut développer une approche basée sur les faits et joindre la parole aux actes. 

Le développement durable doit être décidé au plus haut niveau de l’entreprise, par la direction, en créant un sentiment d’appartenance, une compréhension claire des objectifs à atteindre et de la voie à suivre, et selon une démarche agile en place dans toute l’organisation. 

Il faut également être à la fois ambitieux dans ses objectifs et humble, car ce défi l’exige. Les entreprises doivent travailler en partenariat avec leurs fournisseurs, leurs clients, et l’ensemble de leurs publics. La durabilité, tout en étant une priorité que l’on s’approprie, doit également être partagée et toutes les parties prenantes de l’entreprise doivent s’y rallier.

Enfin, et surtout, la technologie est là pour nous aider. Elle fait partie des moyens disponibles pour atteindre ces objectifs, mais elle ne résoudra pas tous les problèmes. Elle joue son rôle et doit être considérée comme un outil permettant d’atteindre des objectifs supérieurs en matière de durabilité.

The Good : Comment la stratégie et les actions de développement durable de Google Cloud s’intègre dans celles de sa maison mère Google ? 

Justin Keeble : Très tôt, Google s’est attaché à développer des services qui améliorent considérablement la vie de milliards de personnes tout en gérant ses activités de manière plus durable sur le plan environnemental. Il s’agit d’un processus complexe, qui se déroule à tous les niveaux de l’organisation, qui est documenté avec précision et qui est également très concret. 

Prenons l’exemple de l’énergie et mettons les choses en perspective : 

  • Depuis 2007, Google compense les émissions de carbone de ses activités ;
  • Depuis 2017 nous compensons notre consommation annuelle d’électricité avec 100% d’énergie renouvelable. Nous sommes la première entreprise de notre taille à le faire;
  • En 2020, nous nous sommes fixé l’objectif ambitieux de fonctionner avec de l’électricité sans émission de CO2 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, d’ici à 2030. Cela signifie qu’une énergie propre alimente chaque data center et chaque campus, à chaque heure de la journée. À la fin de l’année 2021, nous étions à 66 % d’électricité décarbonée. 

Les centres de données de Google sont conçus, construits et exploités de manière à optimiser l’utilisation des ressources. L’entreprise s’efforce de faire en sorte que chaque data center accélère la transition vers les énergies renouvelables et les solutions à faible émission ou sans émission de carbone.

  • Par exemple, nous avons construit notre centre de données en Finlande au bord de l’eau, ce qui nous permet d’utiliser efficacement de l’eau déjà assez froide pour le refroidir.
  • En moyenne, un centre de données Google consomme 50 % d’énergie en moins qu’un data center classique et fournit cinq fois plus de puissance de calcul qu’il y a cinq ans en utilisant la même quantité d’électricité.
  • Nous avons maintenu la certification ISO 50001 (gestion de l’énergie) pour 12 de nos 14 data centers détenus et exploités par Google dans le monde, qui représentent plus de 96 % de notre consommation d’énergie pour notre informatique.
  • Nous réutilisons nous-mêmes les émissions de chaleur lorsque nous le pouvons et nous nous engageons à trouver d’autres possibilités de réutilisation de la chaleur résiduelle. En outre, nous savons que l’énergie la plus propre est celle qui n’a pas été utilisée. Il s’agit d’un élément important de notre objectif, qui est de fonctionner sans énergie carbone d’ici à 2030.

Ces efforts sont déployés dans l’ensemble de l’organisation. Nous utilisons notre propre technologie pour progresser vers nos objectifs de développement durable, comme l’utilisation de notre IA pour réduire la consommation d’énergie de nos centres de données de 30 %. Nous la partageons aussi avec l’ensemble de nos clients et utilisateurs, notamment en leur proposant les itinéraires ayant la plus faible empreinte carbone dans Google Maps.

The Good : Comment Google Cloud s’engage pour un internet responsable ?

Justin Keeble : Les deux sont inextricablement liés. Notre infrastructure répond aux mêmes exigences. En nous concentrant sur le cloud, nous offrons une variété de produits et de services qui permettent à nos clients d’exploiter leur charge de travail dans le cloud tout en gardant la durabilité à l’esprit. Notre suite de solutions Carbon Sense, par exemple, est continuellement alimentée avec de nouvelles données, élargissant la couverture des rapports et facilitant la tâche des architectes et des administrateurs qui travaillent dans le cloud pour prioriser la durabilité. Notre outil de sélection des régions Cloud permet à nos clients de choisir la zone où ils souhaitent exécuter leur charge de travail en fonction de leurs objectifs en matière d’empreinte carbone. Pour les équipes chargées du développement durable qui ont besoin d’accéder aux données sur leur empreinte carbone à des fins de reporting, nous avons lancé un outil de gestion des identités et des accès (IAM), permettant aux profils utilisateurs non techniques de Google Cloud d’accéder facilement aux données sur leur niveau d’émissions et de les utiliser à des fins de suivi, de reporting ou dans le cadre de leurs publications.

Au-delà de nos produits, nous joignons nos forces à celles de nos partenaires et de nos clients. L’initiative GCR-Sustainability fédère 23 partenaires qui ont apporté leurs plateformes climatiques, ESG et de développement durable à Google Cloud et à travers des secteurs variés. Pour des entreprises comme L’Oréal, la possibilité d’utiliser Carbon Footprint et de mesurer leurs émissions brutes de carbone dans le Cloud leur permet de suivre en aval l’impact de leurs stratégies de durabilité et de leurs décisions en matière d’architecture. Le Global Fibre Impact Explorer (GFIE), que nous avons construit en partenariat avec le WWF et Stella McCartney sur Google Earth Engine et nos technologies cloud est désormais utilisé par le Textile Exchange en partenariat avec le NGIS. Il aide les marques de mode à comprendre le risque environnemental de leur approvisionnement en matières premières, en relation avec des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air, la biodiversité, le climat et les gaz à effet de serre, la sylviculture et l’utilisation de l’eau. En début d’année, nous avons lancé un nouvel accélérateur de startups axé sur le changement climatique.

En bref, nous voulons continuer à transformer nos ambitions en actions et à offrir l’une des infrastructures dans le Cloud les plus propres au niveau mondial et local.

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