Mon histoire personnelle a été profondément marquée par la conscience des contrastes géopolitiques et des inégalités sociales, une réalisation en forme de point de basculement qui a impacté l’ensemble de mes choix. Je viens d’une famille multiculturelle, et j’ai passé mon adolescence au Moyen-Orient, au Liban plus précisément. Un pays de la taille de l’Ile-de-France dans lequel peuvent exister les contrastes les plus fous, voire les plus absurdes : d’un quartier, d’une rue, parfois d’un immeuble à l’autre. Ces injustices sociales omniprésentes ont déclenché une prise de conscience profonde, que j’ai vécue dans ma chair et qui m’a accompagnée toute ma vie.
Une chose était sûre : je voulais jouer un rôle pour combattre les failles de ce système. Tant mes études d’économie comme mes recherches sur le climat, jusqu’à mon mémoire de fin d’études à Sciences Po (sur le lien entre la performance environnementale et la compétitivité des entreprises), ont nourri ma volonté de m’impliquer dans cette lutte. Des personnalités inspirantes, comme Maria Nowak, Muhammad Yunus, ou encore Jean Jouzel, m’ont montré que des modèles plus responsables et plus humanistes existent ; encore faut-il être suffisamment nombreux pour les porter. Alors, comment incarner ce changement et apporter sa pierre à l’édifice ?
J’avais trouvé ma voie : une voie humaine qui m’a amenée à débuter ma carrière au siège d’une ONG engagée sur des projets de réhabilitation et de développement, dans des situations d’urgence dues à des événements extrêmes, comme des catastrophes naturelles. Mais au-delà d’adresser les conséquences humaines d’un système défaillant, je voulais aussi agir en amont avec une vision holistique : il m’est apparu évident d’intégrer le monde de l’entreprise, d’en comprendre ses rouages pour pouvoir influencer les décisions stratégiques en faveur d’un modèle de transformation durable. C’est ainsi que j’ai eu l’immense chance d’allier mes valeurs personnelles à mon projet professionnel, en incarnant cette ambition au sein de multiples organisations : la Direction Développement durable d’HSBC France, le siège du Groupe Bel et désormais, depuis 4 ans, Europcar Mobility Group.
Beaucoup de pionniers de la RSE évoqueront un parcours semé d’embûches, où la tentation de jeter l’éponge est forte. À mes débuts, il y a 17 ans, la RSE n’existait pas réellement en tant que domaine professionnel. Pour la faire émerger au-delà de la communication et de l’image, et en faire un sujet stratégique, Il a fallu des années de persévérance et de conviction, et l’appui de multiples alliés ; pour que finalement ses enjeux s’imposent d’eux-mêmes face à l’urgence, poussés par la réglementation et par l’écosystème lui-même.
La RSE est un métier exigeant où il faut à la fois faire preuve de militantisme et de technicité pour agir au plus près des activités de l’entreprise, mais aussi avoir la vision nécessaire pour anticiper les évolutions et mettre en place les investissements nécessaires aux transitions.
Certes, la RSE a désormais le vent en poupe ; mais encore faut-il avoir le courage d’incarner cette mission tout terrain sur la durée, avec l’agilité et la résilience demandées. C’est un défi quotidien qui ne peut être nourri que par un engagement sincère. La prise de conscience au sein de l’entreprise n’est pas chose simple, c’est un chemin à la temporalité extensible : il suffit du départ d’un allié, d’un changement de dirigeant, d’une situation de crise pour que l’objectif fixé ne s’éloigne.
Pourtant, malgré les obstacles rencontrés, je suis fière de mon travail au sein d’Europcar Mobility Group, et de porter une stratégie de réduction carbone validée par la Science Based Targets Initiative : une lutte cruciale pour la mobilité durable ! C’est avec cette même implication que je défends les intérêts des métiers de la RSE au sein du Conseil d’administration du Collège des Directeurs du Développement durable dont je fais partie. Association de référence pour la représentation et la promotion des métiers de la RSE, le C3D a vu sa mission se parfaire au cours du temps pour atteindre un niveau de maturité conséquent et asseoir ses priorités aux comités de direction des entreprises. Et c’est probablement la plus grande victoire !