Mais que peut-il bien se passer du côté du Mouvement Impact France (MIF) à quelques jours de son changement de présidence ? Un vent de protestation souffle depuis quelques temps à l’intérieur du MIF (ancien Mouves), en provenance de quelques anciens présidents et membres fondateurs. Étrange dans un monde où la solidarité et l’impact positif sont prônés. Et ça commence à faire du bruit : quelques billets chez nos confrères du Canard Enchaîné par-ci, une tribune dans le JDD pour annoncer la création du Collectif des Entrepreneurs Sociaux par-là. « Ça va se tasser », temporise Philippe Zaouati, CEO de Mirova et administrateurs du MIF, avant de piquer « ce n’est pas en se recroquevillant sur l’économie sociale et solidaire que l’on arrivera à transformer l’économie » et de regretter des « attaques » sur le salaire de Pascal Demurger, DG de la MAIF, l’un des deux futurs (et seuls) candidats à la présidence du MIF, avec Julia Faure, co-fondatrice et dirigeante de Loom. On sent le sujet sensible.
Mais qui sont ces irréductibles gauloises et gaulois qui sèment le trouble dans l’eau d’apparence limpide des entrepreneurs à impact ? Réponse avec Jonathan Jérémiasz, ancien président du MIF, et porte-parole du tout nouveau Collectif des Entrepreneurs Sociaux (également à la tête de Comme les autres, Handiamo, l’Agence Solidaire et Voix Publique). « Les statuts du Mouvement Impact France stipulent que tous nos membres du collège des entreprises sociales et écologiques – dont les coprésidents doivent être issus – doivent être « notamment reconnus par l’agrément ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale) qui stipule que « la rémunération versée au salarié le mieux payé ne doit pas excéder un plafond annuel fixé à 10 fois le Smic » or le DG de la MAIF touche plus de 30 fois le Smic et ne correspond doncpas à cette définition ». Ce dernier serait donc entré comme le loup dans la bergerie, ce qui a été vécu comme « une trahison de nos principes éthiques et démocratiques », ajoute Jérémiasz. Avant de clamer « Nous ne sommes pas des extrémistes mais des militants exigeants de la traduction dans l’entreprise d’une cause qui est de vivre dans la justice sociale sur une planète habitable ». Et d’affirmer que son collectif « ne s’en tiendra pas à ça ».
A l’heure où la RSE se radicalise, comme on le souligne dans les couloirs de l’Observatoire de la RSE, et où le greenwashing et le greenhushing se renvoient la balle, on ne peut que regretter ces querelles internes quand on voit l’importance du collectif pour agir en faveur d’une économie régénératrice. Néanmoins, on ne pourra réussir que si une poignée d’irréductibles -perçus pour radicaux pour certains- se battront corps et âmes pour révolutionner le monde avec exigence, pertinence et droiture dans leurs valeurs. Et n’oublions pas que la transition économique ne se fera pas sans justice sociale.