(contenu abonné) Destination touristique prisée, la Turquie s’efforce désormais de privilégier des séjours plus responsables. Hôte de la dernière conférence du GSTC, le conseil mondial du tourisme durable, elle incite notamment ses hôteliers à améliorer leurs pratiques.
Dans les alentours d’Antalya, au sud de la Turquie, la mer est turquoise, le poisson grillé est au menu de tous les restaurants, les vestiges du passé antique se découvrent à chaque détour. La destination séduit : chaque année, la 7e ville de Turquie qui compte 2,5 millions d’habitants, gonfle jusqu’à 3 millions de résidents entre avril et septembre. Rien que pour les travailleurs saisonniers et sans compter les touristes qui affluent du monde entier. Or, rarement l’affluence est synonyme de tourisme responsable… Pourtant, le gouvernement turc tient à changer la donne, même si les grands resorts au millier de chambres trônent toujours en bord de mer. Preuve en est avec la dernière conférence du GSTC, le conseil mondial du tourisme durable, qui s’est tenue à Antalya en mai 2023. Le GSTC réglemente et gère les normes mondiales créées pour assurer la durabilité des voyages et du tourisme, identifiées sous le nom de « critères GSTC ». Si une ville devient hôte de sa conférence annuelle, c’est qu’elle entreprend une démarche sérieuse de responsabilité. D’ailleurs, à cette occasion, le GSTC a tenu à reconnaitre la performance de la Turquie qui est devenue le premier pays à suivre les engagements du GSTC en faveur du tourisme durable sous l’autorité du gouvernement. « Je suis confiant pour que cela aide la Turquie à progresser, assure MehMet Nuri Ersoy, ministre turc de la culture et du tourisme, en introduction du congrès. Non seulement l’écoreponsabilité est devenue une condition nécessaire pour maintenir la résilience, mais la Turquie est en mesure de transformer son tourisme. »
« Un système d’éducation »
Il est vrai que la Turquie a lancé en 2019 un master plan pour identifier les points d’amélioration. Deux ans plus tard, il est complété d’un « atlas de l’écoresponsabilité », définissant les destinations phares sur lesquelles travailler. Puis, la machine s’est mise en branle pour concrétiser les actions et accéder à des standards internationaux. Au cœur de cette démarche : la recherche de la reconnaissance du GSTC, à travers notamment la certification des hôtels.
Les critères des lieux d’hébergement reconnus par le GSTC se composent de quatre principaux domaines : gestion durable, impacts socio-économiques, impacts culturels et environnement-répercussions. Chaque vérification d’établissement se fait en trois phases, avant d’atteindre ce nouveau Graal qu’est la certification. « Les hôtels étaient prêts à faire des efforts, mais ils attendaient aussi un système pour les auditer, mentionne Elif Balci Fisunoglu, vice general manager de TGA, l’agence turque de promotion et de développement du tourisme. J’ai d’ailleurs rencontré les associations professionnelles d’hôteliers pour leur présenter les critères du GSTC. Je leur ai expliqué qu’ils ne sont pas destinés à les punir, mais qu’ils permettent de définir une road map facile à appliquer. Ainsi, par ce travail de certification, nous créons en même temps un système d’éducation. »
A ce jour, 1382 hôtels ont été vérifiés et 202 hôtels ont été certifiés. Bientôt, le macaron « safe travel » apposé à l’entrée des établissements qui ont fait valoir la sécurité avant tout en période de pandémie, sera remplacé par un macaron « sustain travel ». Des mentions qui rejoindront donc les différents labels dont peut déjà s’enorgueillir la Turquie, à commencer par le Pavillon Bleu, qui valorise les communes, plages et ports de plaisance qui mènent une politique de développement touristique durable. « Et nous sommes le pays qui compte le plus de drapeaux bleus au monde », affirme non sans fierté Elif Balc Fisunoglu. La Turquie semble en bonne marche, donc, pour passer du bleu au vert.