12/06/2023

Temps de lecture : 4 min

« Donner du sens à son métier permet d’être persévérant et résilient dans son travail », Celica Thellier (ChooseMyCompany)

(contenu abonné) La co-fondatrice de ChooseMyCompany raconte comment son entreprise, dont la mission est d’améliorer la relation au travail pour tous, a mené une enquête auprès de 80000 personnes pour comprendre l’impact du sens en matière de rétention au sein des organisation...

(contenu abonné) La co-fondatrice de ChooseMyCompany raconte comment son entreprise, dont la mission est d’améliorer la relation au travail pour tous, a mené une enquête auprès de 80000 personnes pour comprendre l’impact du sens en matière de rétention au sein des organisations.

The Good : Dans quel contexte s’inscrit votre étude « EngagementIndex » ?

Celica Thellier : Entreprise à Mission, ChooseMyCompany est engagée à améliorer la relation au travail pour tous. Nous avons mené l’enquête EngagementIndex 2023 auprès de 80000 personnes pour comprendre l’impact du sens en matière de rétention au sein des organisations. Depuis trois ans, les Français cherchent de plus en plus à “donner du sens” à leur vie professionnelle, pourtant la baisse du pouvoir d’achat remet le paramètre de la rémunération sur la table des négociations. 8 français sur 10 disent se serrer la ceinture actuellement. Mais quelle place le sens prend-t-il lorsque le pouvoir d’achat est menacé ?

Face à un futur incertain, les Français mettent en place des stratégies d’adaptation. Certains négocient leur salaire tandis que d’autres pensent à changer d’entreprise. Pour autant, lorsque le mode survie est enclenché, les actifs font tout pour rester pertinent et employable. Conséquence ? Une importance particulière donnée sur l’aspect formation pour rester compétitif sur le marché du travail et continuer d’évoluer. Un peu plus en marge, des tendances émergent discrètement comme le projet de changer de ville ou de partir vivre dans des pays où le coût de la vie est moins cher. Dans ce contexte d’incertitude, les cartes se rabattent alors et le jeu devient de plus en plus dynamique.

The Good : À quel point le sens donné à son travail compte-t-il dans le contexte actuel ?

Celica Thellier : Le sens permet d’être persévérant, résilient, d’aller jusqu’au bout de ses idées et objectifs. C’est ce moteur qui fait qu’on peut réaliser des choses difficiles ou qui ne font pas plaisir. Lorsqu’une mission “fait sens”, on se donne, on s’engage sans commune mesure. A contrario, le “manque de sens” génère son lot de questionnements, de doutes, de limitations menant à un appauvrissement de la mise en action. Les enquêtes de ChooseMyCompany aborde le sens au travail sous : quatre composants individuels : apprentissage, accomplissement, appartenance et aspirations et trois composants organisationnels : vision, autonomie, sécurité psychologique/reconnaissance

Nous faisons également la distinction entre “faire sens de son action” et “donner du sens” car la notion de sens est individuelle et ne peut en aucun cas être donnée par un tiers. Ainsi, les trois premiers leviers de l’engagement se trouvent parmi ces composants du sens : valeurs, la reconnaissance, confiance en la direction (vision). Ce sont les trois volets de la relation au travail qui influent le plus sur la satisfaction (selon nos analyses de corrélation). Le sens est donc fondamental dans l’engagement du collaborateur et dans sa loyauté.

Notre étude EngagementIndex® 2023 révèle quelles sont les deux populations qui en sont les plus satisfaites : les nouveaux collaborateurs et les managers. Ce sont des populations particulièrement choyées par les employeurs en termes de formation, explications de la stratégie et la mission, reconnaissance, feedbacks et encouragements apportés, bonne intégration à la communauté…

The Good : Salaire + Sens : l’équation est-elle soluble ou insoluble au sein des entreprises ?

Celica Thellier : En avant-première,  voici  un  extrait  de  notre  étude  EngagementIndex®  menée  auprès  de  80000 répondants. Si les entreprises ont trouvé des stratégies pour assurer la continuité de leurs activités et de leurs projets face aux incertitudes, il n’en est pas de même en matière de porte-monnaies des travailleurs. Pour preuve, 45.9% des personnes interrogées se déclarent satisfaites de leur salaire, soit   une baisse de 5,6 points. Même constat sur la satisfaction liée aux avantages proposés par leurs employeurs (51.8%) qui enregistrent une baisse de 4.7 points ! Ce sont les plus fortes baisses enregistrées depuis 8 ans, date à laquelle nous avons démarré le panel.

Il y a donc deux nouvelles réalités qu’il s’agit d’accepter :

  • La rémunération est désormais une zone totalement transparente. Tout se dit, se demande et souvent se sait ; c’est une zone ouvertement compétitive entre les entreprises. Si un salarié souhaite obtenir plus d’argent, il sera souvent plus efficace de changer d’entreprise.
  • les salariés ont le choix car de plus en plus d’employeurs sont en capacité d’offrir un travail dans un environnement positif : un management de qualité, de la flexibilité, des outils et locaux modernes, du développement professionnel. Ces derniers sont souvent des entreprises en pleine croissance qui développent simultanément leurs produits et leur culture, ce qui est très positif pour l’avenir de l’entreprise et de ses collaborateurs. Sens et salaire vont alors de pair. Il faut donc être pleinement conscient de l’importance à donner au sens tout comme à la réalité inhérente à la rémunération.

Dans cette lignée, nombre d’entreprises partagent, à titre individuel en travaillant sur les axes motivation, sens et salaire – et à titre collectif en proposant des dispositifs comme l’intéressement, l’actionnariat salarié et conditions facilitées en matière de flexibilité, mutuelle, garde d’enfants…

The Good : Comment retenir un candidat et l’engager jusqu’au bout ?

Celica Thellier : Une relation durable se crée lorsqu’il existe une symétrie des attentions. La réciprocité est clé. Deux populations vivent cela de manière plus intense et positive que les autres collaborateurs : les nouveaux entrants et les managers, privilégiés des entreprises comme expliqué plus haut. Le défi est donc aujourd’hui de mettre les moyens en place pour homogénéiser l’expérience pour tous, de manière à ce que chacun se sente stimulé, reconnu et traité de manière égale tout au long de son voyage professionnel dans l’entreprise.

Allez plus loin avec The Good

The Good Newsletter

LES ABONNEMENTS THE GOOD

LES ÉVÉNEMENTS THE GOOD