(contenu abonné) En matière de seconde main, Eram fait un grand pas en avant. Le chausseur français a lancé en novembre dernier Claquettes Market, sa market place dédiée à l’occasion, complétée d’une offre en magasin et d’un service de revalorisation des stocks dormants.
Le gaspillage textile ne concerne pas uniquement les jupes, pantalons ou autres tee-shirts. Les chaussures, aussi, sont pointées du doigt et les chiffres sont d’ailleurs effarants : d’après les estimations de la filière, 300 millions de paires de chaussures sont jetées chaque année en France. Alors que le marché de la seconde main explose, c’est donc une voie royale qui peut s’ouvrir au secteur de la chaussure. Sauf que… ces produits ne sont pas les plus recherchés. « Des freins subsistent quant à la chaussure en seconde main, commente Alexandre Gibou, responsable des projets mode circulaire et durable du groupe Eram. Il est question d’hygiène – on ne peut pas laver une chaussure comme on laverait une chemise – et d’essayage : la courbe du pied, la largeur, la pointure diffèrent selon les modèles. » C’est pourquoi, lorsqu’Eram lance Claquettes Market en novembre 2022, le groupe entend décliner l’offre en magasin. Claquettes Market, c’est sa plateforme de revente accessible à tous. Les clients moins à l’aise avec le numérique peuvent déposer la ou les paires dont ils veulent se séparer dans l’une des 60 boutiques participantes (sur les 300 que compte le groupe Eram à travers les enseignes Eram, Bocage et Mellow Yellow), les conseillers de vente s’occuperont de tout. « Ils proposeront un prix de vente, nettoieront la paire à l’extérieur et à l’intérieur, la prendront en photo, rédigeront l’annonce et la publieront sur Claquettes Market, énumère Alexandra Gibou. Et ils placeront également la paire en magasin. » Grâce à cette offre omnicanale, le client double les chances de voir sa paire trouver acquéreur. Il recevra alors un bon d’achat, auquel Eram offre 30 % supplémentaires. « Ce bon d’achat est à utiliser dans l’un de nos magasins, car l’objectif est de faire revenir la clientèle, souligne Alexandre Gibou. Il est, de plus, cumulable afin d’améliorer le pouvoir d’achat de nos clients. » Ces derniers ont également la possibilité de poster l’annonce eux-mêmes et de récupérer le prix de leur vente sur leur compte bancaire.
Objectif : un million d’euros
Pour l’heure, Eram n’a pas encore de retours précis quant à la quantité de chaussures écoulées via cette offre. Le groupe affirme toutefois avoir comptabilisé 8500 inscriptions depuis le lancement de Claquettes Market. Il vise le million d’euros de chiffre d’affaires d’ici 18 mois. En attendant, guidé par son programme RSE « Change for Good » lancé en 2018, le groupe a planché sur une autre initiative : la revalorisation de stocks inutilisés. « En construisant Claquettes Market, nous nous sommes rendu compte que nous avions nous-mêmes des milliers de produits invendus à cause de défauts, mentionne Alexandra Gibou. C’est pourquoi, nous avons recréé des ateliers de reconditionnement dans notre usine du Maine-et-Loire. Remises en l’état, nous proposons ensuite ces chaussures à la vente à un prix divisé par deux. » De janvier à septembre de l’année 2023, Eram a ainsi reconditionné 17 000 paires. Et l’enseigne veut aller encore plus loin ! En devenant l’acteur de référence de la chaussure seconde main : « Nous aimerions racheter les stocks défraichis ou défectueux des autres marques. Nous serions ainsi l’alternative business de leurs stocks perdus », partage la responsable. Une lutte contre le gaspillage en bonne marche.