(contenu abonné) Directeur Engagement & RSE chez Maisons du Monde depuis juin 2022, Rémi-Pierre Lapprend explique la raison d’être, la vision à long terme et les actions RSE du groupe côté en bourse spécialisé dans la décoration et le mobilier.
TheGood : Pouvez-vous nous rappeler la raison d’être de Maisons du Monde ?
Rémi-Pierre Lapprend : Depuis 2021, notre raison d’être est : « Inspirer à chacun l’envie de s’ouvrir au monde, pour créer ensemble des lieux de vie uniques, chaleureux, et durables ». Nous avons travaillé 18 mois sur cette raison d’être après une série de transformations : le changement de direction de notre entreprise auparavant familiale, l’entrée en bourse, la crise économique causée par la pandémie de Covid-19. Nous avions besoin de challenger nos enjeux de responsabilité et de nous donner une nouvelle vision à long terme. Notre enjeu est de promouvoir une décoration qui s’inspire du monde, unique, chaleureuse, accessible et durable. Notre mouvement RSE « Good is beautiful » découle de notre raison d’être : il recense tous nos produits écoresponsables, soit 35% actuellement de l’ensemble de nos produits.
TheGood : Comment l’enseigne protège les savoir-faire artisanaux ?
Rémi-Pierre Lapprend : De par notre histoire, et du fait que la majorité de nos produits proviennent d’Asie, nous considérons que la préservation de certains savoir-faire fait partie de notre responsabilité. Une centaine de produits intègrent ainsi notre sélection Good is beautiful (sur 10 000 références) car issus d’un savoir-faire artisanal préservé. Ces savoirs-faires artisanaux (tressage végétal, sculpture sur bois) sont mentionnés sur nos étiquettes afin que ces produits-là soient plus visibles en magasins.
TheGood : Comment Maisons du Monde embarque ses collaborateurs dans la transition écologique ?
Rémi-Pierre Lapprend : Nous comptons 8000 collaborateurs dans le groupe pour 350 magasins en Europe. La RSE est un sujet fort concernant notre marque employeur. L’enjeu pour nous, est de montrer à chaque collaborateur comment la RSE se concrétise dans son métier quotidiennement. Aussi, nous avons nommé un ambassadeur Good is beautiful par magasin, sur la base du bénévolat, parmi les profils les plus engagés. Chaque mois, il a un mission opérationnelle précise (concernant la baisse de consommation d’électricité, la diminution des déchets ou l’Arrondi en caisse par exemple). Plus expert en RSE que ses collègues, cet ambassadeur est plus qualifié pour promouvoir nos produits écoresponsables auprès de nos clients. C’est lui qui forme aussi et sensibilise ses collègues en magasin sur différentes thématiques RSE.
Par ailleurs, 100% des managers ont des objectifs RSE dans leur feuille de route, qui diffèrent en fonction des métiers.
TheGood : Comment Maisons du Monde se prépare à la directive CSRD ?
Rémi-Pierre Lapprend : C’est une marche importante à franchir ! Cela nous permettra de mobiliser davantage l’ensemble de nos directions sur ces sujets, et de travailler plus encore avec notre direction financière. Nous avions déjà évalué nos enjeux de double matérialité, mais la CSRD va nous pousser à aller encore plus loin, en cartographiant l’exhaustivité de nos enjeux notamment sur la biodiversité, ainsi que sur nos risques, opportunités, impacts, ou encore sur la résilience de nos chaînes d’approvisionnement. Cela nous permettra aussi de nous comparer aux autres.
Tout l’enjeu est au bout du compte d’adapter notre modèle d’affaires aux enjeux environnementaux et sociaux. Nous n’éduquons pas nos clients sur les enjeux RSE mais nous les accompagnons dans leurs nouveaux comportements, en proposant des produits moins impactant ou adaptés à de nouveaux usages (le vrac ou le compostage dans la cuisine par exemple).
TheGood : Quelle est l’action RSE dont vous êtes le plus fier ?
Rémi-Pierre Lapprend : Nous venons de lancer en octobre cette année notre offre « Seconde chance » qui valorise en boutiques tous nos produits présentant un petit défaut et nos modèles d’exposition. Au printemps 2024, nous mettrons également en ligne et à disposition de nos clients l’ensemble des produits comportant des défauts retournés par nos clients. Nous testons aussi d’autres services comme le rachat de meubles et le reconditionnement.
Cette nouvelle dynamique est importante au sein du groupe car elle a nécessité de structurer notre entrepôt de dépôt situé dans le Sud de la France avec un outil logistique adapté à ces nouveaux produits et une équipe d’une trentaine de personnes de métier différent (peintre, menuisier, etc) pour évaluer chaque produit défectueux et l’orienter dans le bon circuit. Si bien que nous ne jetons quasiment plus de produits sauf ceux qui présentent un risque ou sont inutilisables.
TheGood : Quelle action RSE a été la plus compliquée à mettre en place ?
Rémi-Pierre Lapprend : Ça a été de mettre au point notre référentiel « Good is beautiful », élaboré avec le soutien du cabinet EY et un comité de parties prenantes (composé notamment d’autres marques, d’experts et d’associations). Tomber dans le greenwashing est facile, nous avons voulu établir un référentiel strict pour éviter cela.
TheGood : Quels sont vos défis actuels ?
Rémi-Pierre Lapprend : Le premier défi est d’être aligné et d’aller au-delà de la réglementation, que ça soit la CSRD ou l’affichage environnemental. Nous voulons garder une longueur d’avance sur ces sujets RSE. Un autre défi concerne notre circularité avec cet enjeu d’avoir un modèle d’affaires rentable mais avec le moins d’impacts environnementaux et le moins d’émissions carbone possible. Nous continuons par ailleurs notre engagement social envers les personnes les plus démunis en meublant leur intérieur gracieusement avec l’aide d’associations telles que la Fondation des Femmes et La Croix Rouge. Nous sommes par ailleurs également engagés contre la déforestation dans le monde avec notre fond de dotation.