(contenu abonné) Cofondateur de Ring Capital, écosystème spécialisé dans l’investissement à impact, Nicolas Celier dévoile les coulisses de son activité comprenant la gestion d’un fonds d’investissement, un fonds de venture et un fonds philanthropique.
The Good : Quelle est votre analyse des grandes tendances de la finance à impact aujourd’hui ?
Nicolas Celier : Aujourd’hui, la finance à impact signifie trop souvent investissement dans le « green » et dans la transition énergétique. Chez Ring Capital, nous avons la conviction que l’impact doit marcher sur deux jambes car la transition environnementale ne pourra pas se faire sans justice sociale. L’impact ne se résume pas à une question d’émission de CO2 ! A titre d’exemple, il ne peut y avoir d’agriculture plus respectueuse de la nature et de la santé humaine sans agriculteurs rémunérés de manière juste et équitable.
D’autre part, on voit qu’il y a un véritable changement de paradigme, une prise de conscience en profondeur de notre société. Aujourd’hui ce sont les clients qui demandent aux fonds d’investir dans l’impact ! Cela étant dit, nous sommes encore très loin du point de bascule. Au-delà des acteurs du monde financier, cette révolution implique la mobilisation des jeunes, des associations, des élus et de l’État : c’est tous ensemble que nous y arriverons !
The Good : Quels sont les fonds qui structurent l’écosystème Ring Capital ?
Nicolas Celier : Notre écosystème est dédié à l’investissement à impact. Ring Capital finance et accompagne les entrepreneurs proposant des solutions aux principaux défis sociaux et environnementaux à travers quatre véhicules de financement à impact. Ces quatre fonds permettent d’accompagner les entrepreneurs à tous les stades de maturité : Ring Altitude (165m€), fonds de « growth », accompagne des entreprises matures et rentables tandis que Ring Mission (66m€), fonds de « venture », finance des start-ups en série A. Notre fonds Generations, lancé récemment en partenariat avec l’EDHEC Business School, est un fonds d’amorçage qui vise à financer de très jeunes entreprises à impact. Enfin, notre fonds philanthropique Ring Foundation est dédié au financement et à l’accompagnement de jeunes entrepreneurs associatifs.
Via nos différents fonds, nous avons accompagné ou accompagnons des start-ups comme Castalie dans la lutte contre le plastique ou encore Youschool dans le secteur de l’Edtech et Soil Capital dans l’agriculture régénératrice.
The Good : Quels sont vos critères d’accompagnement ?
Nicolas Celier : Notre mission est non seulement d’investir mais aussi d’accompagner les entrepreneurs sur l’impact et dans leur croissance. En effet, la finance à impact doit être reliée à la performance pour être attractive, car nous avons la conviction qu’impact et performance vont de pair. Ainsi, les entreprises que nous accompagnons doivent faire la démonstration de leur performance économique. Enfin, le management de l’entreprise doit intégrer en son cœur la notion d’impact à l’image d’une entreprise à mission. Chez Ring Capital, nous évaluons l’impact de nos participations à travers un double reporting comprenant des objectifs de performance financière mais aussi et surtout d’impact. Par ailleurs, la rémunération de nos équipes d’investissement est définie en partie par l’atteinte de ces critères d’impact.
The Good : Quelles sont les missions de Ring Foundation, votre fonds philanthropique ?
Nicolas Celier : Lancé en 2020, Ring Foundation vise à soutenir des associations à la fois sur le plan opérationnel et financier dans le cadre d’un programme de trois ans afin de les faire passer à l’échelle. Concrètement, le fonds accompagne, gracieusement, via des dons (jusqu’à 100 000 euros sur trois ans) et un accompagnement opérationnel en continu des associations ambitieuses qui utilisent l’innovation pour résoudre des problèmes environnementaux ou promouvoir l’inclusion. L’objectif est d’offrir à ces jeunes start-ups associatives leur entrée dans l’écosystème entrepreneurial de Ring Capital et de bénéficier ainsi du réseau et de l’accompagnement. Ring Foundation est notamment financé grâce au reversement de 5% des frais de gestion des fonds de Ring Capital. Depuis sa création, Ring Foundation a déjà soutenu six associations depuis sa création : Konexio, Entourage, Code Phénix, Solinum, Fratries et Share it.
The Good : En quoi la philanthropie fait-elle partie intégrante de vos actions ?
Nicolas Celier : La philanthropie fait partie intégrante de notre approche holistique de l’impact car nous avons la conviction que le soutien aux organisations à but non lucratif fait partie de la solution. C’est pourquoi, avec Ring Foundation, elles bénéficient d’un accompagnement similaire à celui des autres entreprises en portefeuille.
The Good : Plus globalement, d’où viennent les fonds que vous gérez chez Ring Capital ?
Nicolas Celier : Les fonds gérés proviennent d’acteurs institutionnels français tels que Tikehau Capital ou BPI France mais aussi européens comme le Fonds européen d’investissement. Nous comptons également des family office et des investisseurs individuels.
The Good : Qui compose l’équipe Ring Capital ?
Nicolas Celier : j’ai cofondé Ring Capital avec Geoffroy Bragadir qui a fondé et dirigé la société Empruntis. Composée d’une vingtaine de collaborateurs, notre équipe est très complémentaire et composée d’opérationnels de premier rang et d’investisseurs reconnus. Cette équipe est soutenue par une communauté d’experts et de mentors réunis au sein de Ring2Success, le programme d’accompagnement dédié aux entreprises du portefeuille. En septembre, nous avons eu le plaisir d’accueillir au sein de nos équipes Servane Metzger-Corrigou en tant que Chief Impact Officer.