27/11/2023

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A petits pas comptés, Macouria (97) se fait un nid durable

(contenu abonné) Cette commune de Guyane Française s’est engagée dans ce que le maire appelle une "politique des petits pas visibles" sur le chemin de la RSE. Gilles Adelson veut démontrer à ses administrés qu’il est possible...

(contenu abonné) Cette commune de Guyane Française s’est engagée dans ce que le maire appelle une « politique des petits pas visibles » sur le chemin de la RSE. Gilles Adelson veut démontrer à ses administrés qu’il est possible de faire aussi bien, voire mieux, en diminuant les coûts et en préservant l’environnement.

The Good : Quelles difficultés majeures rencontrez-vous pour mener à bien des projets responsables?

Gilles Adelson : Avant tout, le coût financier d’un changement de paradigme auquel nous nous heurtons via les appels à projet de type Fonds vert lancés par l’Etat et, qui entraîne une concurrence entre les collectivités pour en être lauréates. Il nous incombe aussi de faire acte de pédagogie auprès de nos administratifs, des élus et des usagers pour que l’intégration de la RSE devienne un critère incontournable dans nos politiques publiques.

TheGood : Empruntons donc vos pas japonais et commençons par un exemple, celui du projet de végétalisation de la Place des fêtes de Tonate…

Gilles Adelson : La Place des fêtes, qui est aussi celle du marché, est aujourd’hui 100% minérale. Durant la saison sèche, les températures y sont extrêmes, ce qui ne favorise pas l’appropriation de ce lieu par la population. Il nous faut gagner quelques degrés en l’ombrageant. Nous avons trouvé une essence qui pourrait correspondre à cet espace d’1,5 hectare : le poivrier blanc, qui pousse de façon contrôlable et dont les racines s’enfoncent dans le sol, ce qui préservera le revêtement de la place. Il présente en outre un feuillage dense. Une disposition bien réfléchie devrait nous permettre d’ombrager la Place des fêtes sur trois quarts de sa superficie, sans entraver marché ou manifestations. Les études sont terminées, elles prévoient l’implantation d’une cinquantaine d’arbres avec un lancement au début du 4e trimestre 2024 pour un budget de 10 à 15 000 euros.

Nous allons également végétaliser l’avenue Pripri, dans le quartier de Soula, une avenue magnifique mais difficilement supportable à la saison chaude, faute d’ombrages. Des arbres vont y être plantés sur 1 kilomètre, dans le courant de l’année 2025.

Dans les deux cas, mais surtout en ce qui concerne l’avenue Pripri, il va nous falloir sonder le sol pour savoir ce qu’il y a sous le bitume. Nous allons également devoir faire appel à un géomètre et à un hydrologue. Et bien sûr, solliciter pépiniéristes et paysagistes.

TheGood : Ce soleil, qu’il s’agit ici de masquer, aura-t-il son utilité ailleurs ?

Gilles Adelson : Nous avons le projet de changer nos candélabres électriques par des candélabres solaires. Avec une communication idoine, voilà un autre exemple d’une politique de « petits pas » efficiente qui peut susciter adhésion et ampliation près de nos administrés.

Nous espérons ainsi faire entre 45 et 60 000 euros d’économies d’énergie par mois. Ce projet répond à l’appel à projets du Fonds vert. Nous allons y consacrer un budget de près de 1,5 million dont 400 000€ de fonds propres. Il est mené en étroite collaboration avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Il nous faut d’abord valider les préconisations techniques (hauteur des mâts, intensité de l’éclairage en fonction de leurs installations, garantie décennale, etc.) avant de lancer l’appel d’offres.

Nous intégrerons des clauses sociétales. Outre le fait que nous imposons des mâts qui viennent de l’Hexagone, nous insistons sur le fait qu’il est impératif de réutiliser le maximum de matériaux existants sur nos candélabres actuels. Pour les batteries, nous sommes en pourparlers avec Total Energies pour le recyclage des batteries en fin de vie.

The Good : Puisqu’il est question de batteries ; parlons automobile. Avez-vous électrifié votre flotte automobile ?

Gilles Adelson : Cette transition est en cours. Nous avons déjà acquis quatre véhicules 100% électriques. Deux VP et trois VU pour le service technique.

La difficulté principale vient de l’absence de bornes électriques à recharge rapide. Leur coût est un frein et les agents redoutent l’absence d’autonomie. Pourtant, avec le recul, je constate que le comportement des utilisateurs au volant a changé (réduction de la vitesse, soin apporté aux véhicules, atténuation du bruit sur le parking du Service technique, etc.). L’objectif est d’économiser sur le carburant, l’entretien et les réparations. En Guyane, les pièces détachées sont hors de prix.

Enfin, nous venons tout juste de contractualiser avec une entreprise qui va nettoyer les véhicules de notre parc automobile (35 véhicules) sans utilisation d’eau (200 litres économisées par véhicule). En saison sèche, chaque voiture est lavée une fois par mois et deux fois par mois en saison de pluie.

The Good : Un dernier mot ?

Gilles Adelson : Quand il y a volonté, il y a chemin.

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