(contenu partenaire) Le rapport met en lumière des initiatives de lutte contre la précarité menstruelle dans 12 pays d’Europe et d’Afrique afin de repérer les conditions de leur succès et de leur passage à l’échelle.
Lancé en octobre 2020 à l’initiative du Groupe SOS et de quatre universités (Sciences Po, Sorbonne Université, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris Dauphine-PSL), l’Impact Tank est un think tank dédié à la valorisation et la mise à l’échelle des innovations sociales à impact positif. Il croise expertise académique et expérience de terrain pour inspirer l’action publique, les modèles entrepreneuriaux de demain et la mobilisation des acteurs privés au service des enjeux sociaux et environnementaux.
Introduit par Bérangère Couillard, Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, l’Impact Tank rend public, aux côtés de l’Agence française de développement, de Procter & Gamble, de DIM, et de la startup Fava, le rapport de leur groupe de travail inédit sur la précarité menstruelle. Ce dernier identifie des initiatives de lutte contre la précarité menstruelle dans 12 pays d’Europe et d’Afrique (Angleterre, Belgique, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ecosse, Ethiopie, Espagne, France, Kenya, Luxembourg, Madagascar et Sénégal) pour repérer les conditions de leur succès et de leur passage à l’échelle.
Les enjeux de santé et d’hygiène menstruelles sont par nature systémiques, à la fois sociaux, sanitaires, médicaux, politiques, économiques et environnementaux. Ils sont aussi dépendants des contextes géographiques, culturels et politiques, comme le montrent notamment les travaux pionniers de la doctoresse Julie Hennegan, et appellent à davantage d’investissement et de financement.
Dans les différents pays de notre étude, la lutte contre la précarité menstruelle est portée par des acteurs publics attentifs à la question des inégalités, mais surtout par des entreprises, des associations et des acteurs de l’économie sociale et solidaire qui s’engagent dans des projets d’innovation sociale, à côté des organisations de la société civile qui jouent un rôle majeur de médiation et de plaidoyer. Elle est constituée de pratiques émergentes et d’expérimentations nouvelles, autour de la collecte et la redistribution de protections, la construction d’infrastructures sanitaires adaptés à toutes et tous, la confection et l’utilisation de protections réutilisables, la formation des professionnels de santé, l’adaptation des espaces et du temps de travail. Elle est aussi l’objet d’innovations dans le domaine de la sensibilisation et l’éducation autour des normes sociales, des coutumes, et des croyances entourant les menstruations…
19 initiatives ayant un haut potentiel ont été identifiées dans plusieurs pays, parmi lesquelles :
· ApiAfrique (Sénégal), une entreprise sociale créée en 2016, certifiée B-corp, engagée dans la fabrication, la distribution et la commercialisation de produits d’hygiène réutilisables, ainsi que des actions innovantes de sensibilisation (création d’un web série, organisation d’ateliers de formations communautaires…)
· Kmerpad (Cameroun), une entreprise sociale créée en 2012, qui conçoit des serviettes hygiéniques lavables, et déploie des campagnes de sensibilisation et des sessions de formation dans les écoles, les prisons, les camps de réfugiés pour briser le tabou autour des règles
· La Cloche (France), une association qui agit contre l’exclusion des personnes en situation de précarité en proposant des activités créatrices de lien social de proximité, et qui porte le programme Le Carillon réunissant un réseau de commerçants qui mettent à disposition gratuitement des services, notamment l’accès aux toilettes pour se changer.
· Menstrualmente Hablando (Espagne), une association espagnole qui organise des ateliers d’éducation menstruelle pour améliorer la connaissance de soi et la gestion des menstruations.
· Grace & Green (Angleterre), une entreprise qui vend des produits périodiques naturels, biologiques, sans plastique, vegan, et durables, et propose aux écoles, universités et entreprises, une mise à disposition gratuite de protections périodiques dans les établissements.
Les travaux ont abouti à la construction d’un référentiel d’indicateurs communs au secteur permettant de mesurer l’impact des actions de lutte contre la précarité menstruelle, à la croisée des pratiques observées sur le terrain, et des préconisations du monde de la recherche : un outil concret à la disposition des acteurs privés et associatifspour initier des démarches de mesure d’impact, harmoniser leurs pratiques et convaincre les financeurs, et à destination des pouvoirs publics pour orienter leur soutien aux acteurs de terrain.
« Ces indicateurs doivent pouvoir mesurer la réalité de l’accès à des protections abordables et saines (comme la part du budget alloué aux produits menstruels, par exemple), la portée des actions de sensibilisation afin de faire progresser la connaissance du cycle menstruel et briser les tabous (comme le pourcentage de femmes n’osant pas parler de leurs règles…), ou encore l’impact des initiatives visant à adapter le milieu professionnel et à améliorer le bien-être au travail (comme le nombre de jours d’absence liés aux menstruations…) », explique Tony Bernard, directeur général de l’Impact Tank.
Aussi, le rapport dresse plus de 50 recommandations concrètes de politiques publiques, en s’inspirant des pratiques et initiatives identifiées dans chaque pays, et portées par de nombreux chercheurs académiques, associations, acteurs privés et institutions pour bâtir une société plus inclusive.