04/12/2023

Temps de lecture : 4 min

« Notre plus grand défi est de passer d’une somme d’initiatives à un nouveau modèle d’affaires », Raphaëlle Archambeaud (groupe L’Occitane)

(contenu abonné) Directrice du développement durable de L’Occitane, Raphaëlle Archambeaud explique à The Good comment le groupe de cosmétiques -devenu international (sièges au Luxembourg et en Suisse et...

(contenu abonné) Directrice du développement durable de L’Occitane, Raphaëlle Archambeaud explique à The Good comment le groupe de cosmétiques -devenu international (sièges au Luxembourg et en Suisse et coté en bourse à Hong Kong) et au chiffre d’affaires de 2,13 milliards d’euros en hausse de 17,9% sur son exercice 2022/23 clos le 31 mars dernier se réinvente sous certification B Corp. Comment il dialogue avec (plutôt qu’éduque) ses consommateurs pour qu’ils changent leurs comportements, sachant que 50% de l’impact carbone du groupe est lié à leurs douches chaudes…

The Good : Le groupe L’Occitane vient d’être labellisé B-Corp : est-ce une fierté ?

Raphaëlle Archambeaud : Oui c’est une grande fierté pour tous, nos 9000 collaborateurs, au niveau groupe avec nos huit marques (L’Occitane en Provence, L’Occitane au Brésil, Melvita, LimeLife, Erborian, Elemis, Sol de Janeiro et Grown Alchemist) comme au sein de nos filiales réparties dans 90 pays. Il existe peu de projets autant fédérateurs ! Celui-ci a nécessité trois années de travail. Cela nous a permis de valoriser nos bonnes pratiques et nous encourager à progresser, notamment à accélérer le déploiement des achats responsables.

Nous sommes fiers de dire que notre engagement à prendre soin des gens et de la planète a été reconnu et que nous rejoignons maintenant une communauté mondiale d’entreprises qui partagent notre passion pour rendre le monde meilleur. Maintenant, nous allons continuer à nous améliorer, à innover et à trouver de meilleures façons de protéger et de régénérer la nature dans notre façon de faire des affaires et de rester fidèles aux convictions sur lesquelles le Groupe OCCITANE a été fondé.

The Good : Qu’est-ce qui a été le plus compliqué dans cette certification ?

Raphaëlle Archambeaud : Le plus compliqué dans la démarche de certification B Corp a été de comprendre l’ensemble des questions. Ces dernières nous ont poussé à nous interroger sur toutes nos pratiques et le bon état d’esprit à adopter dans chacun de nos métiers. Nous avons une personne dédiée à la certification B Corp au sein de notre pôle RSE central qui fait aussi le lien avec les pôles RSE régionaux et internationaux. Depuis notre processus de labellisation initié il y a trois ans, nos routines de reporting ont été renforcées, la direction RSE s’est rapprochée de la direction financière. Et ce, notamment parce que notre audit effectué par B Lab pour obtenir la certification a duré dix mois.

The Good : Comment les métiers se transforment-il au sein du groupe au service de la RSE ? Avez-vous ou allez-vous créé de nouveaux postes pour répondre à l’urgence climatique ?

Raphaëlle Archambeaud : B Corp nous permet de progresser dans nos différents métiers. Chaque collaborateur a des objectifs et un bonus rémunération liés à sa performance extra-financière et au score B Corp du groupe – sachant que nous visons trois points supplémentaires par année et par pays. Absolument, nous avons créé de nouveaux postes comme experts en éco-conception, au sein de notre pôle conception. Nous avons aussi recruté une personne en charge de la finance responsable, qui pilote notamment la mise aux normes de la directive européenne CSRD.

The Good : Pouvez-vous nous rappeler la raison d’être du groupe L’Occitane ?

Raphaëlle Archambeaud : Notre raison d’être est : « Libérer le potentiel de chacun pour contribuer au bien-être de tous et régénérer la nature ».

The Good : Comment le groupe innove-t-il pour diminuer ses empreinte négatives et augmenter ses impacts positifs sur la planète ?

Raphaëlle Archambeaud : Nous nous focalisons sur nos gros impacts liés : 1/ aux méthodes agricoles donc aux sourcing de nos matières premières, 2/ à l’ecodesign de nos packagings (ex : écorecharges depuis 2013, lancement du tube Greenleaf majoritairement recyclable avec moins de plastique d’origine fossile en janvier 2024), 3/ à notre bilan carbone qui dépend à 50% des douches chaudes de nos consommateurs. Sur ce sujet, je déteste dire que l’on « éduque » les consommateurs, je préfère dire que l’on discute avec eux pour les accompagner dans leur changement de comportements.

Nous travaillons en effet sur la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement de nos 1500 matières premières et leur traçabilité. Aujourd’hui 80% de nos plantes sont tracées. Lorsque nous avons accès aux producteurs locaux (ex : beurre de karité au Burkina Faso, Immortelle, amande, lavande en France et Europe, coco et palme en Indochine et en Malaisie), nous travaillons avec des associations locales pour veiller à la fois aux pratiques agricoles responsables et aux conditions de travail. Concernant l’huile de palme, nous utilisons un dérivé issu de cette dernière pour l’élaboration de nos produits, nous mandatons l’organisme ASD pour garantir sa traçabilité et finançons des projets de conservation de forêts de palmiers.

Le groupe réalise par ailleurs plusieurs opérations de sensibilisation tout au long de l’année, comme les « portes de reconnexion à la Nature » pour découvrir le sourcing de nos plantes (lavande, immortelle…) en direct chez nos producteurs.

Le groupe compte sur l’empowerment des collaborateurs pour atteindre notre objectif commun de régénérer la Nature. C’est un immense défi ! Cela commence par la réduction des impacts négatifs. Le groupe y travaille notamment sur le volet social, en garantissant par exemple un salaire minimum dans tous les pays où il est présent, en accordant un congé parental de 12 semaines pour le second parent.

The Good : Quels sont les plus grands défis RSE auxquels le groupe L’Occitane fait face ?

Raphaëlle Archambeaud : L’un de notre plus important défi concerne l’eau : à la fois pour mesurer la consommation d’eau privée des consommateurs de nos produits mais aussi pour notre propre utilisation au niveau groupe. Nous travaillons sur le recyclage de l’eau dans nos trois usines (deux en France et une au Brésil). L’une d’entre elles, est située en Ardèche et utilise l’eau en circuit fermé.

Notre plus grand défi reste de passer d’une somme d’initiatives à un nouveau modèle d’affaires.

The Good : Quelle est selon vous l’action la plus représentative de l’engagement RSE des marques du groupe L’Occitane ?

Raphaëlle Archambeaud : Chaque marque a un engagement propre, que ce soit la biodiversité, le monde agricole, la place des femmes, la santé mentale…

Par exemple, après le Karité en 2009, l’Occitane en Provence a obtenu en 2023 la labellisation 100% Commerce Équitable de ses filières Verveine, Rose et Cade, selon le référentiel Fair for Life. Ces nouvelles labellisations viennent formaliser l’engagement historique de la marque auprès de ses producteurs pour l’évolution de leurs pratiques agricoles, notamment via l’Association Agroécologie et Commerce Équitable, Agriculture régénératrice en Méditerranée. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de reconnaissance en équitable pour l’ensemble des filières iconiques de la marque d’ici 2025.

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