Une longue file d’attente qui serpente à l’entrée du site, aux portes du désert: la dure réalité de la popularité des COP s’est imposée aux dizaines de milliers de délégués, observateurs et journalistes accrédités à la COP28 de Dubaï.
En sortant du métro, après quatre jours de COP, les participants courent désormais pour arriver plus vite aux contrôles de sécurité de l’ONU, qui organise la conférence sur le climat présidée par les Emirats arabes unis. Le plus frénétique fut ce week-end, avec plus d’une centaine de dirigeants mondiaux, et leurs entourages, se rajoutant au programme. « C’était horrible hier« , dit Natalia Cauvi, accréditée dans la délégation du Pérou. Après une heure de métro et 45 minutes de queue, « on arrive sur le site déjà fatigué« . « On a raté une réunion« , témoigne aussi lundi matin Johnson Cerda, de l’ONG Conservation International, qui a participé à 21 COP avant celle-ci.
« C’est trop grand, il y a trop d’informations en même temps, c’est Disneyworld!« , lance sa collègue Kirsten en chemin vers une réunion où ils devraient, cette fois, être à l’heure. C’est aussi le signe que davantage d’observateurs et d’ONG y participent. L’ONU Climat a accrédité 600 nouvelles ONG depuis l’an dernier. « On a commencé avec 50 personnes, désormais nous sommes 400 représentants des communautés indigènes à la COP« , se félicite Johnson Cerda. « A Copenhague en 2009, avec 25.000 personnes, on pensait que c’était beaucoup de gens. A Charm el-Cheickh l’an dernier, avec 50.000, on pensait encore que c’était beaucoup de gens! », s’amuse Dan Bondi. Ce vétéran des COP et membre de la délégation des Emirats arabes unis vante l’organisation émiratie, sans dire ce que tout le monde pense: l’événement est bien mieux organisé que la COP27 en Egypte l’an dernier, quand même l’eau vint à manquer. A Dubaï, il y a même du café en grande quantité, bien qu’à 20 dirhams (5 euros).
« C’était plus intime »
Au dernier pointage, dimanche 3 décembre à 17H00 (heure locale), 88.445 personnes avaient été accréditées par l’ONU. Avec 23.000 personnels techniques, administratifs et de sécurité, plus de 110.000 badges ont été attribués pour la « zone bleue », gérée par l’ONU. Environ la moitié des participants étaient physiquement présents dimanche (avec un pic à 14H00), montre au petit matin lundi sur un tableur Alexander Saier, le grand coordinateur média des COP à l’ONU, impassible face à l’extravagance croissante de ces conférences. Pourquoi cette inflation ? Alexander Saier énumère les raisons : « il n’y a jamais eu autant d’intérêt » pour le climat; Dubaï est très accessible; et le site de l’Expo universelle de 2020 est énorme, dit-il.
L’ONU fixe un chiffre maximal de participation en fonction de la taille du site. Il y a des quotas pour les ONG, les médias et les organisations professionnelles, mais pas pour les délégations officielles, qui sont les vraies responsables de l’inflation et peuvent inclure aussi des patrons: elles représentent désormais 61% des accrédités, plus de 50.000 personnes cette année. Des délégations nationales dépassent 500 personnes, voire plus de 1.000 pour la Chine et le Nigeria, plus de 3.000 pour le Brésil et 4.000 pour les Emirats. « C’était bien plus intime« , se remémore Alexander Saier, en évoquant avec nostalgie sa première COP, la numéro cinq, en 1999 dans la paisible ville allemande de Bonn, où siège l’organisation de l’ONU pour le climat. « La bulle était bien plus petite« .