(contenu abonné) Les restaurants et cafés ne peuvent plus proposer de pailles, sacs ou couverts en plastique depuis fin décembre au Canada, même si la bataille du gouvernement pour éliminer ces objets à usage unique n’est pas encore gagnée.
Au Canada, l’interdiction progressive de l’importation, de la fabrication et de la vente d’articles en plastique a été introduite l’année dernière dans le cadre de l’engagement pris par Ottawa de parvenir à zéro déchet plastique d’ici à 2030. Mais en novembre dernier, un tribunal canadien a annulé la réglementation classant certains produits en plastique comme toxiques après une plainte des producteurs canadiens de plastique. Le gouvernement a fait appel de cette décision, qui pourrait avoir des conséquences directes sur l’interdiction d’objets en plastique à usage unique. La réglementation est donc entrée en vigueur mercredi, en attendant que le sujet soit tranché. « Je trouve ça très bien que la loi oblige les commerçants à le faire. Je ne pense pas que tout le monde l’aurait fait d’emblée ou ça aurait pris beaucoup de temps », explique Charles Desgens, géomètre de 29 ans attablé dans un restaurant de Saint-Jean-sur-Richelieu, à 40 km de Montréal. « C’est plus simple parfois que ce soit jetable, mais le petit effort de plus, il en vaut la peine », renchérit sa compagne Hélène Boulanger, ingénieure.
Reste que certains commerçants ou restaurateurs estiment, comme Emile Doucet du restaurant Parma Deli de cette petite ville de 100.000 habitants qu’il n’est « pas encore très facile de trouver des alternatives ». « Les données scientifiques sont claires : la pollution plastique est omniprésente, et elle cause du tort à la faune et à l’environnement », avait rappelé en novembre Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement canadien. Selon Ottawa, chaque année, les Canadiens jettent trois millions de tonnes de déchets de plastique. Seulement 9% de ces déchets sont recyclés, ce qui signifie que la grande majorité se retrouve dans des sites d’enfouissement et qu’environ 29.000 tonnes de plastiques finissent dans notre environnement naturel. Le monde doit diminuer de moitié les plastiques à usage unique et adopter massivement le triptyque « réutilisation, recyclage et alternative » pour stopper cette pollution galopante, a estimé en mai dernier le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
En 2019, 353 millions de tonnes de déchets plastiques ont été produites dans le monde, dont 22% ont fini abandonnées, c’est-à-dire dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans la nature.