Cette innovation est issue de l’éthanol et non de pétrole fossile comme c’est le cas jusqu’à présent.Michelin a inauguré le 19 janvier à Bassens près de Bordeaux le premier démonstrateur industriel du monde permettant de produire du butadiène biosourcé, un intermédiaire chimique majeur entrant dans la fabrication du caoutchouc synthétique utilisé pour les pneus: il sera issu de l’éthanol et non de pétrole fossile comme jusqu’à présent. Ce démonstrateur, d’une capacité de production de 25 tonnes par an, est lancé avec les centres de recherche IFPEN Energies nouvelles et le groupe Axens, spécialisé dans la commercialisation de licences de procédés industriels portant sur des technologies de recyclage chimique des plastiques ou de solutions pour la conversion du pétrole et de la biomasse en carburants plus propres. Le projet baptisé biobutterfly et lancé en 2013, représente un investissement global de plus de 80 millions d’euros. Il a reçu une aide publique de 14,7 millions d’euros de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et un soutien financier également de la région Nouvelle Aquitaine et de la communauté urbaine de Bordeaux. Il a permis la création d’une vingtaine d’emplois sur le site Michelin de Bassens.L’éthanol utilisé peut être issu de déchets agricoles (maïs, betteraves) ou de biomasse de bois, et Michelin espère à l’avenir l’obtenir à partir du captage de CO2 industriel. « Pour Michelin, qui utilise actuellement du butadiène pétro-sourcé pour fabriquer ses caoutchoucs synthétiques, cette avancée constitue une formidable opportunité pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs d’intégration de 100% de matériaux renouvelables ou recyclés dans ses pneus à l’horizon 2050 », a déclaré Eric-Philippe Vinesse, directeur recherche et développement du groupe lors de l’inauguration. Michelin estime être actuellement à près de 30% de cet objectif, grâce à l’emploi d’hévéas (caoutchouc naturel), et prévoit de parvenir à 40% en 2030, en s’appuyant notamment sur une industrialisation de la production de butadiène biosourcé et la construction d’une usine une fois les essais du démonstrateur validés.Favorisant la fin de la dépendance de l’industrie des pneus vis-à-vis du pétrole, le butadiène biosourcé doit aussi concourir à la réduction des émissions de CO2 du groupe. Il doit permettre « d’économiser 1,6 tonne de CO2 par tonne de butadiène produit », estime Jean Sentenac, président directeur général d’Axens. Actuellement, la production d’une tonne de butadiène issu du pétrole émet « une à deux tonnes de CO2 », précise Christophe Moriceau, qui dirige la recherche avancée de Michelin. Le groupe s’est fixé pour objectif de « diviser par deux en 2030 ses émissions de CO2 (scope 1 et 2) par rapport à 2010 », a rappelé M. Vinesse.