Dans une volonté de décarboner l’économie, entreprises et investisseurs s’intéressent de plus en plus aux dividendes climat. Présentation de l’outil et de la méthodologie associée avec Fifteen, service de vélos en libre-service, et son actionnaire Via ID.
Par obligation ou par conviction, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à calculer leur bilan carbone ou à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais qu’en est-il de l’impact des soutiens financiers ? Investisseurs et entreprises peuvent désormais s’accorder grâce aux dividendes climat, une information extra-financière qui correspond à l’impact positif climatique d’une entreprise. « Le principe de l’outil dividendes climat, c’est d’avoir un protocole qui vient constater les émissions évitées, pour pouvoir ensuite les rétribuer à ses actionnaires, présente Léa Dégardin, directrice impact, affaires publiques et communication de Via ID. Les actionnaires ont de plus en plus besoin de cette information extra-financière car, au-delà de cette dernière, c’est vraiment le sens que nous mettons dans nos investissements qui sera certifié de façon quantifiable et reconnue. »
Calculer les émissions évitées
Depuis quatre ans, Via ID (corporate venture capital appartenant au groupe Mobivia, holding notamment de Norauto et Midas) réalise le bilan carbone de son portefeuille et mesure l’empreinte de ses 22 participations. Parmi elles, Fifteen, qui déploie des services de vélos partagés dans des villes du monde entier, de Paris à Lyon, en passant par Vancouver ou Lima. « A travers un bilan carbone, sont analysées les émissions générées ou les émissions induites dans le cadre des méthodes net zéro initiative. Ce qui est différent pour une entreprise qui, comme la nôtre, développe une activité par essence décarbonante… C’est pourquoi nous menons tout un travail pour essayer de prouver quelle est, justement, la quantité de carbone que nos vélos sont capables d’éviter », souligne Caroline Van Renterghem, directrice des affaires publiques de Fifteen.
Pour pouvoir mettre en avant les effets réels de sa solution, Fifteen mesure d’une part le report modal et d’autre part la démotorisation. « Ces deux éléments s’obtiennent uniquement en interrogeant nos usagers. Nous nous basons sur un scénario de référence et nous comparons les émissions générées avec ou sans l’utilisation de notre service. Nous estimons ainsi que nous pouvons éviter environ 2000 tonnes de CO2 par usager en termes de report modal, poursuit Caroline Van Renterghem. Nous sommes en train de réaliser un comparatif similaire sur la démotorisation. Nous n’avons pas encore de données exactes, mais il faut se dire qu’une personne qui renonce à l’achat d’une voiture, ce sont 6 800 tonnes de CO2 en moins, qui correspondent à l’impact de la fabrication d’une voiture moyenne selon l’Ademe. » Toutes les données récupérées seront mises en confrontation avec les émissions émises par Fifteen, sa solution n’étant pas neutre en carbone. Le résultat obtenu permettra de quantifier les dividendes climat.
Un dividende climat par tonne de CO2
Les dividendes climat ont été créés par l’association éponyme, elle-même le fruit d’un travail conjoint entre différents acteurs tels que l’Ademe, Team for the Planet ou la société d’investissement Mirova. Le rôle de l’’association Dividendes Climat est neutre : ce n’est pas elle qui va certifier les quantités d’émissions évitées annoncées par les entreprises. Ces dernières doivent faire appel à un organisme tiers indépendant et montrer qu’elles respectent la méthodologie et le protocole de mesure imposé par l’association. « C‘est uniquement au bout de ce processus-là que nous pourrons distribuer des dividendes climat à nos actionnaires en proportion de leur part du capital de Fifteen, annonce Caroline Van Renterghem. Si un investisseur possède 50 % de notre capital, il aura 50 % des dividendes climat. Sachant qu’un dividende climat égale une tonne de CO2 évité. » Fifteen espère reverser ses premiers dividendes climat à la fin de l’année 2024.