01/07/2024

Temps de lecture : 5 min

« Nous construisons un parcours résidentiel qui va de la crèche au cimetière », Olivier Colaisseau (maire de Chanteloup-en-Brie)

Avec l’appui de l’aménageur public, EpaMarne, la municipalité de Chanteloup-en-Brie (77), construit un parcours résidentiel spécifique qui veut assurer une offre, en termes de logements, « réellement adaptée aux besoins de la population » , explique le maire, Olivier Colaisseau.

Avec l’appui de l’aménageur public, EpaMarne, la municipalité de Chanteloup-en-Brie (77), construit un parcours résidentiel spécifique qui veut assurer une offre, en termes de logements, « réellement adaptée aux besoins de la population », explique le maire Olivier Colaisseau.

The Good : A quelles difficultés identifiées avez-vous souhaité répondre avec ce projet de parcours résidentiel ?

Olivier Colaisseau : Dans notre ville, il y a un vaste secteur pavillonnaire et un vaste secteur de logement sociaux. Ce qui veut dire que, pour habiter à Chanteloup-en-Brie, il n’y a que deux solutions : ou bien être éligible au logement social, et ce n’est pas le cas de tout le monde (il y a, en outre, trois ans d’attente…) ou être suffisamment aisé pour acquérir un pavillon, car le prix moyen est tout de même de 5000 euros le mètre carré. Il n’y a pas d’entre-deux. Or, Chanteloup est située dans un secteur très dynamique, à la fois sociologiquement et d’un point de vue urbanistique. Nous avons la chance d’avoir un développement démographique et urbain très fort et rapide. Il faut répondre aux besoins réels de cette population.

Et l’une de nos réalités est que la commune héberge beaucoup de familles avec des enfants et des adolescents. Ce qui veut dire que, prochainement, nous aurons beaucoup de jeunes adultes. Or, nous ne savons pas comment les faire décohabiter. La cohabitation des générations sous un même toit est un facteur de sécurité et de stabilité sociale, mais il faut que ce mode de vie soit choisi et pas subi

J’ai voulu faire un cycle qui va de la crèche au cimetière ; construire un parcours résidentiel complet pour que les logements à venir permettent d’accueillir toutes les catégories de populations.  Auparavant, Chanteloup se développait comme toutes les villes de la grande banlieue parisienne. Ce projet de parcours résidentiel est un élément essentiel de mon mandat de maire et j’ai été heureux de trouver le bon interlocuteur avec EpaMarne.

The Good : Vous avez mené un vrai travail d’urbaniste… Vous aviez les compétences en interne pour travailler sur ce sujet ?

Olivier Colaisseau : Lorsque l’on prend ses fonctions de maire, à la tête d’une commune de 4000 habitants, on comprend vite que l’on a peu de moyens à disposition. Et je ne parle pas uniquement de moyens financiers et humains, mais aussi de moyens en ingénierie, analyse et prospective. Les choses sont tellement techniques et complexes qu’il faut être épaulé pour mener à bien les projets que l’on a en tête. Notre chance à nous est d’être situés dans le secteur de l’aménageur d’Etat, EpaMarne, et d’avoir ainsi accès à énormément de cabinets d’études très spécialisés : les urbanistes, les écologues, etc.

The Good : Quelles études avez-vous sollicitées ?

Olivier Colaisseau : J’ai fait faire des études de programmation scolaire, de programmation de cimetière pour construire une ville qui continue d’être adaptée à la population sur les prochaines années. S’appuyer sur les ressources de l’aménageur public nous permet de faire des choses pointues sur des sujets d’actualité.

Nous travaillons sur un projet adapté aux familles monoparentales (soit un tiers des familles, comme dans toute la région parisienne) et pour les jeunes qui décohabitent. Il leur faut de petits logements avec suffisamment de services annexes pour qu’ils puissent se lancer dans la vie.

Il y aura aussi un programme pour les seniors encore actifs qui vivent dans de grandes maisons. Ils ne quittent pas leur maison, bien que l’entretien en soit trop lourd, car ils ne veulent pas se retrouver dans un logement exigu. Il faut imaginer des logements adaptés avec une belle pièce à vivre, une ouverture sur l’extérieur avec des balcons, des espaces sécurisés, un parc privatif. On en aura une vingtaine en 2027. Les seniors qui décideront d’y habiter auront un cadre de vie adapté et pourront remettre leurs maisons sur le marché pour accueillir des nouvelles familles.

The Good : Dans beaucoup de communes, les maires se crispent contre les aménageurs. Vous avez-donc préféré collaborer ?

Olivier Colaisseau : Mieux vaut travailler avec l’aménageur que de se battre contre lui. L’aménagement de l’est parisien a été décidé il y a cinquante ans. On ne peut pas aller contre la volonté de l’Etat et c’est tant mieux. En revanche, les élus doivent accompagner les projets, et je trouve qu’ils sont vraiment utiles pour concevoir une ville adaptée à ses habitants.

Nous, à Chanteloup, puisque nous sommes en croissance, nous avons la capacité d’orienter tout ce qui se fait pour l’adapter à la société telle qu’elle est et telle qu’elle sera. Nous avons fait des études sociologiques, démographiques, on a aussi fait travailler des économistes pour construire un parcours résidentiel cohérent. Et, dans le cadre de ce parcours, il faut une grande diversité de logements, mais c’est une chose difficile à produire en termes économiques. Nous y parvenons avec le soutien de l’aménageur.

Cela sous-entend la création de nouveaux logements, mais nous pouvons le faire car nous sommes une ville qui n’a pas fini son développement. Nous avons 400 logements à recevoir sur les dix prochaines années, jusqu’à ce que la ZAC du Chêne Saint-Fiacre soit achevée.

The Good : Quelles sont vos réalisations concrètes à date ?

Olivier Colaisseau :Tout prend énormément de temps. Les premiers programmes immobiliers n’en sont qu’à la validation ! Et la réalisation concrète de ce qui a été décidé ne se fera pas avant 2027.

Très vite, nous avons changé le plan guide de la ZAC ; un contrat cadre qui est passé entre la commune et l’aménageur pour fixer les idées. Un gros travail qui a duré un an et demi. Ensuite, il a fallu travailler au niveau micro, programme par programme, lot par lot, puis contractualiser et construire. Les premiers concours d’architectes viennent de s’achever. Les premiers coups de pioche seront donnés l’an prochain

En 2027, c’est un programme d’une centaine de logements qui sera livré pour des familles monoparentales. Pour qu’ils soient accessibles, ils seront plus petits. Mais pour assurer une bonne qualité de vie, nous avons mutualisé une partie des espaces. Un appartement est alors un endroit où l’on dort et où l’on mange et les parties communes des espaces de vie supplémentaire dont le coût est réparti. Les enfants peuvent jouer dans les parties communes, y faire leurs devoir, y organiser une fête d’anniversaire. Nous avons fait des zones de rangement/stockage extérieures et multiplié les petits trucs tout bêtes comme pour le linge où nous avons prévu une buanderie commune, des espaces où faire sécher le linge. Il y aura des espaces pour les enfants. Ce sont de petits T3 avec tout ce qu’il faut pour répondre aux besoins du quotidien.

The Good : Quel est le coût de ce parcours résidentiel pour la municipalité ?

Olivier Colaisseau : La mairie ne finance rien – l’aménageur public est propriétaire du foncier qu’il vend à des promoteurs qui vendent ensuite à des bailleurs sociaux ou à des particuliers.

The Good : Vous avez également évoqué le cimetière dans le parcours. Qu’avez-vous prévu à ce niveau-là ?

Olivier Colaisseau : Lorsque nous sommes arrivés, en 2020, il ne restait plus que deux concessions. Il y avait un petit terrain à côté que nous avons aménagé dans l’urgence en cimetière. J’ai pris le terrain, appelé tout le monde et annoncé que je faisais une extension en urgence …. Et que l’administratif sera fait plus tard. J’ai demandé une subvention au Département et nous l’avons reçu immédiatement, sans attendre la complétion des différents dossiers, afin de pouvoir avancer sans attendre. Si j’avais d’abord suivi les procédures, nous n’aurions pas réussi à avoir un cimetière aussi rapidement

Ce nouveau cimetière a été l’occasion de répondre aux besoins nouveaux en matière d’inhumation (crémation, caves-urnes, etc.)  En outre, le nouveau cimetière est complètement végétal. C’est la dernière demeure et il faut, là aussi, offrir aux « usagers » un plus grand nombre d’options.

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