Alors que le bon sens et l’urgence est de réécrire ces mythes dans le respect du Vivant. Mon invitation est à l’action collective, joyeuse et ludique -sans occulter la gravité de la situation-, pour expérimenter des alternatives. Il s’agit de construire ensemble une nouvelle manière de faire société, avec un projet collectif ancré dans de nouveaux récits.
Imaginer un nouveau monde
Pour créer un nouveau monde, nous devons d’abord l’imaginer. La Théorie du Donut de l’économiste Kate Raworth peut nous y aider. Ce modèle prend en compte les limites planétaires et les besoins sociaux de base. La question n’est pas de se demander s’il est trop tard ou non. Ca n’est pas binaire. La question est de savoir ce que nous pourrions sauver. Un mécanisme psychologique dénommé l’effet tunnel implique que plus nous avons peur, plus notre champ de vision se rétrécit. A l’inverse, plus notre imagination augmente, plus notre champ de vision s’ouvre et la peur diminue. Le régulateur de la peur le plus puissant est le lien humain. Plus nous avons d’alliés partageant un récit commun, plus nous nous sentons en lien, nous nous sentons forts, les possibles s’ouvrent et la peur diminue.
La puissance de l’imagination collaborative
L’écologiste et prospectiviste Rob Hopkins, dans son livre “ Et si ?”, souligne que notre potentiel à imaginer a décliné depuis les années 90, alors que nous en avons besoin plus que jamais pour faire face aux grands challenges de l’époque. Nous avons besoin d’exercer une intelligence collective et transverse pour :
1- Prendre conscience de ce qui se passe
2- Imaginer des solutions à la hauteur des enjeux
3- Expérimenter, faire advenir ces solutions
Des exemples de la puissance de l’imaginaire, pour le meilleur ou pour le pire
Le saviez-vous ? L’américain Edward Bernays, père de la propagande politique et d’entreprise, a utilisé les théories de son oncle, Sigmund Freud, pour poser les bases du marketing contemporain. En 1929, il réussit à inciter les femmes à fumer en associant la cigarette – symbole phallique – à la liberté, l’émancipation, en organisant un défilé médiatisé des “Torches de la liberté” avec des mannequins et stars de l’époque. Il transforme un tabou en tendance.
Des œuvres de la pop-culture, comme les séries télévisées, influencent aussi nos comportements : “Le jeu de la dame” a eu pour conséquence une explosion du jeu des échecs auprès de la gente féminine, et “Le bureau des légendes” a fait augmenter les candidatures pour entrer aux renseignements généraux. Selon certains experts, Barack Obama et Volodymyr Zelensky devraient en partie leur élection à des séries populaires comme “24H Chrono” ou “Le serviteur du peuple”.
Aujourd’hui, nous avons encore du mal à incarner ces nouveaux récits de société alternative malgré un travail colossal de prospective. Trois scénarios se dessinent : le business as usual, la technologie salvatrice et la sobriété. Les deux premiers scénarios ne font pas consensus des experts; seule la sobriété fait leur consensus. Il est crucial de montrer en quoi cette société plus sobre est réellement désirable, en plus d’être la seule menant à notre salut.
Vers un “Ecological Way of Life”
Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont su faire désirer un « American Way of Life ». Aujourd’hui, nous pouvons créer un « Ecological Way of Life », revisitant notre rapport à la “réussite” et au “bonheur”. Est-ce vraiment la consommation qui nous rend heureux ? Et si nous focalisions sur l’être plutôt que le paraître, les liens (à soi, aux autres, et à la nature) plutôt que les biens? Si nous valorisions le soin ? Je nous invite à sortir des dystopies décourageantes pour créer ensemble des utopies lucides.
Rejoignez ce grand voyage de l’imagination en action !