Etude Ipsos Global Trends réalisée dans 50 pays sur les tendances prospectives
Face à un contexte socio-économique tendu et la perception d’un avenir toujours plus incertain Ipsos Global Trends identifie et décode plusieurs grandes tendances mondiales exprimant les profonds changements d’attitudes et de valeurs des individus et leurs incidences pour les marques et les institutions.
Ipsos, dévoile les résultats de son étude « Ipsos Global Trends ». Pour cette édition décennale, Ipsos a réalisé plus de 50 000 interviews dans 50 pays. Face à un contexte socio-économique tendu et la perception d’un avenir toujours plus incertain Ipsos Global Trends identifie et décode plusieurs grandes tendances mondiales exprimant les profonds changements d’attitudes et de valeurs des individus et leurs incidences pour les marques et les institutions.
1/Un réflexe isolationniste de plus en plus prégnant
Dans le monde et particulièrement en France, le pessimisme se stabilise à des niveaux élevés : seulement 13% des Français se disent optimistes concernant l’avenir du monde et 21% concernant l’avenir de la France.
Les Français se montrent très largement critiques vis-à-vis des bénéfices de la mondialisation. Ils ne sont que 34% en 2024 à affirmer qu’elle leur est bénéfique (-6 points vs 2022). C’est le score le plus faible observé sur les 50 marchés étudiés (26 points d’écart avec la moyenne mondiale).
Ce qui alimente et renforce un sentiment de nostalgie en constante augmentation depuis 10 ans : 56% des individus dans le monde aimeraient que leur pays redevienne comme autrefois (+9 points par rapport à 2013), 56% en Europe (+10 points), 64% en France (+8 points).
Ce qui nourrit également un repli plus important des individus sur leur cercle immédiat. Dans le monde et avec une intensité particulièrement forte en France, les individus ont tendance à davantage désolidariser leur existence du destin commun : les Français sont ainsi de plus en plus nombreux à se montrer optimistes pour leur ville/village (47%, +17 points en 10 ans) ou pour eux et leurs famille (59%, + 10 points en 10 ans).
Une tendance à l’isolationnisme qui se traduit également par une volonté de s’extraire du rythme de la modernité : 65% des individus dans le monde aimeraient ralentir le rythme de leur vie (+11 points par rapport à 2013), 60% en Europe (+9 points), 62% en France (+16 points).
2/Un recentrage sur le bonheur immédiat en réaction à une perte de confiance en l’avenir et à un pacte social fragilisé
En France, la peur d’un abandon social a connu une très forte progression en seulement 2 ans : 76% des Français craignent que le gouvernement et les services publics ne fassent pas assez pour aider les gens dans les années à venir (+10 points par rapport à 2022). Une progression qui installe le pays de la protection sociale, au même niveau que la moyenne mondiale (75%, +1point vs. 2022) et Européenne (75%, +2 points vs. 2022).
Des inquiétudes pour demain qui limitent les projections et provoquent un hédonisme grandissant. Les Français sont ainsi 68% à estimer que « l’important est de profiter de l’instant présent et que demain se fera tout seul » vs 58% en 2013 (+10 points). Ce qui les situe au-dessus de la moyenne mondiale (61%, +11 points vs. 2013) et Européenne (59%, + 9 points vs. 2013). Une tendance à rejeter le « bonheur différé » pouvant se traduire par des résistances plus fortes aux notions d’efforts ou de sacrifices, demandés notamment dans la sphère du travail ou en matière d’environnement.
Des inquiétudes pour demain qui nourrissent aussi des mouvements de contestation de plus en plus intenses, notamment au sein des classes moyennes. Près d’1 Français sur 2 (46%) estime que le pays n’ira pas de l’avant sans révolution préalable.
3/ L’attente d’une action forte des gouvernements et acteurs économiques pour agir face à l’urgence climatique et sociale
Chaque année depuis 10 ans, agir devient de plus en plus urgent en matière d’environnement : ce sont près de 8 Français sur 10 (79%) qui affirment que nous courrons à la catastrophe climatique si nous ne changeons pas rapidement nos habitudes en 2024 (+4 points vs 2013). Une part également très élevée à l’échelle moyenne mondiale avec 77% (+5 points vs 2013) et 75% pour les Européens (+ 5 points vs 2013).
Sur la question environnementale, les individus ne se montrent pas fatalistes : ils sont une minorité à penser qu’il est « trop tard pour agir contre le réchauffement climatique » (34% dans le monde, 30% en Europe, 33% en France).
En revanche, une forme de désengagement individuel se dessine. 72% des individus dans le monde estiment faire déjà tout ce qu’ils peuvent en matière d’environnement, ils sont 69% en Europe. En France, cette affirmation se situe à 73% et connait de fortes disparités générationnelles : les 16-24 ans sont 57% à le penser, tandis que les 55-74 ans le sont à la hauteur de 86%.
Les chiffres de l’étude indiquent un besoin de leadership clair de la part des marques et des institutions pour permettre au collectif de crever le plafond de « vert ». Ainsi, une large majorité des sondés considère que l’’impact des entreprises sur l’environnement devrait être plus étroitement contrôlé par leur gouvernement avec 81% en moyenne mondiale, 79% des Français et 79% des Européens. De la même façon, une très grande part des répondants estime que les entreprises n’accordent pas assez d’attention à l’environnement : ils sont 80% de Français, 76% en moyenne mondiale et 75% d’Européens.
4/Nouvelles technologies : entre craintes et nécessité
L’accélération du développement des nouvelles technologies génère des inquiétudes fortes chez les Français. 62% craignent que les progrès technologiques ne détruisent leur vie en 2024 quand ils n’étaient que 43% en 2013 (+ 19 points). Des dynamiques semblables à l’échelle du monde (56%, +15 points) et de l’Europe (55%, + 20 points).
Cette inquiétude est notamment renforcée par l’accélération des intelligences artificielles. Surtout en France où seulement 36% des individus pensent que l’IA aura un impact positif sur le monde dans lequel nous vivons ; un chiffre qui monte à 57% au niveau mondial (écart de 21 points). De même, l’inquiétude sur les impacts des nouvelles technologies et des IA sur les emplois est vive. Seuls 30% des Français pensent qu’elles créeront davantage d’emplois qu’elles n’en détruiront contre 48% au niveau mondial (18 points d’écart).
Au-delà des projections et des représentations, les nouvelles technologies deviennent aussi pour certains l’objet d’un inconfort vécu au quotidien. Ainsi si 47% des Français s’estiment submergés par trop de choix dans la vie, ce chiffre monte à 60% et 63% chez les 16-24 ans et les 25-34 ans. De même, moins d’1 Français sur 3 (30%) estime que les réseaux sociaux ont un impact positif sur la vie des individus (54% au niveau mondial).
Si le retour à une vie sans internet n’est pas envisageable (68% des Français ne pourraient imaginer leur vie sans internet), une volonté de prendre du recul et de réguler son rapport aux nouvelles technologies voit le jour : 44% des Français affirment essayer de limiter l’utilisation de leur smartphone. Cette tendance à l’auto-régulation est encore plus marquée chez les 25-34 ans, avec 52% d’entre eux qui essaient de limiter l’usage de leur smartphone.
Une aspiration à limiter le recours systématique aux nouvelles technologies qui tend à être plus prononcée en France : seulement 53% des Français déclarent que nous avons besoin des technologies modernes car elles seules peuvent nous aider à résoudre les problèmes futurs. À l’échelle mondiale, cette proportion est nettement plus élevée, atteignant 71%, soit un écart de 18 points.
5/Une société divisée et des liens à renouer
Les Français font le constat d’une société Française divisée. Cela se traduit par une altérité perçue comme conflictuelle : 8 Français sur 10 (80%) estiment qu’il y a de plus en plus de conflits entre les personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs. Et par une défiance forte envers les acteurs économiques et institutionnels : en 2024, seuls 28% des Français disent faire confiance aux leaders d’entreprise pour dire la vérité. A noter toutefois une augmentation depuis 2019 de + 8 points.
Parce qu’il devient plus rare, le lien aux autres est perçu comme de plus en plus précieux. Un besoin de plus de moments partagés que la période des JO 2024 a notamment révélé. Ainsi, ce sont 65% des Français qui ont eu une image positive des JO de Paris 2024 (Sondage Ipsos pour le Parisien 12 août 2024).
Une majorité de Français se disent ainsi très fiers de leur pays (55%, + 5 points par rapport à 2019) et se prononcent en faveur d’un nouveau lien social, bénéfique à tous : 79% des Français (82% dans le monde, 79% en Europe) estiment que les entreprises ont le devoir de contribuer à la société et pas seulement de faire des profits ».
9 tendances mondiales
Fractures de la mondialisation 63 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Je suis très fier de mon pays ».
Fragmentation des sociétés 77 % des personnes interrogées dans 50 pays s’accordent à dire que « les grandes différences de revenus et de richesses sont néfastes pour la société ».
Convergence climatique 80 % des personnes interrogées dans 50 pays s’accordent à dire que « nous nous dirigeons vers un désastre environnemental si nous ne changeons pas rapidement nos habitudes ».
Dilemme technologique 71 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Nous avons besoin des technologies modernes car elles seules peuvent nous aider à résoudre les problèmes futurs ».
Santé consciencieuse 81 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Je dois faire plus pour m’occuper de mon bien-être mental ».
Refuge vers le monde d’avant 57% des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « J’aimerais que mon pays soit comme avant ».
Nouveau nihilisme 64% des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Je vis pour le moment présent car l’avenir est incertain ».
Pouvoir de la confiance 80 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Je suis plus enclin à faire confiance à un nouveau produit s’il est fabriqué par une marque que je connais déjà ».
Échappée individualiste 61% des personnes interrogées dans 50 pays sont d’accord : « Je me sens dépassé par les nombreux choix qui s’offrent à moi dans la vie ».
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