600 millions d’euros, tel est le chiffre d’affaires du marché français du vêtement professionnel. La moitié est attribuée aux EPI (équipements de protection individuelle), selon les données de ExoProtection. Alors forcément, dans ce marché aussi gigantesque, il est nécessaire de s’interroger sur la fin de vie des vêtements professionnels. Et même des textiles professionnels au sens large : draps et serviettes pour l’hôtellerie, nappes pour la restauration, maillots pour les clubs de sport, etc. C’est pourquoi la start-up Hedj s’est penchée sur la question et propose des solutions pour valoriser ces textiles quand ils arrivent en bout de course. Créée en 2020, elle officiait par le passé sous le nom de Second Sew et s’était spécialisée dans la confection de vêtements pour jeunes enfants à partir de draps, serviettes, nappes, rideaux, etc. Mais le pouvoir d’achat en berne des parents l’a obligée à revoir son business model et à pivoter, pour répondre à l’appel du pied du marché du textile professionnel. « Nous étions soutenus par différentes structures d’incubateurs qui nous ont notamment fait prendre conscience des besoins des entreprises pour gérer leurs déchets textiles, se souvient la fondatrice de Hedj, Camille Brun-Jeckel. D’autre part, des entreprises nous contactaient régulièrement : elles voulaient savoir si nous pouvions reprendre ou transformer leur stock de textiles. »
Les différents points d’entrée de la revalorisation textile
Autant de signaux que la jeune pousse ne peut ignorer, d’autant plus que les obligations légales incitent les entreprises à revoir leur copie. Après la loi Agec sur la gestion des déchets, à partir du 1er janvier 2025, les entreprises devront également se soumettre au décret 8 flux, imposant le tri à la source et la collecte séparée des déchets textiles. « Nous informons les entreprises quant à leurs obligations : pour certaines, cela sera le point de départ de leur démarche, intervient Camille Brun-Jeckel. D’autres seront soucieuses de leurs textiles pour répondre à une envie de mieux faire, voire d’améliorer leur marque employeur car les salariés aussi s’inquiètent de ce que deviennent les textiles usagés. »
Actuellement, Hedj compte environ 14 entreprises clientes de toute taille qu’il s’agisse de club sportif (comme le HBC Nantes, club de handball), d’ETI (comme la Semitan qui gère les transports en communs nantais) ou de grandes structures (comme La Poste ou Veolia). L’entreprise en récupère les textiles et, grâce à l’efficacité de la machine à coudre, les redistribue sous une forme plus utile, en fonction des spécificités métier. « L’objectif, c’est d’être en boucle fermée et d’inscrire l’économie circulaire au sein des process d’achat des entreprises, commente la fondatrice. C’est pour ça que nous travaillons souvent avec les salariés lors de sessions de brainstorming, pour recueillir leur avis : quel produit sera le plus utile à leur quotidien ? Par exemple, avec La Poste, nous avons échangé avec 16 facteurs ambassadeurs et nous en sommes arrivés à transformer leurs jeans et les chemisettes en sacoches pour qu’ils puissent mettre leurs effets personnels pendant les tournées… »
Un rapport d’impact
Et si le textile ne peut être réemployé ? Hedj envisagera d’autres modes exutoires. Un réseau de partenaires spécialisés dans la confection (notamment des centres d’insertion par l’emploi) se chargera de l’effilochage, de la transformation, du chiffonnage ou du recyclage. « Ce dernier reste très compliqué et très contraint, estime Camile Brun-Jeckel. Il se fait à partir de monomatière voire de monocouleur : dès qu’il y a un mélange, tout devient plus compliqué. D’où notre volonté de nous appuyer sur différentes alternatives pour mieux gérer l’ensemble des stocks de déchets textiles. » Enfin, Hedj propose à ses entreprises clientes de réaliser un rapport d’impact environnemental et social sur la base de données telles que le nombre de litres d’eau utilisée, la quantité d’énergie fossile, etc. Elle est ainsi en mesure de leur fournir un résultat qui correspond au pourcentage d’émissions de CO2 économisées, en comparaison à un produit neuf.
En résumé
Pour limiter le gaspillage, du côté du textile professionnel aussi, la tendance est à la seconde vie et à l’upcyling. Pour cela, la start-up Hedj se présente comme le partenaire de confiance. Son offre lui permet soit de recomposer de nouveaux produits à partir d’existants, soit d’orienter les articles les plus usagés vers de nouvelles filières de valorisation.