19/11/2024

Temps de lecture : 2 min

Conseils de Claire Tutenuit et Ken Guiltaux (EPE) pour que les entreprises agissent en faveur de la sobriété

Claire Tutenuit, déléguée générale d'Entreprises pour l'Environnement et Ken Guiltaux, responsable des pôles Climat et Achats d'Entreprises pour l'Environnement, prodiguent leurs conseils pour que les entreprises agissent en faveur de la sobriété.

Le contexte de crise énergétique, depuis la guerre en Ukraine, a vu pour la première fois des chefs d’entreprise appeler à la sobriété [1]. Le sixième rapport du GIEC a également invité à considérer cette voie parmi les différents leviers d’atténuation du changement climatique et pose directement la question aux entreprises d’un engagement plus systématique et de long terme en faveur de la sobriété.

Celle-ci présente l’intérêt d’éviter les effets rebonds inévitablement générés par l’amélioration de l’efficacité énergétique, ou plus largement les progrès techniques. Elle constitue ainsi le complément indispensable des transformations en cours (rénovation, électrification, etc.), pour à la fois accélérer les réductions d’émissions à court terme et faciliter l’atteinte de l’objectif de neutralité à long terme.

Il est important que la sobriété ne soit pas perçue comme à la seule charge des consommateurs – elle peut au contraire être organisée collectivement pour devenir structurelle :

  • elle se construit par des investissements dans des infrastructures à même de faciliter les comportements individuels sobres (isolation des bâtiments, écomobilité, ville compacte…) ;
  • son potentiel est lié à la mise en œuvre de cadres de vie collective par les pouvoirs publics. Ces cadres sont d’autant mieux acceptés que leur nécessité est largement expliquée, débattue et comprise. Certains commencent à être opérationnels (marché européen du carbone en cours d’extension, zéro artificialisation nette, etc.) mais restent à la fois insuffisants et peu populaires ;
  • la sobriété matérielle devrait être compatible avec une amélioration du confort des modes de vie, ces derniers se fondant moins sur l’achat de produits et plus sur des services ;
  • elle ne concerne pas seulement les comportements des consommateurs, mais l’ensemble de la société et du monde économique.

Les décisions des pouvoirs publics viendront favoriser et accompagner la conception et le déploiement de nouvelles solutions. En effet, si, dans le secteur privé, la sobriété reste, pour l’heure, essentiellement appréhendée au niveau des opérations (bâtiments tertiaires, mobilité professionnelle, eau des processus), de nombreuses expérimentations voient des entreprises développer une nouvelle définition de leurs métiers à travers un large éventail d’innovations (produit/service, chaîne de valeur, marchés, etc.), dans ce qui s’apparente à une approche plus ambitieuse de l’écoconception élargie à l’ensemble de l’activité.

De telles démarches peuvent conduire à de nouveaux avantages compétitifs et ainsi rester compatibles avec un objectif de croissance économique. D’une part, elles permettent de proposer des offres différenciantes, à un coût économique optimisé et anticipant l’évolution des marchés du carbone. D’autre part, elles contribuent à la résilience des activités, dans un contexte de raréfaction et de conflits d’usages autour de certaines ressources clés pour la transition écologique (matériaux rares, matières recyclables, biomasse, etc.) ou de limitation progressive de certaines ressources, telles que le plastique pour les usages non essentiels. Mais de telles transformations sont complexes à mettre en œuvre : comment organiser, collectivement et sur le temps long, le passage à l’échelle de la sobriété, dans les entreprises, leur écosystème et plus largement dans la société ?

Par différents travaux en cours (publication à venir sur les modèles d’affaires sobres, dialogue avec leurs parties prenantes sur la sobriété, élaboration de scénarios de projection de la sobriété avec l’école de design STRATE), les entreprises membres d’Entreprises pour l’Environnement apporteront prochainement de premières réponses concrètes pour accélérer cette transformation.

[1] Voir aussi Institut Veolia, « Les défis sociaux et économiques de la sobriété », 2024, https://www.youtube.com/watch?v=Up3-a2TG_zs

Claire Tutenuit, Déléguée générale d’Entreprises pour l’Environnement
Ken Guiltaux, Responsable des pôles Climat et Achats d’Entreprises pour l’Environnement

Allez plus loin avec The Good

The Good Newsletter

LES ABONNEMENTS THE GOOD

LES ÉVÉNEMENTS THE GOOD