La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a annoncé le 14 novembre dernier le lancement du dispositif des « crédits biodiversité » en France, destiné à mobiliser des investissements privés pour financer la sauvegarde de la nature. Ils s’inscrivent dans le cadre d’une initiative franco-britannique lancée en juin 2023, le Comité consultatif international sur les crédits de biodiversité (IAPB en anglais), qui réunit 25 experts de la finance, de l’entreprise, de la recherche, d’ONG ou de peuples autochtones.
La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a salué dans un communiqué « une avancée majeure pour la biodiversité, dans le sillage de l’ambition qu'[elle a] portée à Cali« . Techniquement, ce lancement, annoncé lors de la clôture du forum « biodiversité et économie » de l’Office français de la biodiversité (OFB), passe par la publication des textes réglementaires relatifs aux « Sites naturels de compensation, de restauration et de renaturation » (SNCRR).
Dans son discours, la ministre a insisté sur le besoin « urgent d’aligner les flux financiers internationaux avec les objectifs de préservation de la biodiversité à l’échelle mondiale ». « Pour parvenir à cet objectif, il faut mobiliser les fonds publics, mais il faut aussi trouver la façon de mobiliser des fonds privés d’où qu’ils viennent« , a-t-elle souligné, car « face au mur d’investissement qu’exige la transition écologique, les États ne pourront pas agir seuls« . « Nous n’avons pas, tout seuls, les moyens de changer le monde, c’est tous les financements qu’il faut aujourd’hui mobiliser, toute la finance internationale, toute la finance du développement, toute la finance climat », a-t-elle lancé.
Le SNCRR, dispositif « unique en Europe » selon le ministère, vise à encourager et valoriser des opérations de restauration de la biodiversité et contribue à « faciliter et accélérer les projets industriels ou agricoles dans les territoires, tout en simplifiant la renaturation d’espaces, au profit de la biodiversité« . Face aux nombreuses craintes de dérives des « crédits biodiversité », une feuille de route éthique, rédigée par l’IAPB, a été publiée lors de la COP16 à Cali. Car les scandales qui ont secoué les marchés de crédits carbone et la crainte que ces outils financiers servent aux entreprises à se laver les mains de leurs destructions de la nature pèsent sur leur essor.
Photo Ludovic MARIN / AFP