Avec un objectif ambitieux de 100 % du vignoble engagé en certification environnementale ou en agriculture biologique d’ici 2030 – déjà atteint à hauteur de 80 % – InterLoire franchit une étape supplémentaire avec.le réemploi des bouteilles. L’interprofession a rassemblé un consortium de 12 opérateurs, comprenant caves coopératives, domaines et négociants, afin de répondre à un appel à projets d’Adelphe-Citeo, pour lequel ils ont été retenus. L’objectif affiché est clair : réemployer 3 millions de bouteilles.
Innovations durables
A quelques kilomètres d’Angers, en plein cœur du Val de Loire, chaque viticulteur peut tester, chercher, adapter des solutions qui lui sont propres. Le domaine de la famille Denis a ainsi allégé ses bouteilles en verre. « Nous avons gagné 300 grammes par bouteille et optimisé toute notre logistique, notre transport, tout en réduisant notre impact« .
A quelques kilomètres de Nantes, dans le Muscadet, Arnaud Madec, responsable commercial du vignoble Gilbert Chon (70 hectares de vignes cultivées de manière responsable et raisonnée) a lui aussi commencé il y a plusieurs années par alléger ses bouteilles. « La bouteille représente 1/3 des émissions carbone du vin, explique-t-il. Mais nous avons aussi lancé en 2024 notre canette en alu, 100% recyclable pour les USA et la Suède. Et nous travaillons à l’abandon dès cette année de la capsule de surbouchage qui n’est pas indispensable« .
La nouveauté : plusieurs acteurs se tournent désormais vers la consigne et le réemploi des bouteilles en verre, c’est le nouveau challenge lancé par Interloire. Pour l’heure un consortium de 12 opérateurs (caves, vignobles, négociants) a répondu et remporté l’appel à projet Adelphe-Citeo et a pour ambition de réemployer 3 millions de bouteilles.
« Nous sommes la seule région viticole à avoir répondu de manière collective à cet appel à projet, poursuit Sophie Talbot. Notre impact n’en sera que plus important et nous espérons ainsi montrer l’exemple à d’autres régions et encourager le geste consommateurs, indispensable à la réussite de cette initiative« . La région travaille désormais sur les contraintes et problématiques de collecte des bouteilles, du lavage et de leur réacheminement chez les vignerons. Un défi de taille, mais le collectif devrait -une nouvelle fois- les y aider.
Une palette d’outils
En parallèle, Vincent Denis, vigneron responsable du vignoble Famille Denis, se demandait depuis près de trois ans comment calculer le bilan carbone de l’exploitation familiale de quelques 85 hectares de vignes cultivées en partie en AOC, IGP et agriculture raisonnée. « Aucun référentiel n’existait vraiment en viticulture, explique-t-il. Or comme toute activité nous consommons du carbone et nous souhaitions poursuivre nos efforts pour préserver notre environnement et pour diminuer notre empreinte carbone« . C’est l’interprofession Interloire qui va lui fournir cet outil précieux, Wine Pilot, et permettre à l’exploitant de calculer son impact pour pouvoir imaginer des solutions et des outils de décarbonation.
« J’ai intégré le programme proposé par Interloire à l’automne dernier, ajoute Vincent Denis. Nous avions déjà adopté depuis longtemps certaines mesures de « bon sens » pour adapter notre activité au changement climatique et aux épisodes plus fréquents et intenses de sécheresses, gelées tardives, pluies trop abondantes, etc. Nous pratiquons l’enherbement, la baisse des intrants, les couverts végétaux, les porte-greffes adaptés, etc. Ce nouvel outil proposé par la filière a l’avantage d’être accessible financièrement et d’être facile à mettre en œuvre. Il permet aussi une prise de conscience plus collective des mesures à mettre en place sur nos exploitations en fonction de notre bilan« .
Des solutions innovantes
Et Interloire ne propose pas seulement cet outil de calcul du bilan carbone aux vignerons. Loin de là. Depuis 2000, les Vins de Loire (3ème vignoble en France sur environ 66 000 hectares) font même figure de précurseurs dans l’adaptation au changement climatique et s’affichent parmi les pionniers dans l’adoption de nouvelles pratiques et mesures pour atténuer l’impact de leurs activités.
Tout a débuté avec la création d’une cartographie précise des terroirs dès l’an 2000. Puis par l’adoption d’un plan filière Loire 2030 dès 2019 suite aux États Généraux de l’alimentation (création de valeur, engagements économique, sociétal, environnemental et social). Via ce plan interfilière, l’ensemble des domaines et maisons des Vins de Loire se sont fixés comme objectif d’atteindre 100% des exploitations engagées soit en agriculture biologique, soit sous certification environnementale d’ici 2030.
Mais une kyrielle d’autres mesures et outils sont venus enrichir depuis ces engagements. Comme la création de la plateforme Atlas Agroclimatique qui permet aux vignerons de suivre et de prédire l’évolution du climat sur leurs parcelles d’ici 2050 et 2100 et d’anticiper les conséquences pour leurs vignes. Depuis 2018, la filière a aussi conduit des recherches et un programme pour créer des variétés de cépages et porte-greffes plus résistants et s’est dotée d’un conservatoire de la diversité génétique, mais a également investit plus de 600 000 euros dans la sélection et la plantation de nouveaux clones, porte-greffes et variétés résistantes.
Et l’outil Loire Météo a vu le jour. C’est une plateforme digitale qui permet aux domaines et maisons de suivre en temps réel les données météorologiques de leurs exploitations (à 10 jours). La plateforme en ligne E-Terroir offre quant à elle deux formes de cartographies des sols et du bilan hydrique, également indispensables pour s’adapter et anticiper les changements…
Tous mobilisés
« Nous avons le collectif chevillé au corps, souligne Sophie Talbot, directrice générale d’Interloire. Nous voulons avancer ensemble et embarquer tout le monde pour relever les défis du changement climatique, depuis les vignerons jusqu’à nos partenaires, caves coopératives, chercheurs, chambres d’agriculture, etc. Et nous voulons rester agiles : nous pouvons adapter ensemble notre plan et nos objectifs, les modifier et prendre en compte l’avis, les besoins et les retours d’expérience de chacun des 3000 acteurs concernés dans les Vins de Loire (2200 domaines, 310 négociants et 16 caves coopératives)« .
Aucune obligation ni sanctions en effet dans l’application et l’adoption des mesures et outils mis en place, chacun peut s’améliorer et progresser à son rythme. « Nous n’avons pas attendu Interloire pour nous engager dans l’agriculture biologique depuis 2008, puis pour aller plus loin dans la biodynamie et être labellisés Demeter, explique Xavier Amirault, responsable du domaine du Clos des Quarterons situé depuis plus de 200 ans à St Nicolas de Bourgueil. Mais nous démontrons au collectif que ces engagements sont réalisables, ne sont pas vains et qu’ils valorisent aussi notre travail et nos domaines, explique le vigneron. Chacun doit aller à son rythme et ne pas vouloir en faire trop et trop vite sans réfléchir. Ces initiatives conduites par l’interfilière sont fondamentales pour ne pas se sentir seul, savoir par où commencer pour faire mieux, se former et être accompagné« .