17/06/2024

Temps de lecture : 4 min

« A partir de septembre, nos seniors voyageront gratuitement dans toute la métropole de Nîmes », Claude de Girardi (Nîmes)

Au sein de la métropole de Nîmes, les bus, de plus en plus verts, ne sont pas que des moyens de transport. Ils veillent particulièrement sur les seniors de l’agglomération, explique Claude de Girardi, déléguée au transport routier de voyageurs urbain et périurbain au sein de la Métropole de Nîmes.

The Good : A partir de septembre, les seniors ne paieront donc plus le bus sur l’agglomération. Mais pourquoi leur offrir le transport, et pourquoi uniquement à eux ?

Claude de Girardi : Parce que les personnes âgées perdent leur autonomie lorsqu’elles ne peuvent plus conduire. Et, par manque de moyens, elles se déplacent souvent à pied, ce qui les limite beaucoup. Nombre de nos personnes âgées ont de faibles revenus. Nous allons voir si elles sont nombreuses à profiter de la gratuité. Nous savons que la mesure est attendue car nos administrés nous relancent régulièrement sur le sujet. C’est un engagement que nous avions pris lors des municipales.  

Offrir la gratuité à tous les usagers n’est pas un bon calcul en termes de développement durable car cela ne crée pas un report modal important de la voiture personnelle sur le bus. Il a été constaté que le report est fait par les piétons et les cyclistes surtout, qui saisissent l’opportunité. Mais les automobilistes ne sont même pas 3% à abandonner la voiture. 

De toute façon, la tarification est basse à Nîmes et le coût n’est pas un obstacle à la bascule de la voiture au transport en commun. Ce qui est incitatif est le niveau de desserte, les fréquences ; la facilité de se déplacer.  

The Good : Quand s’appliquera la gratuité et combien de personnes cela concernera-t-il ? 

Claude de Girardi : A partir de septembre prochain. Pour en bénéficier, il faudra avoir le « pass » senior qui sera donné (sur présentation d’une carte d’identité) aux plus de 70 ans, gratuitement, dans les agences commerciales du réseau, dès ce mois de juin.  

Nous n’avons pas de décompte précis du nombre de seniors résidants sur toute la métropole donc, nous ne mesurons pas précisément le coût de cette opération mais nous l’estimons à 300 000 euros environ, en termes de perte de recettes. Nous nous sommes basés sur la fréquentation habituelle, mais nous ne mesurons pas l’effet d’opportunité que pourra saisir la population concernée. 

La gratuité s’appliquera sur tout le réseau, sur toutes les dessertes des 39 communes de Nîmes Métropole.

The Good : Puisque vous dites que seule l’amélioration des dessertes peut inciter les automobilistes à délaisser leurs voitures, comment y travaillez-vous ?   

Claude de Girardi : Notre agglomération, qui représente 270 000 habitants répartis sur 39 communes, compte une centaine de lignes de bus (hors lignes scolaires) dont nous nous efforçons d’améliorer la desserte. A aujourd’hui, la ville centre concentre 70 à 75% des usagers des transports en commun et donc nous travaillons à mettre en place des sites propres et priorités de circulations pour rendre les transports plus rapides et plus fiables. Des investissements importants sont faits aussi pour rendre les bus plus propres et plus confortables. Fin 2025 l’ensemble des véhicules de Nîmes Métropole n’utiliseront plus de Diesel, ils seront soit BioGaz, soit électriques, soit en biocarburants.

Par ailleurs nous avons un territoire qui n’a pas une vraie continuité urbaine, donc l’enjeu est d‘améliorer notre maillage pour mieux desservir les communes hors la ville-centre.

Nous nous efforçons de créer des systèmes de transport qui, au-delà de l’aller-retour entre la ville centre et les communes périphériques, met en avant la notion de bourgs centres ; de gros villages qui sont des centres de vie avec des centres médicaux, des commerces, etc.

Notre action repose sur deux axes : améliorer les fréquences des lignes existantes et développer le service de transport à la demande zonale. Dans ce type de transport, le bus ne part que sur demande et ne suit pas une ligne définie : il prend les usagers à une heure donnée et les emmène à destination à l’heure où ils doivent y être. Il suffit de réserver 2 heures avant. C’est tricoté sur-mesure ! 

The Good : Pourriez-vous estimer, en termes de kilomètres, l’amélioration apportée au réseau depuis 2020 ? 

Claude de Girardi : C’est un million de kilomètres supplémentaire qui ont été ajoutés pour répondre aux enjeux d’amélioration de service et 11 kilomètres de sites propres qui ont été réalisés.

The Good : Ces aménagements sont certainement très onéreux… mais de combien parle-t-on depuis 2020 ?

Claude de Girardi : Cela correspond à un investissement de plus de 60 millions d’euros et, chaque année, Nîmes Métropole investit 20 millions d’euros pour la modernisation de son réseau.

Prenons l’exemple de la ligne T2 qui faisait auparavant le centre de Nîmes jusqu’à l’hôpital. Nous avons prolongé cette ligne, qui faisait 6 km, en septembre 2022 ; à l’est, vers Marguerite, et au sud de Nîmes pour aller à Caissargues. Cette ligne qui fait au total 14 km a coûté 120 millions. Aménager des couloirs de bus coûte très cher, surtout en milieu urbain, car il faut revoir complètement la voie, de façade à façade. 

Les prochaines opérations, entre aujourd’hui et 2025, consistent à créer une desserte en site propre pour les communes de la première couronne, comme pour la ligne T4 qui va de Caissargues au centre-ville, et se dirige ensuite vers Marguerittes. Cette ligne empreinte notamment l’infrastructure créée pour la ligne T1 qui relie le centre historique de Nîmes au Sud de la ville. Les travaux d’alors ont été particulièrement compliqués. Un projet de ligne T5 est aujourd’hui en cours de réalisation pour desservir les communes de l’ouest de l’agglomération.

The Good : Vous avez, en parallèle, entrepris de renouveler votre parc de bus. Pour quels types de motorisation avez-vous opté ?

Claude de Girardi : Avoir une flotte plus verte est une obligation règlementaire. Pour verdir notre parc de 240 véhicules nous avons établi, en 2020, un plan d’investissement sur plusieurs années auquel nous consacrons de 6 à 7 millions par an, cette année l’effort est multiplié et nous avons des investissements à hauteur de 15 millions.

Nous prenons des bus électriques, des bus biogaz et fonctionnant aux biocarburants. Pour limiter l’impact de notre réseau sur l’environnement notre stratégie est de produire au moins autant d’énergie que nous en consommons. Ainsi et par exemple, nous sommes, nous-même, producteur de biogaz dans le cadre du retraitement des eaux usées, ce qui permet de compenser la consommation de l’équivalent de 60 véhicules.

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