Régulièrement, Bayard Impact, cellule conseil du Groupe Bayard, décrypte pour The Good un enjeu sociétal du “S” de RSE.
Le phénomène est massif : onze millions de Français sont directement impliqués.
Il touche toutes les catégories sociales, à tous les âges de la vie.
Il pèse sur les comptes sociaux et le fonctionnement des entreprises, avec pour ces dernières un coût avoisinant les trente milliards d’euros par an.
Il impacte directement la qualité de vie privée et professionnelle des personnes concernées.
Et pourtant… Malgré son ampleur, l’implication de toutes celles et ceux qui aident leurs proches en situation de perte d’autonomie ou de handicap reste largement méconnue d’une grande partie de la population et encore à l’écart des grands débats de société.
A l’occasion de la 14e journée nationale des aidant.es, le 6 octobre dernier, le Collectif Je t’Aide* et le Club Landoy** réunissaient au Conseil économique, social et environnemental (CESE) – siège du Palais d’Iéna -, un panel d’associations et d’entreprises impliquées, mais également des experts, des aidants et le grand public pour témoigner, réfléchir et débattre du soutien à apporter aux aidants et d’une meilleure reconnaissance et prise en compte de leurs besoins dans notre société.
Des professionnels qui s’ignorent
« Je me suis senti extrêmement seul pendant ces années d’aidance. » En quelques mots, Vincent Valinducq, chroniqueur santé de Télématin et auteur du livre Je suis devenu le parent de mes parents :Aider les aidants***, résume le quotidien des aidants. Entre la difficulté à se reconnaître comme tel, la réticence à se faire aider, l’ « hypervigilance permanente » et l’épuisement à mener plusieurs vies en parallèle, les aidants sont propulsés dans un maelström qui les engloutit peu à peu.
En 2030, un actif sur quatre sera en situation d’aider un proche. Avec son cortège d’arrêts de travail, de démissions, d’absentéisme et de désinvestissement. Pour les entreprises et les branches professionnelles l’enjeu est de taille et les oblige à repenser de nouveaux types de relations avec les salariés intégrant cette notion d’aidance.
Comment repenser l’aidance ?
D’abord en lui donnant de la visibilité et en lui reconnaissant une forme de normalité, puisqu’avec le vieillissement de la population le phénomène de l’aide aux proches ne va que s’accentuer.
Ensuite, en toute transparence, en introduisant de la flexibilité horaire, de la mise à disposition d’informations pratiques, des temps de répit ou de disponibilité, en favorisant aussi le don de jours de congés et la pratique de la pair-aidance entre salariés dans la même situation.
Enfin en mettant en valeur les compétences précieuses que développent individuellement et au quotidien les aidants avec leurs proches comme les trésors déployés d’empathie, d’écoute, d’organisation et de coordination. Autant de compétences qui font la richesse des entreprises et sur lesquelles elles doivent investir et capitaliser.
La nécessité d’un nouveau contrat social
Un nouveau dialogue social sur le sujet de l’aidance ne peut être qu’extrêmement fédérateur et favoriser la fidélisation des salariés et la place des seniors. L’innovation sociale déjà mise en œuvre dans de grandes entreprises comme La Poste ou AXA, mais aussi dans des organismes ou associations du secteur de l’aide à domicile, fourmille de pistes à explorer pour améliorer le quotidien des aidants, les accompagner et les soutenir dans leurs démarches, leur offrir des plages de respiration et, plus généralement, les reconnaître dans leur rôle. Un rôle qui ne peut plus être ignoré, y compris pour ce qui touche à l’organisation et au financement de la protection sociale.
Pour une meilleure politique de l’aidance, comme le note la sémiologue Mariette Darrigrand qui interroge le mot (voir son analyse), il est temps de sortir de la seule vision aimante ou compassionnelle de l’aide fournie au quotidien par les aidants à leurs proches pour l’enrichir d’une réelle dimension technique, experte et qualitative dont la société toute entière ne peut que tirer profit en la reconnaissant alors à sa pleine et entière valeur.
Pour en savoir plus et (re)vivre le Grand temps fort de la JNA2023 :
- Accéder à la synthèse du Grand temps fort de la Journée Nationale des Aidant.es, coorganisé par le Club Landoy et le Collectif Je t’Aide.
- Voir la vidéo bilan.
- Lire les Actes reprenant l’ensemble des échanges de la conférence du Club Landoy, soutenue par AXA France.
- Enfin, une exposition photo a été créée par le Club Landoy dans le cadre de cet évènement. Prolongée, elle est encore visible à ce jour en accès libre sur les grilles du Conseil économique social et environnemental (CESE) – siège du Palais d’Iéna -, le long de l’Avenue Albert de Mun. Elle réunit le travail photographique de Lucas Frayssinet, Nadine Barbançon, et Audrey Guyon pour mettre en lumière le quotidien de ceux et celles qui aident et la nécessité de reconnaître leur importance en les aidant à ne pas négliger leur santé, physique comme mentale. Les quatre séries présentées illustrent ainsi l’impact de l’aidance sur le quotidien tout en soulignant la multiplicité des réalités et témoignent de la relation unique, entre soin et sollicitude, liant les aidants et les aidés, loin des clichés.
Le Club Landoy remercie le Collectif Je t’Aide, co-organisateur du Grand temps fort de la Journée Nationale des Aidant.es le 6 octobre 2023, à AXA France, soutien de la conférence du Club Landoy et de l’exposition, ainsi que l’OCIRP, La Croix, ViveS Média et Notre Temps, partenaires de la journée et de l’exposition.
* « Créé en 2015, le Collectif Je t’Aide est composé de 26 structures membres et a trois objectifs principaux : faire avancer les droits des aidant·e·s, les rendre plus visibles et transformer la société afin qu’elle agisse auprès des aidant·e·s. Pour cela, il mène des actions de plaidoyer et de communication telles que l’interpellation des candidat·e·s aux élections, la production de plaidoyers et d’études, l’organisation de campagnes de sensibilisation, du Prix Initiative Aidant·e·s et de la Journée Nationale des Aidant·e·s qui a lieu chaque 6 Octobre. »
** Créé à l’initiative de Bayard, le Club Landoy se dédie à la révolution démographique en cours. Avec les acteurs du monde économique et social, il cherche à dessiner les contours de ce nouvel âge de la vie. En effet, « le Club Landoy est un collectif d’acteurs publics et privés engagés, unis pour faire de la transition démographique un levier d’accélération de l’innovation sociale.
Il produit des réflexions et des travaux à la fois prospectifs et prédictifs. Rassemblant un collectif d’entreprises et de structures engagées, le Club Landoy ambitionne de faire émerger de nouvelles approches et des solutions innovantes afin de mener des actions concrètes pour le progrès social.
Les membres du Club Landoy veulent faire du vieillissement de la population (50 % de la population européenne aura plus de 45 ans en 2035) une chance civilisationnelle. Les 23 entreprises membres du Club Landoy sont : Action Logement, The Adecco Group, AG2R LA MONDIALE, Amundi, AXA, BNP Paribas, le Groupe Caisse des Dépôts, le Groupe Casino, Dassault Systèmes, DomusVi Group, EDF, Generali, KLESIA, le Groupe La Poste, Legrand, L’Oréal, Microsoft, l’OCIRP, Orange, Sanofi, VELUX France, le Groupe VYV, WTW. » Plus d’informations sur le site du Club Landoy et sur sa page LinkedIn. *** Editions Stock, septembre 2023, 240 p. ; 19,50 €