02/10/2023

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Angers se couvre de capteurs pour accélérer la transition écologique

(contenu abonné) A Angers, un centre de pilotage du "territoire intelligent" mouline les données de quelque 40.000 capteurs disséminés sur le territoire pour accélérer la transition écologique...
Toulouse

(contenu abonné) A Angers, un centre de pilotage du « territoire intelligent » mouline les données de quelque 40.000 capteurs disséminés sur le territoire pour accélérer la transition écologique.

Visualiser les îlots de chaleur urbains, anticiper les conséquences des crues, réduire les consommations d’énergie… A Angers, un centre de pilotage du « territoire intelligent » mouline les données de quelque 40.000 capteurs disséminés sur le territoire pour accélérer la transition écologique. Depuis 2020, Angers Loire Métropole (ALM) s’est engagée dans un projet de territoire dit « intelligent », doté d’une enveloppe de 178 millions d’euros sur douze ans pour répondre aux grands enjeux du moment – maîtrise des consommations d’énergie et d’eau, renaturation, congestion urbaine -, le tout grâce à l’outil numérique.

Dans un bâtiment du centre-ville, le responsable du centre de pilotage Guillaume Cesbron fait face à trois écrans d’ordinateurs et trois écrans muraux géants. C’est là que remontent en temps réel les milliers de données collectées dans les 29 communes de la communauté urbaine sur environ 667 km2. Ces données sont ensuite analysées et retranscrites sous forme de graphiques et cartes. A charge pour treize agents de la ville, présents 24 heures sur 24, de repérer les anomalies et donner l’alerte. « Avant les agents passaient beaucoup de temps sur des tâches répétitives et peu qualitatives. Aujourd’hui ils ont cet outil d’analyse et de calcul qui facilite la compréhension de ce qui se passe, et la prise de décision« , explique M. Cesbron devant des élus réunis à l’occasion du congrès de France urbaine, l’association des grandes villes et métropoles.

A l’écran, des pictogrammes alertent aussi bien sur l’absence de chauffage dans une école que sur un débordement d’eaux usées dans les milieux naturels. Et sur le terrain, les jardiniers sauront exactement quand arroser un arbre remarquable en état de stress hydrique grâce à des capteurs posés sur son tronc. « Nous avons accompagné cette démarche même s’il faut que les citoyens comprennent bien les bénéfices qu’ils pourront en tirer« , commente Silvia Tombini, conseillère municipale d’opposition, qui reste par ailleurs « vigilante » face aux cyberattaques, Angers ayant été prise pour cible en 2021.

Pas le « tout machine »

« On n’est pas là pour faire du gadget. Le territoire intelligent, quand c’est bien fait, ça ne se voit pas« , assure Constance Nebbula, vice-présidente de la communauté urbaine, chargée du projet. « Nous avons signé un contrat avec un groupement d’entreprises qui intègre des objectifs de résultats. S’ils ne sont pas atteints, cela peut entraîner des pénalités« , précise-t-elle. Parmi ces objectifs, Angers Loire Métropole vise une réduction de 66% de la consommation électrique de l’éclairage public, de 20% de la consommation énergétique de ses bâtiments et de 30% de sa consommation d’eau. Plusieurs expérimentations sont également menées. « Nous installons des sondes sur des points de collecte volontaires, comme du verre, pour mesurer le niveau de remplissage et optimiser la tournée des agents« , indique Jérôme Guiho, directeur général adjoint de la communauté urbaine.

A écouter les élus, les utilisations possibles de ce réservoir de données sont légion. « L’enjeu est de travailler sur la sobriété des bâtiments publics qui sont aux normes d’hier ou d’avant-hier mais qu’on ne peut pas tous rénover immédiatement« , rappelle Jacques-Olivier Martin, adjoint aux bâtiments à Angers, prenant l’exemple des 78 chaudières des écoles de la ville, « pilotables à distance ».

Plus globalement, le centre de pilotage vise à adapter le territoire aux phénomènes climatiques extrêmes. Les futurs aménagements urbains sont ainsi passés au crible de l’outil numérique de collecte des données, « l’hyperviseur ». « Sur un quartier déjà existant, nous avons joué sur plusieurs paramètres comme la végétation, l’inclinaison du bâtiment ou la couleur des matériaux, ce qui nous a permis de gagner 1,5 degré en période de forte chaleur« , explique Guillaume Cesbron, qui voit dans le dispositif un véritable outil d’aménagement du territoire. Un simulateur de crues a également permis d’identifier les bâtiments à risque, ce qui a conduit la ville à surélever les armoires électriques qui alimentaient tout un quartier et risquaient d’être inondées. « On n’est pas dans le « tout machine » mais dans un outil d’aide à la décision pour mieux coordonner l’action publique et s’adapter au changement climatique. L’humain reste au coeur du dispositif« , tient à rassurer M. Cesbron.

Hélène Duvigneau

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