Smala (anciennement Il Était Plusieurs Fois) a remporté l’argent de la catégorie “entreprise à mission de l’année” du Grand Prix de la Good Économie 2021. The Good a rencontré Aude Viaud, co-fondatrice de la plateforme de seconde main dédiée aux vêtements pour enfants.
The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Économie ?
Aude Viaud : Notre métier de la seconde main est naturellement dans le Good ! En participant au Grand Prix de la Good Économie cela a permis à notre entreprise Smala de s’affirmer et de faire connaître nos engagements pour encourager l’économie circulaire. En gagnant un prix en tant qu’entreprise à mission, nous avons pu affirmer davantage notre positionnement sur la seconde main au sein des acteurs de l’économie circulaire.
En gagnant un prix en tant qu’entreprise à mission, nous avons pu affirmer davantage notre positionnement sur la seconde main au sein des acteurs de l’économie circulaire.
TG : Quel projet avez-vous soumis ?
A.V : Nous faisions partie de la catégorie des entreprises à Mission et nous voulions démontrer notre engagement dans l’économie circulaire des vêtements pour enfants. Autour de notre Raison d’Être (Faire de la seconde main un réflexe), nous nous appuyons sur 4 piliers d’engagement que nous souhaitons valoriser :
- Jeter moins : dans une démarche d’éducation de nos consommateurs à encore mieux prendre soin de ses vêtements, les réparer.
- Produire moins et lutter contre le gaspillage vestimentaire en mettant en place un compteur écologique ( eau et co2) avec l’Ademe pour chaque client qui mesure l’impact positif de ses achats de seconde main.
- Habiller mieux en permettant d’habiller le plus grand nombre de personnes.
- Transmettre en éduquant le consommateur sur la fin de cycle de vie d’un produit
TG : Quel champ de l’Impact cela concerne (écologique/ social/ sociétal) ?
A.V : Sur l’impact environnemental, en plus de la mise en place du compteur écologique, nous créditons les montant des ventes des vêtements sur un porte-monnaie virtuel pour inciter à créer un cercle vertueux de rachat en seconde main. Pour limiter l’impact des colis nous envoyons un seul colis pour un achat groupé pour limiter l’impact transport. Nous avons deux sources d’approvisionnement prioritaires : les particuliers qui nous envoient leurs articles (minimum 15 pièces) dans un gros colis, notre réseau d’ambassadrices qui vont chez les particuliers sélectionner les articles dans les armoires en accord avec les parents vendeurs et créer un premier lien. Sur l’aspect sociétal nous sommes un peu à l’opposé de Vinted qui pousse à la surconsommation de la seconde main. Nous avons une démarche très forte dans la revalorisation de chaque produit. Chaque pièce de vêtement compte chez Smala. Nous avons dans ce sens une charte qualité pour garantir des vêtements de seconde main en excellent état. Nous souhaitons mettre cette qualité au cœur de toute l’expérience (vente, achat, site internet, packaging) avec un soin très particulier. Si certains produits ne correspondent pas à notre charte qualité mais sont en état d’être portés, ils sont donnés à des associations partenaires, sinon les vêtements sont recyclés. Il nous arrive de refuser certaines marques low cost avec des produits peu qualitatifs ayant une durée de vie faible.
TG : Quel est le chemin de transformation RSE que vous avez entrepris au sein de Smala ?
A.V : Smala existe depuis 5 ans et nous avons accompagné plutôt le chemin des mentalités de nos consommatrices. Il y a 5 ans on n’entendait pas beaucoup parler de la seconde main. Nous étions jeunes mamans et nous nous sommes rendues compte que les armoires de nos cousins et cousines étaient elles aussi pleines à craquer de vêtements d’enfants. Sur le Bon Coin, c’était de la friperie sans aucun contrôle de qualité et sans aucun plaisir à l’achat. Nous avons créé dans ce contexte Smala pour simplifier la démarche d’achat en seconde main en apportant de la qualité. Nos premières consommatrices au début venaient parce que c’était moins cher. Depuis la crise du Covid, le comportement des consommatrices a complètement changé, nous avions fait x10 sur nos commandes mais aussi avec une explosion dans l’arrivage des vêtements avec la prise de conscience écologique et l’envie de faire du tri et gagner de la place dans les logements en mars 2020. Depuis, le marché de la seconde main a explosé et dans nos enquêtes le premier levier n’est plus le prix mais désormais la démarche écologique. Notre expérience consommateur est fluide, facile dans l’achat ou les retours. Notre proposition très qualitative est idéale pour des parents à l’agenda bien chargé.
Depuis, le marché de la seconde main a explosé et dans nos enquêtes le premier levier n’est plus le prix mais désormais la démarche écologique.
TG : Quelle est votre stratégie d’impact ?
A.V : Notre action RSE se concentre sur l’animation de la communauté sur nos réseaux sociaux avec des plans de communication bien cadrés. Nous avons des programmes de sensibilisation réguliers (sur l’eau, l’impact du jean, des tutos très accessibles) avec une pédagogie simple et authentique et sans culpabilisation. Nous avons 3 zones principales, la région parisienne, la région nantaise, la région lyonnaise. Nous collectons partout en France. Nous allons élargir notre distribution qui était 100% digitale vers le retail physique (test corner aux Galeries Lafayette de Nantes et le début d’une opération chez Monoprix).
TG : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur ce chemin de transformation ?
A.V : Aucun système logistique et informatique sur la seconde main n’existait à l’époque pour gérer ces flux. Et nous avons dû tout créer et tout construire. Cela nous a demandé du temps. Le deuxième challenge était le sourcing de nos produits. Quand on est producteur, c’est très facile il suffit d’appuyer sur un bouton pour passer commande. Nous ne sommes jamais sûrs des quantités que nous pourrons récupérer chaque année. Enfin nous avons dû lutter fortement contre les freins de la seconde main et c’est dans ce sens que nous avons monté progressivement des programmes de sensibilisation.
TG : Quels sont les résultats que vous pouvez nous partager (CA, croissance, effectif) ?
A.V : Nous avons multiplié par 4 notre CA entre 2020 et 2021. Nous avons revendu 250 000 articles en 2021. 100 000 produits ont été donnés en 2021. Nous sommes passés de 12 à 36 salariés avec un fort recrutement en 2022. Et nous avons l’intention d’être certifiés B Corp dans les prochains mois.