20/03/2023

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Batteries usagées: au Costa Rica, une entreprise donne une nouvelle vie à leurs composants

(contenu abonné) Dans un monde à la recherche d'un modèle économique soucieux de l'environnement, des millions de piles et de batteries arrivent chaque année en fin de vie: au Costa Rica une entreprise

(contenu abonné) Dans un monde à la recherche d’un modèle économique soucieux de l’environnement, des millions de piles et de batteries arrivent chaque année en fin de vie : au Costa Rica une entreprise entreprend depuis six ans de donner une nouvelle vie aux métaux qui les composent.

Les piles et batteries au lithium sont partout: téléphones, ordinateurs portables, véhicules électriques, alimentation par panneaux photovoltaïques… autant de déchets qui mettront un demi-millier d’années à disparaître s’ils sont jetés. Mais, « nous savons aujourd’hui que les déchets n’existent pas, nous savons que ce sont des ressources qui peuvent resservir« , expose Guillermo Pereira, le directeur général de Fortech. Cette entreprise costaricienne se consacre depuis 27 ans au recyclage de produits technologiques, et depuis six ans au recyclage des piles et batteries au lithium. L’usine de Fortech à Cartago, à 27 km à l’est de San José, est présentée par son directeur technique Daniel Rivas comme une « mine urbaine », par opposition aux multinationales qui extraient le lithium des salines du Chili, de Bolivie, d’Australie, dans des conditions pas toujours respectueuses de l’environnement, des travailleurs ou des populations locales. Au Costa Rica, la loi interdit totalement l’extraction minière.

« C’est important de rompre les modèles tout faits« , assène Guillermo Pereira, 54 ans, qui a créé avec son fils Francisco, âgé de 25 ans, une méthode pour triturer les batteries usagées, et en extraire les métaux qui les composent pour en fabriquer de nouvelles. Selon l’Université allemande d’Aachen, en 2028, la quantité de batteries en fin de vie dépassera en Europe la capacité de recyclage. En 2038 c’est 1,4 million de tonnes de batteries qui seront à recycler, seulement pour l’Europe, prévoit l’Université allemande. Chaque année, 1.500 tonnes de piles et batteries arrivent actuellement en fin de vie pour le seul Costa Rica, souligne Francisco Pereira. Des centres de collecte sont mis à disposition des consommateurs dans les commerces, les magasins d’électronique ou chez les concessionnaires automobiles du pays et sont ensuite livrées à l’entreprise de recyclage.

« Pionnier en Amérique latine »

L’usine de Fortech « fait du Costa Rica un pionnier en Amérique latine en ce qui concerne la valorisation de batteries au lithium usagées« , relève l’agence allemande GIZ de coopération pour le développement, qui soutient l’entreprise. Placées sur un tapis roulant, les batteries s’engouffrent dans une machine qui va les triturer… et, à la sortie, les déchets passent au laboratoire où les métaux seront extraits et transformés en une poudre grise composée de cobalt, nickel, manganèse et lithium appelée « blackmass« . Autant de métaux « qui coûtent cher sur le marché: c’est donc important de les récupérer, d’autant que leur mode d’élimination habituel est à la source de pollution de l’environnement« , explique Henry Prado, un chimiste de l’entreprise.

Pour le moment, Fortech s’arrête là car l’entreprise ne dispose pas de la technologie pour raffiner et séparer les métaux composant la « blackmass« . Celle-ci est vendue à des usines en Europe qui vont achever le processus et fabriquer de nouvelles batteries. La tonne de « blackmass » coûte environ 8 000 dollars sur le marché international et ses composants entrent pour 57% dans la fabrication d’une batterie. Les 43% restants sont du cuivre, de l’aluminium, du plastique ou du fer, tous produits qui peuvent aussi être issus du recyclage de matériaux. Outre la production de nouvelles batteries, le recyclage permet d’éviter les dommages causés à l’environnement aussi bien par le rejet dans la nature des batteries usagées que par l’extraction minière, relève Henry Prado. Chaque tonne de lithium recyclée c’est seulement un quart du CO2 de ce qui serait émis par l’extraction minière de la même quantité, assure le chimiste. En outre, les usines de production consomment des millions de litres d’eau.

Le lithium, surnommé l' »or blanc » ou le « pétrole du XXIe siècle », a vu son prix exploser sur le marché international, passant de 5 700 dollars la tonne en novembre 2020 à 60 500 dollars en septembre 2022 en raison de la production croissante de véhicules électriques dans l’objectif de se libérer des hydrocarbures. « Les batteries qui arrivent au Costa Rica en provenance d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis (…) sont recyclées » et leurs composants sont renvoyés « par exemple en Europe pour la production de nouvelles batteries dans une logique d’économie circulaire« , fait valoir Claus Kruse, responsable de la coopération allemande dans le pays d’Amérique centrale.

Crédits photo : Photo by Ezequiel BECERRA / AFP

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