Beesk : Faire du Hors Norme la nouvelle norme de l’industrie alimentaire
En 2 ans et malgré la crise sanitaire, plus de 200 tonnes de produits alimentaires ont été sauvés et cuisinés : la start-up Beesk achète en direct aux producteurs et aux transformateurs français, les produits refusés par les circuits classiques et les redistribue aux chefs de la restauration. Un moyen pour ses partenaires de renforcer leurs engagements RSE en proposant une solution Anti-Gaspi clé en main via une offre complète et permanente de produits de qualité en circuit court. Rencontre avec ses deux co—dirigeant.e.s, Faustine Calvarin et Fabien Gastou.
En 2 ans et malgré la crise sanitaire, plus de 200 tonnes de produits alimentaires ont été sauvés et cuisinés : la start-up Beesk achète en direct aux producteurs et aux transformateurs français, les produits refusés par les circuits classiques et les redistribue aux chefs de la restauration. Un moyen pour ses partenaires de renforcer leurs engagements RSE en proposant une solution Anti-Gaspi clé en main via une offre complète et permanente de produits de qualité en circuit court. Rencontre avec ses deux co—dirigeant.e.s, Faustine Calvarin et Fabien Gastou.
The Good : Beesk est le 1er distributeur de produits alimentaires Hors Norme. Concrètement c’est quoi le Hors Norme et comment vous en emparez-vous ?
Faustine et Fabien : Le Hors Norme, c’est un produit alimentaire consommable écarté par le producteur, avant d’être commercialisé, pour une petite imperfection (forme, aspect, taille, poids). Nous avons créé le 1er réseau de distribution alimentaire BtoB avec une gamme complète composée de produits exclus par les circuits de distribution standards.
Nous rassemblons d’un côté des producteurs et des transformateurs de l’agroalimentaire français avec leurs produits « hors norme », et de l’autre des chefs de la restauration collective qui n’ont aucun souci pour faire des carottes râpées avec des carottes tordues ou un risotto avec une tomme de brebis avec une croûte fissurée.
Comme on dit chez nous : « Rien ne se perd, tout se cuisine ! »
The Good : Quel a été pour vous le point de bascule qui vous a poussé à lancer Beesk ? Aussi, 3 ans après votre lancement, quels résultats pouvez-vous communiquer ?
Faustine et Fabien : Un constat accablant mais une réalité terrain : on produit des aliments que l’on jette ! Dans nos expériences précédentes en industrie agro-alimentaire, nous avons constaté des écarts importants et réguliers sur des produits parfaitement consommables mais qui ne remplissaient pas les cahiers des charges (forme, poids, etc.), nous avons décidé d’agir et créer Beesk pour sauver ces produits avec la restauration collective et réduire le gaspillage.
Beesk aujourd’hui, c’est plus de 200 tonnes de denrées sauvées, l’équivalent de 300 000 repas. Une quarantaine de producteurs français contractualisés que nous accompagnons pour valoriser toute leur production.
Un réseau de chefs engagés qui cuisinent les produits hors norme dans des collèges, lycées, entreprises, ministères, armées, EHPAD, ESAT …
Une logistique adaptée, sur les régions Francilienne, Bordelaise et Lyonnaise, pour réceptionner, stocker puis préparer et livrer nos clients restaurateurs.
C’est aussi un chiffre d’affaires multiplié par 3 entre 2020 et 2021, dans un marché où le chiffre d’affaires de nos clients est divisé par 2 avec les fermetures de certains restaurants et le déploiement du télétravail qui a vidé les restaurants d’entreprise.
En 2022, nous projetons 1,5 million d’euros de CA et la poursuite de notre développement national.
The Good : 53% du gaspillage alimentaire en France a lieu en amont, au niveau de la production et de la transformation : Beesk répond concrètement à ce problème en actions à ce niveau. Comment ?
Faustine et Fabien : Beesk cherche à réduire le gaspillage alimentaire à la racine : plus tôt on prend en charge ces produits, plus on réduit leur impact environnemental. Nous avons donc créé le circuit court des produits alimentaires Hors Norme, du producteur au restaurateur pour réduire concrètement ce gaspillage. Par ailleurs, en valorisant auprès du producteur ces denrées, nous lui apportons un complément de revenus.
The Good : Quels sont les freins à une adoption plus globale du hors normes par les entreprises et collectivités ? Comment sensibiliser à l’importance de cette lutte ?
Faustine et Fabien : Les habitudes sont bien malheureusement ancrées. Nous sommes référencés chez les plus grands acteurs de la restauration collective (Ansamble, ELIOR, APIR RESTAURATION, MRS …) mais cela ne suffit pas, il faut que les chefs cuisiniers passent des commandes.
Par ailleurs, nous organisons des opérations d’information dans les restaurants pour expliquer aux brigades et aux convives ce qu’est un produit Hors Norme et le gaspillage alimentaire en amont de la filière. Nous proposons des supports de communication à nos clients et partenaires pour sensibiliser à ce sujet et faire comprendre l’urgence de la situation.
The Good : Selon-vous, quelles mesures les politiques publiques doivent suivre afin de réduire à plus grande échelle le gaspillage alimentaire et faire évoluer nos modes de consommation ?
Faustine et Fabien : La loi EGALIM, a pour objectif de réduire de 50%, le gaspillage d’ici 2025. Au-delà de renforcer les achats alimentaires avec 50% de produits plus durables, la loi devrait aussi intégrer la notion de réduction du gaspillage alimentaire en amont de la filière, au stade de la production et de la transformation.
Nous discutons actuellement avec l’ADEME et le ministère de l’Agriculture pour faire rentrer notre démarche officiellement dans le futur label ANTIGASPI national.
Nous travaillons également avec l’Institut National de l’Economie Circulaire (INEC) sur une clause permettant l’intégration des produits Hors Norme dans les marchés publics.
Paradoxalement, la crise nous a été bénéfique car nos clients ont pris le temps de réfléchir à ce qu’était une restauration durable : notre solution est alors devenue évidente et incontournable. L’évolution de nos modes de consommation s’est accélérée depuis 1 an.
The Good : D’ici 2022, Beesk ambitionne d’autres opérations de développement. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Faustine et Fabien : Beesk ambitionne un déploiement sur l’ensemble du territoire avant fin 2022. Nous serons capables d’approvisionner l’ensemble de la restauration collective en proposant des produits, en circuit court, non seulement ANTIGASPI, mais également LOCAUX en sourçant les producteurs au plus proche de nos plateformes logistiques et donc de nos clients.
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