(contenu abonné) Le Transport rural à la demande ou Trad a été imaginé en 2006 par la communauté de communes du Kreiz-Breizh pour favoriser la mobilité des moins de 16 ans. Voici pourquoi ce service est une réussite dix-sept ans après son lancement.
La mobilité est souvent l’une des grandes problématiques des zones hyper-rurales.
C’était aussi le cas pour la communauté de communes du Kreiz-Breizh, un territoire se situant à l’intersection des Côtes-d’Armor, du Finistère et du Morbihan.
Avec une moyenne de vingt habitants au kilomètre carré, l’accessibilité aux activités culturelles ressemblait à un parcours du combattant pour les jeunes de ces vingt-trois communes.
Il fallait impérativement trouver le moyen de favoriser l’accès aux animations artistiques et culturelles, pour ne pas en réserver l’accès à aux populations les mieux loties. La solution ? Le Transport rural à la demande : un service accessible pour cinquante centimes le trajet pour les jeunes du territoire.
« Nous avons une politique en faveur de la mobilité avec un transport souple à la demande qui favorise l’accès aux lieux de diffusion et d’apprentissage artistiques, explique Sandra Le Nouvel, présidente de la communauté de communes du Kreiz-Breizh depuis juillet 2020. Quand on lève le verrou de la mobilité avec une politique tarifaire incitative, on observe la levée de certains freins sur l’accès à l’apprentissage artistique et culturel ».
Les habitants du Kreiz-Breizh ont ainsi jusqu’à la veille au soir pour appeler la centrale de réservation pour demander une prise en charge par un transport qui vient au domicile du jeune pour l’emmener à destination.
« La communauté de communes conventionne avec les sociétés de taxis du territoire. Pour les moins de seize ans, ce dispositif coûte cinquante centimes. Pour cinquante centimes, les enfants du territoire peuvent aller de façon autonome à leurs activités. Ce qui ne contraint pas les familles à choisir entre le temps de travail et les activités des enfants. Les enfants qui partent de ce territoire ne pourront donc pas se dire qu’ils n’ont pas pu aller à leur cours de théâtre ou au cinéma à cause d’un problème de mobilité ».
Les résultats sont immédiatement visibles sur le terrain : la fréquentation de leur école de musique égale celle du conservatoire d’une grande ville.
Il faut aussi noter que la Trad n’est pas uniquement réservée aux jeunes, puisque les adultes peuvent également faire appel à ce service pour deux euros cinquante le trajet, ou un euro pour les usagers se rendant aux Restos du Cœur.
Le Trad rencontre un vif succès puisque ce sont plus de 200.000 trajets en taxi qui ont été effectués par les habitants de cette communauté de communes depuis 2006. Ce service représente cependant un fort investissement, autour de 250.000 euros par an.
« Mais c’est un enjeu important pour nous, assure Sandra le Nouvel. L’ensemble des acteurs qui ont des initiatives et qui proposent des animations dans le territoire se sentent rassurés, car la population va pouvoir venir grâce à ce service. Mais c’est aussi de l’argent qui est réinvesti dans l’économie locale, car nous conventionnons avec des sociétés de taxis du territoire. Cela participe à un écosystème plutôt positif ».