The Good : En 2024, vous avez équipé vos deux restaurants situés au Cannet (Alpes-Maritimes) de 200 panneaux photovoltaïques. Pourquoi cette initiative ?
Bruno Oger : Nous, les cuisiniers, nous avons sommes naturellement sensibles aux initiatives environnementales puisque nous veillons au choix de nos produits afin qu’ils soient bio, locaux, de saison, etc. Nous avons ainsi toujours été engagés, mais nous n’en avons que très peu parlé.
Les années passent et nous poursuivons cette logique-là. Vivant sur la Côte d’Azur, je me suis interrogé sur l’eau, pour anticiper d’éventuelles restrictions. C’est pour cela que la Villa Archange et le Bistrot des Anges sont entourés de gazon synthétique, avec des plantes grasses qui nécessitent moins d’arrosage.
Ensuite s’est posée la question des déchets bio : nous avons fait l’acquisition d’un déshydrateur pour passer d’environ 100 kg de déchets bio à 25 kg. Enfin, au vu de l’ensoleillement de la région, nous avions envie d’installer des panneaux photovoltaïques. Nous n’utilisons au quotidien que très peu de gaz : 90 % de notre activité est électrique. Mais c’est un investissement lourd, qui nécessite une réflexion à long terme.
The Good : Dans quelles conditions avez-vous pu déployer cette initiative ?
Bruno Oger : Pour commencer, puisque nous sommes situés dans un périmètre classé, nous avons dû recevoir l’aval des Architectes des Bâtiments de France. Nous leur avons même demandé conseil et ils ont été tout à fait favorables au projet. Ensemble, nous avons convenu de placer les panneaux photovoltaïques sur la structure déjà existante du parking.
Nous avons réalisé une première étape d’installation en février, où nous avons rapidement observé les économies d’électricité réalisées, puis la seconde en juin. Depuis cette dernière, nous avons consommé 96 000 kW, mais nous en avons produit plus de la moitié, 62 000 kW. Cela représente une économie d’environ 10 000 euros sur notre facture globale.En tout, ce projet a coûté 160 000 euros. Je pense avoir un retour sur investissement d’ici sept ans.
The Good : Vous consommez donc l’intégralité de l’électricité produite. Avez-vous changé certains process du restaurant pour bénéficier des meilleurs rendements de la production ?
Bruno Oger : Les jours d’ouverture du restaurant, nous consommons en effet la globalité de l’électricité générée. Les jours de repos, nous pouvons revendre jusqu’à 70 % de notre électricité, certaines de nos machines fonctionnant tous les jours, même la nuit.
Généralement, entre 15h et 17h, les panneaux solaires sont au pic de leur production. Nous en profitons alors pour réaliser les tâches les plus énergivores comme le nettoyage de nos fours, ce qu’auparavant nous faisions la nuit. De même, j’ai pu installer une climatisation dans les cuisines, pour un meilleur confort des collaborateurs, alimentée grâce à l’énergie solaire. Au final, nous avons changé notre façon de penser et nous restons très vigilants quant à la gestion de notre énergie.
The Good : Les clients sont-ils informés de votre démarche, de votre engagement même ?
Bruno Oger : Nous les informons à travers nos newsletters. Le retour est bien sûr très positif ! Les clients ont souvent beaucoup de questions sur les panneaux photovoltaïques et nous prenons plaisir à y répondre. Nous, acteurs de la haute gastronomie, nous nous devons d’être exemplaires, jusque sur les sujets environnementaux.