(contenu abonné) L’entreprise familiale française de cosmétiques créée à Paris en 1954 par Jacques Courtin-Clarins poursuit son exigence de responsabilité sociétale en visant la certification BCorp en 2024. Explications avec Guillaume Lascourrèges, directeur du Développement Responsable du Groupe Clarins.
The Good : Depuis quand le groupe Clarins est-il engagé sur les différents sujets RSE ?
Guillaume Lascourrèges : Le groupe Clarins n’est pas coté en bourse, ce qui l’exclu du formalisme de certaines obligations réglementaires en matière de RSE. Néanmoins, notre entreprise familiale a toujours portée en elle de véritables convictions environnementales, sociales et sociétales. D’une part parce que nos produits de soins sont issus directement de la Nature, d’autre part parce que nous avons toujours été à l’écoute des femmes qui sont une de nos parties prenantes majeures. Nous sommes particulièrement actifs sur plusieurs domaines et en accélération depuis une quinzaine d’années. Actuellement, nous suivons notre feuille de route RSE 2020-2025 baptisée « Clarins We Care », élaborée sous l’impulsion de Virginie Courtin-Clarins, directrice générale du groupe et petite-fille du fondateur de Clarins. Inscrite dans nos statuts, notre raison d’être est : « rendre la vie plus belle, transmettre un monde plus beau ». Et pour aller plus loin nous sommes par ailleurs en processus de labellisation BCorpque nous espérons obtenir en 2024.
The Good : Pouvez-vous nous citer quelques actions RSE du groupe ?
Guillaume Lascourrèges : Côté gouvernance, nous avons instauré un comité Développement responsable pour réunir le Comex chaque mois et demi dans le but de débattre et de voter de nouveaux projets RSE. Les sujets RSE incarnent la vision stratégique du groupe. Nous sommes vigilants aux KPIs RSE aussi bien sur le volet environnemental et sur le volet sociétal. Côté empreinte carbone, nous réalisons chaque année un bilan de nos émissions C02 sur les trois scopes. Plusieurs engagements en découlent : le recours global aux énergies renouvelables tant pour l’électricité ou le biogaz, pas plus de 2% du volume total de nos produits est acheminé par voies aériennes, nous avons noué une relation de confiance et de transparence avec nos fournisseurs qui au fil des années a permis de mettre en œuvre une plateforme utilisant la blockchain nommée « Trust » pour informer nos consommateurs des détails concernant la provenance des matières premières. 70% de nos actifs viennent de France et d’Europe. Pour les autres actifs, nous avons développé 23 filières en commerce équitable, comme à Madagascar ou au Sénégal. 64% de nos plantes de notre catalogue sont bio (avec un objectif 80% en 2025), toutes respectent un cahier des charges exigeants quant à la qualité et la « bonne santé » des sols, dont le but est aussi de protéger la santé des agriculteurs, c’est une volonté de stimuler des activités régénératrices. Plus récemment, le 14 juin dernier, nous avons posé la première pierre de notre nouvelle usine de Sainte-Savine (10). En complément de celui de Pontoise (95), ce deuxième site de production du groupe renforce la capacité de production de Clarins qui met un point d’honneur à fabriquer ses produits en France et en circuits-courts. Cette usine sera fonctionnelle à l’automne 2024 et sera pleinement engagée pour continuer la décarbonation et économiser les ressources.
The Good : Qu’est-ce qui est le plus compliqué à développer en matière de RSE chez Clarins ?
Guillaume Lascourrèges : Adopter des logiques d’économie circulaire n’est pas chose facile dans notre domaine. Les recharges par exemple nécessitent des hauts standards d’hygiène en boutique comme à domicile pour garantir la bonne qualité de nos produits. Nous avons développé cinq prototypes successifs de recharges de nos Eaux de soins dont l’Eau dynamisante en boutique. L’opération est plus simple car ce produit contient de l’alcool et garantit donc implicitement une sécurité élevée du fait de sa capacité à éviter la prolifération des bactéries. Nous sommes d’ailleurs à l’origine des recharges de parfums Mugler en 1992… De la même manière sur les emballages plastiques nous n’utilisons que trois matières facilement recyclables pour nos packagings or il est encore compliqué aujourd’hui d’avoir des chaines de tri performantes partout dans le monde pour assurer un futur accès à des matières 100% recyclée de qualité, c’est aussi le cas pour le verre recyclé.