Tout le monde en parle, tout le monde s’y met, tout le monde la questionne : comment expliquer la bipolarité de Clubhouse entre extrême popularité et vives critiques ? Une plateforme comme celle-ci est-elle selon vous durable ? Quelles opportunités cette plateforme représente-elle pour les marques et influenceurs en termes de Good ? Réflexion matinale sur ces questions en vrac avec Guillaume Doki-Thonon, CEO & co-fondateur de Reech.
Premier point et pas des moindres, Clubhouse cultive un entre-soi pas franchement good. Comme beaucoup l’on soulevé dans la presse, la plateforme n’est pour le moment disponible que sur IPhone et on ne peut rejoindre le réseau que sur Invitation d’un membre, d’où le fait que Clubhouse est souvent présentée comme un réseau qui cultive un certain « entre-soi ». Pourtant, ce réseau séduit. Pourquoi ? “Ce réseau social participatif et porté sur la voix s’inscrit dans l’air du temps à la fois parce que ces formats plaisent, en témoigne par exemple le succès du podcast, mais aussi car le contexte sanitaire engendre un manque d’interactions sociales. Dans ce contexte Clubhouse permet de renouer avec les réunions, les débats, les conférences en bref : les temps forts socio-professionnels”, explique Guillaume Doki-Thonon. Un réseau qui fait sens donc et pourrait bien subsister, à quelques conditions, à la fois structurelles et conjoncturelles.
“Pour l’instant, Clubhouse semble susciter l’enthousiasme justement parce que les utilisateurs sont actifs et l’audience assurément intéressée, contrairement à d’autres réseaux sociaux où les prises de paroles sont parfois parasitées par l’intervention de faux profils ou de « trolls », poursuit Guillaume Doki-Thonon. “Je m’interroge sur une potentielle ouverture de l’app à tous : présentera-t-elle alors toujours autant d’intérêt pour ses utilisateurs ?”
Dans un contexte de crise qui se prolonge, la plateforme arrive en grand sauveur d’un monde entrepreneurial et social en mal de nouveauté et de divertissement adapté. “Volonté ou détournement d’usage, Clubhouse se présente comme le nouveau lieu d’expression des dirigeants des entreprises, qui en font la promotion de manière indirecte”. Une manière de multiplier ses points d’ancrage sur le digital et d’imposer ses valeurs en toute subtilité.
“Pour les marques, il pourrait par exemple être intéressant de sponsoriser des rooms, d’animer des débats réguliers sur des sujets qui leur sont chers”, songe Guillaume Doki-Thonon. Si d’un côté les marques peuvent donc étoffer le spectre de leur influence, les entrepreneurs eux aussi ont de quoi étoffer leur réseau -d’influence comme de contacts.
Et en matière de Good, la réponse est une question de bon sens. “La génération actuelle a besoin de réassurance quant aux valeurs et à l’engagement des marques. Qui peut mieux leur apporter que les dirigeants ? On l’observe avec de grands patrons comme Michel-Edouard Leclerc ou Xavier Niel qui prennent la parole régulièrement, et depuis des années, sur leur entreprise. Pratique qui est presque devenue coutume pour les patrons de DNVB. Les dirigeants de ce type d’entreprises multiplient les prises de parole et se rendent visibles parce que cela permet de travailler la préférence de marque, sa marque employeur et surtout : parce que c’est ce que les gens attendent”, conclut Guillaume Doki-Thonon.