(contenu abonné) Soucieuse d’améliorer la diversité et l’inclusion en interne, la filiale française de Colgate-Palmolive multiplie les efforts en faveur des collaborateurs en situation de handicap. Parmi ses enjeux : améliorer la connaissance des handicaps, libérer la parole et accorder les mêmes chances à tous.
Imaginez un grand cube. Ou plutôt un « Handicube ». Il contient des « expériences » pour simuler un handicap visuel ou auditif (comme des lunettes qui recréent certaines formes de malvoyance, par exemple). A l’origine : l’association Premiers de Cordée qui déplace son Handicube d’entreprise en entreprise pour sensibiliser les équipes au handicap. Les 350 collaborateurs du siège français de Colgate-Palmolive, basé à Colombes dans les Hauts-de-Seine, l’ont découvert lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), qui s’est tenue en novembre 2022. Mais cette initiative n’est qu’une petite pierre à l’édifice que veut construire Colgate-Palmolive. « En France, la loi Handicap fixe un objectif de 6 % des collaborateurs sous RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), rappelle Caroline Brucker, responsable RSE France et Benelux du groupe Colgate-Palmolive. En 2020, nous nous sommes rendu compte que nous étions très en retard sur ces 6 %. Nous étions plutôt aux alentours de 1,5 %. Dans un souci d’impact social, mais aussi de diversité, d’éthique et d’inclusion, le comité de direction a donc décidé de créer la Mission Handicaps… avec un S, pour refléter toute la diversité des handicaps. »
Mieux connaitre les pathologies
Six volontaires forment ainsi la Mission Handicaps. « Ils sont dotés de profils très différents, à la fois en termes de personnalité que de parcours professionnel ; certains sont même en situation de handicap. Mais tous témoignent d’une sensibilité, via leur histoire personnelle, au sujet », glisse Caroline Brucker. Les membres de la commission ont été formés durant une demi-journée par des experts de l’Agefiph. L’institution fournit aussi de nombreuses informations concrètes sur les pathologies et les différentes formes de handicaps. « Nous diffusons ensuite leur contenu en interne, mentionne Caroline Brucker. Cela a été le cas durant la SEEPH, où nous avons envoyé chaque jour une newsletter consacrée à un handicap, notamment invisible. Par exemple, nous avons abordé les effets secondaires du cancer… » L’ensemble des 60 managers de la filiale ont également reçu une formation spécifique, afin de savoir comment se comporter, comment accompagner une personne en situation de handicap. « La priorité est la sensibilisation de tous les collaborateurs. D’autant plus que certains peuvent être éligibles au statut RQTH mais ils ne le savent pas. D’autres ne veulent pas faire les démarches car ils ont des craintes », partage Caroline Brucker. Les premiers efforts se sont révélés payants car en 2021, l’entreprise a réussi à convaincre trois collaborateurs à faire reconnaître leur handicap. Suivis par trois autres salariés en 2022. Colgate-Palmolive France atteint ainsi la moyenne nationale actuelle de 3 % d’employés en situation de handicap.
Bientôt, des jours aidants
La plus grosse partie du défi reste le recrutement, malgré des annonces qui mentionnent l’aspect « handi-accueillant » de l’entreprise, une présence à Cap Emploi 92 (spécialisé dans l’accompagnement des travailleurs handicapés) et des partenariats comme celui avec l’association Droit comme un H (qui aide les étudiants en droit à faire reconnaitre leur statut RQTH pour mieux les intégrer dans la vie professionnelle). « Un frein important vient de la personne elle-même qui doit accepter son handicap et accepter d’en parler », ajoute Caroline Brucker. Cependant, le handicap peut aussi s’immiscer dans une vie, en concernant un proche. C’est pourquoi Colgate-Palmolive propose le remplacement des jours enfants malades (12 par année) en jours aidants. Ce système sera mis en place dès début 2023.